Industrie : un investissement en R&D hyperconcentré

La forte concentration des investissement dans les logiciels, les brevets, les droits de propriété intellectuelle suggère "que la numérisation du tissu industriel n’en est qu’à ses débuts et que l’effort d’investissement immatériel doit s’étendre à plus d’entreprises" souligne la Fabrique de l'industrie.
Grégoire Normand
(Crédits : Sipa)

Selon la dernières note de la Fabrique de l'industrie publiée ce mardi 3 décembre, les grandes entreprises et les entreprises de taille intermédiaire (ETI) concentrent 80% de l'investissement immatériel du secteur manufacturier en France. Cet investissement correspond entre autres aux brevets, logiciels et à la recherche et développement. Les travaux du groupe de réflexion révèlent également que seulement 15% des entreprises présentent un investissement immatériel chaque année et que 40% de cet investissement est réalisé par les grandes entreprises.

Alors que l'industrie 4.0 devient un enjeu majeur pour l'économie européenne, la majorité du tissu industriel français n'a pas encore pris le pas de cette transition. "La transformation du tissu industriel vers l'industrie 4.0 n'en est encore qu'à ses débuts et que l'effort d'investissement immatériel doit s'étendre à plus d'entreprises" explique les auteurs du document. Ces résultats mettent en évidence l'écart toujours persistant de la démographie d'entreprises en France entre les grands groupes et les petites et moyennes entreprises.

Intensité immatérielle par taille d'entreprises

intensité immatérielle

L'intensité immatérielle correspond à l'investissement immatériel rapporté au capital matériel.

Une hyperconcentration sur trois secteurs

Les trois secteurs qui restent plus actifs en matière d'investissement immatériel concernent les équipements électroniques avec la fabrication de produits informatiques, électroniques, l'industrie automobile et les matériels de transport et enfin la fabrication de machines et équipements. Ces trois domaines qui concentraient le quart de la valeur ajoutée en 2015, représente environ 60% de l'investissement immatériel.

À l'inverse, les trois secteurs les moins dynamiques sont la cokéfaction et le raffinage, l'industrie du papier, carton, bois et imprimerie et enfin l'industrie agroalimentaire. Sur l'ensemble des secteurs étudiés, la fabrication de textiles, cuir et chaussures est celui qui a connu la plus forte hausse en matière d'investissement immatériel entre 2000 et 2016. En revanche, le domaine des équipements informatiques, électroniques est le seul à avoir connu une diminution de l'investissement immatériel.

Une surestimation de l'investissement

L'autre enseignement de l'étude est que l'effort d'investissement des entreprises françaises a tendance à être surestimé. Cette surévaluation serait de l'ordre de 6 à 8 milliards d'euros. En comparaison internationale, il apparaît que le taux d'investissement dans les logiciels et bases de données du secteur manufacturier français correspond à 6,3% de la valeur ajoutée en 2017 contre 1% en Allemagne. Une telle différence s'explique en grande partie par des méthodes divergentes dans la comptabilité nationale.

En France, ces sommes sont traitées comme des dépenses immobilisées alors que dans la plupart des pays européens, ces investissements sont appréhendés comme des consommations intermédiaires. Outre cette différence de traitement, les économistes soulignent néanmoins un réel effort des entreprises françaises dans les dépenses informatiques."Rapportées à la valeur ajoutée manufacturière, ces dépenses informatiques demeurent élevées en France (6,7 % en 2014) et en Suède" précisent les experts. "Les dépenses informatiques du secteur manufacturier français dépassent en 2014 de 3 points de valeur ajoutée celles des entreprises allemandes et de 0,4 point celles des entreprises suédoises. C'est un écart notable".

Robotique : la France à la traîne

Malgré les appels à investir dans la robotique, la France reste à la traîne en termes d'équipements robotiques. Selon de récents chiffres de la fédération internationale de robotique, l'économie tricolore accuse un sérieux retard avec 157 robots pour 10.000 salariés contre 322 pour 10.000 en Allemagne.

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Si l'industrie française présente une densité plus importante que la moyenne mondiale (85 pour 10.000), elle est bien à la traîne par rapport à ses voisins européens. La Suède (240 pour 10.000), le Danemark (230 pour 10.000), l'Italie (190 pour 10.000) ou l'Espagne (157 pour 10.000) présentent des densités bien supérieures

Grégoire Normand
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