La mer, trésor français (7/14) : la France pourrait tirer un meilleur parti de son littoral

[ Série d'été - Hebdo #178 "La mer, terre d'entrepreneurs" ] Sur les 450.000 emplois de l'économie maritime tricolore, la moitié travaille pour le tourisme littoral.
Fabien Piliu
Comme le précise l'Insee, le secteur touristique maritime crée plus d'emplois qu'il n'en détruit, mais il reste encore embryonnaire en dépit de ses 4.170kilomètres de côtes. En effet, le secteur touristique emploie actuellement 2 millions de personnes.
Comme le précise l'Insee, le secteur touristique maritime crée plus d'emplois qu'il n'en détruit, mais il reste encore embryonnaire en dépit de ses 4.170kilomètres de côtes. En effet, le secteur touristique emploie actuellement 2 millions de personnes. (Crédits : Christophe Finot)

La mer ne serait donc qu'un aimable lieu de baignade ? S'il fallait encore faire la preuve que la politique maritime est d'une faiblesse infirme et que le sujet n'intéresse finalement pas grand monde, il suffit de rappeler que l'économie maritime tricolore représente environ 450.000 emplois, dans onze domaines, ce qui représente 1,7% de l'emploi total en France en 2012. Sur ce nombre, le tourisme littoral fait figure de poids lourd, employant 228.000 personnes. Certes, comme le précise l'Insee, le secteur touristique maritime crée plus d'emplois qu'il n'en détruit, mais il reste encore embryonnaire en dépit de ses 4.170kilomètres de côtes. En effet, le secteur touristique emploie actuellement 2 millions de personnes.

Au 3e rang seulement en termes de recettes

C'est partiellement en raison de ce sous-développement que la France décroche face à ses concurrents, et en particulier l'Espagne. Si la France est la première destination touristique au monde depuis les années 1980 - elle a accueilli 84,5 millions de visiteurs étrangers en 2015, un chiffre en hausse de 0,9 % par rapport à 2014, ce qui constitue un record -, elle ne se classe qu'au troisième rang en termes de recettes.

L'Espagne reçoit certes environ 30 % de touristes en moins que la France, selon les années, mais cette fréquentation touristique lui rapporte 10 % de recettes en plus, car les séjours y sont plus longs. L'Espagne n'est pas le seul pays à faire de l'ombre à l'Hexagone. La France souffre de la concurrence des destinations à bas coût. C'est le cas des pays du Maghreb, même si leur fréquentation peine à se remettre de la multiplication des attentats commis dans les lieux fréquentés par les touristes étrangers. Aujourd'hui, la menace vient des pays de l'Adriatique, et en particulier de la Croatie, qui a vu le nombre de touristes s'envoler de 14 % entre 2014 et 2015, selon un récent rapport de la Commission européenne du tourisme.

Une plateforme dédiée à l'investissement

Dans ce contexte, que peut faire le gouvernement ? Une stratégie « pour un tourisme français leader mondial » a été présentée en juin 2015. Elle est ambitieuse. « Dans un secteur de plus en plus concurrentiel, et alors que le nombre de touristes dans le monde va passer de 1 milliard à 2 milliards en 2030, il convient de s'adapter, de corriger nos insuffisances et d'anticiper les évolutions. Les Assises du tourisme de 2014 ont été l'occasion de fixer plusieurs objectifs afin que le tourisme français devienne leader au niveau mondial. Si la France double son nombre de visiteurs et donc son excédent dans la balance des services, cela permettrait de réduire notre déficit du commerce extérieur de 20 % », explique le Quai d'Orsay, qui espère attirer 100 millions de touristes en 2020.

Pour y parvenir, le gouvernement a lancé en octobre 2015 la création d'une plateforme d'investissements dont l'objectif est de réunir 1 milliard d'euros sur cinq ans pour favoriser l'investissement dans la filière touristique. Mais à quelle hauteur se situera le soutien aux infrastructures du littoral ? Personne ne le sait encore.

