LA TRIBUNE - Quelle est la finalité du "volontariat territorial en entreprises" (VTE) que vous venez de lancer ?
GABRIEL ATTAL - Le "volontariat territorial en entreprises" s'adresse aux jeunes diplômés de BTS, d'écoles d'ingénieurs et de commerce et leur offre la possibilité de débuter leur vie professionnelle (en alternance ou via un contrat à durée déterminée d'un an) au sein d'une PME ou d'une ETI situées dans un « territoire d'industrie » pilote. Dans un premier temps, 12 des 124 territoires testeront cette nouvelle expérience. A la clé, de vraies responsabilités d'adjoints au chef d'entreprise pour les jeunes et, réciproquement, la mise en valeur d'entreprises et de bassins industriels, souvent boudés par les étudiants à leur sortie d'école. Dès septembre, une première promotion de 100 à 200 jeunes, issus d'une douzaine d'établissements dont certains très prestigieux, comme l'EM Lyon, l'ESCP Europe ou l'Ensam, sera lancée. L'objectif de recrutement est, en vitesse de croisière, de 2.000 VTE par an.
Les PME françaises continuent à avoir des difficultés à recruter. Comment dépasser cet obstacle pour faire baisser le taux de chômage ?
L'industrie, surtout dans les PME et les TPE, souffre d'un manque d'attractivité, notamment en raison d'idées reçues qui persistent. J'ai rencontré à Tours de jeunes étudiantes qui étaient surprises par la modernité et la technicité de ces métiers de l'industrie. Au plan national, des opérations comme la Semaine de l'industrie ont pour objectif de faire tomber ces préjugés, mais ces retours nous montrent qu'il reste du chemin à parcourir. À l'échelle locale, les régions ont, depuis la loi Avenir professionnel de 2018, aussi un rôle central d'information et de communication de proximité à jouer auprès des jeunes autour de ces profils recherchés par les industries dans les territoires.
Quid, sur un plan plus général d'éducation au civisme, du service national universel ?
Le service national universel, promis par Emmanuel Macron lors de sa campagne, sera, lui, lancé le 16 juin. Il répond à un constat sans appel : la jeunesse manque d'un moment de mixité, de cohésion sociale et territoriale, autour des valeurs de la République. Ce moment doit aussi permettre de lever les freins à l'engagement. Une première phase pilote préfigurera le futur dispositif, qui montera en puissance les années suivantes. La généralisation du SNU à l'ensemble des jeunes après la classe de 3e est prévue pour 2026. Nous travaillons à des scénarios plus volontaristes, d'ici cinq ans par exemple. Mais, quel que soit le calendrier retenu, le service national universel est un enjeu de société essentiel pour le pays.
Où en est votre proposition de supprimer la "réserve héréditaire" pour relancer le mécénat ?
Les deux députées Naïma Moutchou et Sarah El Haïry, chargées d'une mission parlementaire sur cette question, doivent rendre leur rapport d'ici à l'été. Notre droit ne permet pas actuellement de donner la plus grande partie de sa fortune à une fondation ou une association du fait de la réserve héréditaire. Le système actuel de succession, hérité du droit romain et consacré lors de la rédaction du Code civil, n'est plus adapté à la nouvelle économie qui permet la constitution de fortunes en une seule génération. Nombre de bénéficiaires souhaitent pouvoir léguer sans frein une part conséquente de leurs biens à des œuvres ou des causes. La mission de Sarah El Haïry et Naïma Moutchou est précisément de réfléchir à de nouvelles modalités successorales, plus favorables au développement de la philanthropie.
Propos recueillis par Guillaume Fischer
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