L'économie française résiste au second trimestre

Par Grégoire Normand  |   |  723  mots
L'enquête de conjoncture de la Banque de France pour avril fait apparaître une baisse d'un point de l'indicateur du climat des affaires dans l'industrie, à 99. Il repasse ainsi sous le seuil de 100 pour la première fois depuis janvier. (Crédits : Benoit Tessier)
La croissance économique française devrait atteindre 0,3% au deuxième trimestre, soit un niveau similaire à celui des trois premiers mois de 2019, selon une première estimation dévoilée lundi par la Banque de France.

C'est un soulagement pour le gouvernement. Selon les dernières prévisions de la Banque de France publiées ce lundi 13 mai, la croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait atteindre 0,3% au second trimestre. Cette estimation est conforme aux dernières prévisions réalisées pour le premier trimestre par la Banque de France. Elle est en revanche légèrement inférieure aux projections de l'institut national des statistiques et des études économiques (Insee) publiées le 19 mars dernier (0,4% pour le second trimestre).

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Rebond dans les services

Le maintien de l'activité dans l'économie française est largement imputable au dynamisme des services marchands. D'après l'enquête menée par l'institution bancaire, les chefs d'entreprise anticipent une hausse de l'activité en mai. Si l'activité générale croît modérément, les services techniques, la publicité, l'édition et l'informatique sont les plus dynamiques. Dans le tertiaire, l'indice du climat des affaires s'établit à 100 au mois d'avril après 101 en mars. Au niveau de l'emploi, l'intérim est "atone", mais les dirigeants signalent une hausse des effectifs par rapport à mars.

Dans le bâtiment, le tableau est moins favorable. L'activité du secteur marque le pas, plus spécifiquement dans le gros oeuvre. Malgré ce coup de frein, "les carnets de commandes se maintiennent à un haut niveau, et les prix des devis augmentent". Pour le mois de mai, les dirigeants interrogés prévoient une activité plus dynamique par rapport à avril.

Du côté de l'industrie, la production a ralenti au mois dernier.

"Elle est dynamique dans la pharmacie et les équipements électriques, mais recule dans l'automobile et le caoutchouc-plastique", expliquent les économistes.

L'activité n'a cessé de reculer entre février et avril, mais devrait retrouver des couleurs au mois de mai. La transition entre décembre et janvier a été particulièrement difficile sur le plan de la production d'après les chiffres communiqués par la banque de France.

Une croissance dopée au pouvoir d'achat

Les dernières projections de l'Insee montrent que l'économie française est largement dopée par la consommation et le pouvoir d'achat des Français. Les dépenses de consommation des ménages devraient rebondir durant les deux premiers trimestres (0,5% et 0,4%) après un dernier trimestre 2018 très morose (0% au T4 2018). Les mesures d'urgence économiques et sociales en faveur des revenus modestes annoncées par le président Emmanuel Macron en fin d'année sont venues soutenir le porte-monnaie des foyers ayant une forte propension à consommer. La revalorisation et l'élargissement de la prime d'activité, l'annulation de la hausse de la contribution sociale générale (CSG) pour les retraités ayant des revenus inférieurs à 2.000 euros, la désocialisation et la défiscalisation des heures supplémentaires conjuguée à une dynamique des salaires ont commencé à doper le pouvoir d'achat d'un nombre de ménages modestes.

Dans ses dernières prévisions économiques, l'Observatoires français des conjonctures économiques (OFCE) rappelait en détail que l'économie "serait tirée par la forte augmentation du pouvoir d'achat (+2,5 %), soutenue par les mesures socio-fiscales redistribuant aux ménages près de 12 milliards d'euros sur l'année (+0,8 point de revenu disponible brut)".

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Des prévisions de croissance en baisse pour 2019

Malgré un maintien du rythme d'activité entre le premier et le second trimestre selon la dernière note de la Banque de France, les perspectives pour 2019 sont plus sombres. En effet, la Commission européenne a abaissé ses prévisions de croissance pour 2019 la semaine dernière dans une note. Le PIB devrait passer de 1,5% en 2018 à 1,3% en 2019 contre 1,7% et 1,6% à l'automne dernier.

Dans le document consacré à la France, l'institution basée à Bruxelles explique si la demande intérieure va soutenir l'économie, "un déclin prolongé des carnets de commandes à l'international pourrait se traduire par un ralentissement plus profond des investissements d'entreprises et des exportations".

Les économistes de la Commission prévoient que "les investissements d'entreprise devraient ralentir, mais se maintenir à un niveau relativement dynamique, comme les enquêtes peuvent le montrer. Par contre, les investissements des ménages devraient reculer en 2019 en lien avec la chute des permis de construire, avant de s'améliorer légèrement à partir de 2020".