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>> LE CHIFFRE

100 millions

C'est le nombre de touristes que le Quai d'Orsay espère attirer en France en 2020, contre 84,5 millions en 2015.

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ENCADRE

Comment la région Paca s'empare de l'enjeu des croisières

Voguer ensemble vers une promotion ciblée de la destination Méditerranée, c'est la nouvelle stratégie des villes de Marseille, Toulon et Nice. L'objectif : accroître visibilité et retombées économiques.

Lorsque l'Harmony of the seas fait son entrée dans le port de Marseille, fin juin, l'événement, pour beaucoup, se résume à l'image impressionnante d'un navire aussi haut qu'un immeuble de vingt étages faire sa première escale en Méditerranée. Mais le symbole est bien plus fort. Il signifie surtout que la destination a remporté son pari : être reconnue comme un port de croisière.

C'est que dans un contexte d'hyper-concurrence, animée notamment par l'italienne Gênes ou la catalane Barcelone, pour être visible et audible de la part des compagnies, la meilleure stratégie reste l'union des forces. Aussi, à quelques encablures de là, à Toulon et à Nice, on ne dit pas autre chose. Surtout que, comme le souligne Jean-François Suhas, le président du Club de la Croisière Marseille, « Nous avons chacun nos spécificités. »

Dans le Var, et notamment à Toulon qui concentre 75 % du trafic du département, on a développé la marque Var Provence pour donner envie aux croisiéristes de chausser espadrilles et baskets pour des excursions dans le coin. Sur la Côte d'Azur, on reconnaît que le fait de ne pas avoir de postes à quai peut être un inconvénient, mais c'est sur le service que l'on porte les efforts en développant notamment des applications en free roaming pour le compte des compagnies.

« Il est capital de nous unir », affirme Jean-François Suhas, et comme pour joindre le geste à la parole, les chambres de commerce et d'industrie des trois départements ont signé une convention de partenariat serré, le tout sous la houlette de la CCIR PACA. Une signature qui officialise ce qui se passe déjà dans la réalité. C'est-à-dire des actions de promotion et de lobbying de concert, un discours commun et une mise en avant de la destination globale -"Provence-Côte d'Azur, à l'étranger, ça parle", reconnaît Laurence Cananzi, la présidente du club croisière du Var- plutôt que de préférer l'individualisme.

À cette task force, Jean-François Suhas ajoute une donnée non négligeable. Si la construction est certes ailleurs qu'en PACA, elle reste néanmoins en France et cela, ajouté aux compétences en exploitation et en refit concentrés sur le territoire régional, doit inciter les compagnies à ne pas aller chercher ailleurs ce qu'elles trouvent ici.

« Nous voulons faire de Marseille, leur "home-port" , résume Jean-François Suhas. Le marché mondial des croisières concentre 24 millions de passagers. Ils seront 34 millions d'ici à dix ans. Si nous devons nous attaquer à un secteur, autant que ce soit celui qui promet le plus de marges de progression. »

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Serie ETE2

Fabien Piliu
Commentaires 3
à écrit le 04/09/2016 à 11:14
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On peut considérer le développement de la croisière (genre harmony of the sea) avec mépris ou avec sympathie. Mais le succès et la croissance de ce secteur est assuré. Alors je n'ai pas encore compris pourquoi, autour de Nice, on ne développe pas une...

à écrit le 03/09/2016 à 14:32
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TOUTE LA FRANCE ET BELLE ET PLEINE D AVENIR POUR LE TOURISME? MAIS IL FAUT AUSSI PENSE AUX TOURISME DE MASSE AVEC PETIT BUJET? ET A L ETALEMENT DES VACANCES POUR PERMETTRE A TOUS DE PARTIR UN PEUT SUIVENT LE REVENUE DE CHACUN? C EST POSIBLE SI NOS EC...

à écrit le 03/09/2016 à 9:19
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J'ai passé ma petite enfance sur Croix de Vie (Vendée), en 1950 un coin les plus pauvres de France, une misère endémique, le pays ne s'était pas encore relevé des guerres de Vendée. Maintenant le pays est riche, avec très peu de chômage, les ressour...

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