Le French Fab Tour à Deauville : cap sur le 4.0

Le coq bleu entame son voyage en Normandie. Objectif : donner envie aux futurs talents de rejoindre les filières industrielles tricolores, en pleine transformation. Dans cette région prospèrent en effet de nombreuses entreprises à la pointe de l’innovation. Illustration avec Schneider Electric, qui a converti son site du Vaudreuil en une véritable vitrine de l’industrie du futur.
(Crédits : Schneider Electric)

Le French Fab Tour d'été pose ses valises sur les plages de la Côte fleurie. Sa quinzième destination : Deauville, où l'étendard de l'industrie française présente au public, comme à chaque étape, la richesse des métiers industriels, en pleine mutation, afin de susciter des vocations et attirer les jeunes talents. « Avant, quand un enfant travaillait mal à l'école, on lui disait qu'il finirait à l'usine. Et maintenant, c'est plutôt 'si tu travailles bien, tu iras à l'usine 4.0 ! », s'est exclamé Patrice Bégay, directeur exécutif et directeur de la communication de Bpifrance, en préparant l'inauguration du village des partenaires de la « fab ». « Deauville est une ville d'expérimentation, notamment sur le numérique. Nous avons été la première communauté de communes en France à installer la fibre dans toutes les municipalités, y compris rurales », a pour sa part rappelé le maire de Deauville, Philippe Augier. « Le monde change fondamentalement et nous devons créer les conditions de ce changement. Le French Fab Tour s'inscrit dans cette anticipation », a estimé l'élu de la prestigieuse station balnéaire normande.

Région industrielle de premier plan, la Normandie abrite un éventail de filières industrielles à la pointe de l'innovation. Le traditionnel secteur agro-alimentaire, bien sûr, mais aussi l'industrie pétrolière, l'aéronautique, le luxe, les cosmétiques (le pôle de compétitivité Cosmetic Valley dispose ainsi d'une antenne à Caen), sans oublier l'automobile : l'usine Renault de Cléon a été saluée cette année par le Forum économique mondial comme usine référente 4.0. Un an plus tôt, c'est Schneider Electric qui avait reçu cette même distinction pour son site du Vaudreuil, dans l'Eure. Une véritable vitrine de l'usine du futur, où le champion français des équipements électriques a déployé un ensemble de nouvelles technologies.

La 4è révolution industrielle

Capteurs, cobots, intelligence artificielle, maintenance prédictive, data analytics, IoT, réalité augmentée... sont autant de nouveaux outils qui signent l'entrée de l'industrie dans la quatrième révolution industrielle. Une industrie nouvelle, dynamique et ambitieuse, avec laquelle les visiteurs du French Fab Tour ont pu se familiariser grâce à une immersion virtuelle dans l'usine Schneider Electric, au Vaudreuil, également labellisée « vitrine du futur » par l'Alliance de l'industrie du futur. Pour l'occasion, le groupe propose une expérience immersive qui permet, via un casque de réalité virtuelle, de comprendre comment un industriel peut gérer diverses problématiques en utilisant des solutions 4.0.

L'apport de ces technologies ? Réduire, par exemple, le temps de recherche d'une panne, en fournissant aux opérateurs des informations techniques grâce à la vidéo, des tutoriels et de la documentation, ou accompagner la formation des collaborateurs avec des explications sur l'utilisation des machines. Autre technologie, les data analytics, pour « extraire de la valeur des informations qui sont sur place et ainsi permettre aux opérateurs, aux managers et aux directeurs de sites de prendre la bonne décision au bon moment et améliorer ainsi leur efficacité opérationnelle », explique Marc Malaquin, directeur marketing industrie France de Schneider Electric. Quant aux robots, ils sont utilisés sur des lignes de production où les humains effectuent des gestes répétitifs, leur permettant ainsi de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée.

Un fort engouement des PMI françaises pour le 4.0

En plus du site du Vaudreuil, déjà transformé, une dizaine d'usines de Schneider Electric en France ont d'ores et déjà pris le chemin du 4.0. « En Europe, 200 usines vont être embarquées dans le 4.0 d'ici 2021-22. Nous en avons déjà une quarantaine qui sont engagées dans la démarche », détaille Marc Malaquin. En outre, le groupe, qui accompagne les industriels dans leur transformation digitale, accueille ses clients sur le site du Vaudreuil pour leur présenter les avantages de l'industrie du futur. « Depuis un an, près de 4000 clients sont venus sur place », indique le responsable. Autant dire que les industriels hexagonaux s'apprêtent à entrer de plain-pied dans l'usine du futur. Si, dans ce domaine, ils accusent encore un certain retard par rapport aux industriels italiens et allemands, « nous sentons un fort engouement des industriels [en France] depuis deux ans. Nous sommes de plus en plus sollicités, surtout par des Petites et Moyennes Entreprises Industrielles (PMI) », pour les accompagner dans leur transformation, confie-t-il.

