Finie l'offre à 100 euros contre les données personnelles. Suite à une polémique relayée par la presse, le site chinois d'e-commerce Temu a retiré en France et au Royaume-Uni sa dernière campagne de promotion. L'entreprise proposait à ses clients d'exploiter à vie leurs données personnelles en échange d'argent et de bons d'achat. La campagne avait été lancée en Angleterre la semaine dernière et venait à peine de démarrer en France.
Retrait « temporaire » de l'offre à 100 euros
Le groupe chinois a défendu samedi que « le programme a connu un grand succès en France, avec de nombreux clients satisfaits » mais explique avoir décidé de le supprimer « temporairement ». La raison ? Des « malentendus sur l'étendue de (son) utilisation des informations client », précise-t-il dans un message adressé à l'AFP, confirmant une information du Parisien. L'entreprise ajoute qu'elle n'utilisait que les noms d'utilisateurs et les photos de profil des clients participants.
Le programme de parrainage subit le même sort au Royaume-Uni, où la société justifie cette fois la suspension par « l'optimisation en fonction des retours des clients ». « Nous nous engageons à apporter des améliorations pour garantir la clarté et une expérience encore meilleure pour tous », explique-t-elle à l'AFP, en plus de promettre, « nous ne vendons pas et ne vendrons pas de données clients. »
En Angleterre, l'offre Cash Reward demandait pourtant aux clients, comme le relève Numerama, de donner leur consentement pour « l'utilisation et la publication par [Temu] de la photo, du nom, de l'image, de la voix, des opinions, des déclarations, des informations biographiques et/ou de la ville natale et du pays à des fins promotionnelles ou publicitaires dans tous les médias du monde entier, connus ou développés ultérieurement, à perpétuité, sans autre examen, notification, paiement ou contrepartie. »
Temu face au mur du RGPD
Malgré les tentatives de Temu de minimiser les raisons du retrait de l'offre, elle mettait la société face à un véritable risque juridique avec à la clé une potentielle amende. Comme le rappelle la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) à l'AFP, le RGPD (Règlement général sur la protection des données, ndlr) et la loi Informatique et Libertés reconnaissent aux personnes des droits sur leurs données (droit d'accès, de rectification et d'opposition notamment), auxquels ces dernières ne peuvent pas renoncer, sous aucune condition. « La vente de données supposerait que les personnes renoncent à ces droits », précise le gendarme des données. La Cnil précise cependant ne pas avoir reçu à ce jour de plaintes visant l'application Temu.
Elle indique par ailleurs que les applications mobiles sont au cœur de son plan stratégique 2022-2024 et qu'il prévoit de publier une recommandation afin de clarifier les obligations des acteurs de cet écosystème. Lancée en 2022, l'application Temu a connu une croissance météorique, portée par ses prix très bas pour des articles allant de l'habillement aux cosmétiques, en passant par les bijoux. Elle vise notamment les ménages les plus modestes, avec l'illusion de pouvoir « acheter comme un milliardaire », comme le promeut son slogan.