Enfin, 4.0 rime avec nouvelles compétences. « Nous commençons à avoir besoin d'ingénieurs capables de gérer aussi bien l'IT que l'outil classique de l'industrie. Avec la robotique, les architectures d'automatismes, la gestion des réseaux, de la data, du cloud, la nécessité d'avoir des spécialistes capables de faire le lien entre ces deux mondes se fera de plus en plus sentir », analyse Marc Malaquin.

C'est tout l'enjeu de ce French Fab Tour d'été : présenter aux jeunes et à leurs familles la diversité et la modernité des métiers industriels, en pleine évolution. Une mission que le coq français poursuivra sur le littoral normand, en leur donnant rendez-vous le samedi 10 août à Dieppe.

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L'industrie, c'est tout un art !

« La French Touch, c'est l'excellence industrielle et l'ouverture culturelle »

Alexis de Gemini

Trois questions à : Louis-Alexis de Gemini, CEO de Deezer France

1 - Qu'est-ce vous a amené à participer au French Fab Tour d'été ?

Deezer est à la fois une licorne, l'un des rares acteurs français à avoir une visibilité mondiale dans le digital et une pépite de la French Tech. Et nous considérons, avec Patrice Bégay, que la French Tech fait partie intégrante de la French Fab. Deezer offre un bon mélange de technologie, d'innovation et de musique, avec des équipes d'ingénieurs, de développeurs, de créateurs de contenus. Certes, nous avons des usines différentes des usines classiques, mais nous sommes bien des industriels. Et nous sommes heureux d'amener notre identité et notre culture au French Fab Tour. D'autant que dans l'industrie, le digital fait partie des métiers très recherchés par les jeunes aujourd'hui. Nous sommes très fiers de porter les couleurs de la France dans le monde des nouvelles technologies et de la culture, domaine dans lequel les Français ont des choses à dire et à revendiquer. Nous soutenons la création et lorsque la technologie se met au service de la création, c'est assez génial ! La culture, mais aussi l'innovation et l'ingénierie, c'est ça la France, et c'est assez rare dans le monde !

2 - Quelle forme prend votre participation au French Fab Tour d'été ?

Nous amenons du divertissement pour que les jeunes soient heureux de venir sur le campus afin de rencontrer Deezer et les autres partenaires de ce Tour d'été. Ils viennent apprendre et découvrir. Nous organisons ainsi des blind tests et du karaoké dans les différentes étapes de cette tournée - le concept de tournée correspondant d'ailleurs parfaitement à la culture de la musique.

3 - Comment avez-vous réussi à vous démarquer, dans un contexte mondial très concurrentiel ?

La première chose qui nous différencie, c'est le fait d'être une entreprise française : nous ne travaillons pas de la même façon que nos concurrents anglo-saxons. D'autant qu'en France, nous bénéficions d'un savoir-faire inégalé en ce qui concerne nos ingénieurs. Nous sommes les champions de l'innovation technologique et nous avons des talents que le monde nous envie - et que nos concurrents cherchent à débaucher, tant la qualité de nos équipes est grande ! Notre deuxième atout, c'est une culture française bien spécifique, qui met par exemple en avant la musique locale, que nous accompagnons. Nous avons d'ailleurs développé cette culture dans tous les pays où nous sommes présents. Ainsi, en Allemagne, nous soutenons les talents allemands et au Brésil, les talents brésiliens. Nous nous voulons le plus local des acteurs du streaming mondial. Ce n'est pas du tout l'approche universelle, voire hégémonique, qu'ont les Anglo-Saxons...

Enfin, nous nous singularisons par la French Touch. La French Touch, c'est l'excellence industrielle et l'ouverture culturelle. Non seulement nous avons le plus gros catalogue de musique au monde, avec 53 millions de chansons accessibles pour nos utilisateurs, mais l'interface graphique de l'application - très réussie - est différente de celle de nos concurrents et nous offrons les paroles, qui peuvent être lues tout en écoutant la chanson. C'est un confort d'écoute et une expérience supplémentaires. Sans oublier les outils de recommandation et de découverte qui nous sont spécifiques. Ainsi, nous avons des playlists réalisées par des humains et non des algorithmes. L'humain est au coeur de Deezer. Nous avons également un algorithme de recommandation, Flow, qui propose des musiques connues ou inconnues des utilisateurs, et nous sommes les seuls sur le marché à disposer de cette fonctionnalité. Et bien sûr, nous innovons en permanence ! Nous venons par exemple de lancer SongCatcher, sur le concept de Shazam, qui permet d'identifier un titre que l'on entend autour de soi et de le mettre ensuite directement dans sa playlist. Nous essayons vraiment de proposer des choses uniques, à la fois en termes d'expérience utilisateur et de plaisir à se servir de l'application.

Le résultat de tous ces efforts, c'est que nous avons 14 millions d'utilisateurs actifs dans le monde. Deezer est accessible dans 183 pays, avec une vingtaine de marchés très forts, où nous avons des bureaux, des équipes et des curations locales, comme à Berlin, Londres, Miami ou Rio de Janeiro. Nous venons également d'ouvrir un bureau à Dubaï et nous allons nous déployer dans de nouveaux pays du Moyen-Orient à partir de cette base, ainsi qu'en Afrique du Nord et au Proche-Orient.

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