Le 29 juillet, jour de "libération fiscale" : vraiment ?

Selon l'étude annuelle de l'institut Molinari réalisée en partenariat avec le cabinet EY, le 29 juillet serait le jour où cette année le salarié français peut "réellement" disposer de ses revenus. En réalité, comme le soulèvent plusieurs médias, les promoteurs de cette date n'hésitent pas à utiliser plusieurs biais méthodologiques.
Cette date de "libération" doit être envisagée avec beaucoup de prudence au regard de la méthode avec laquelle est établi cet indicateur.

Le communiqué de l'Institut économique Molinari est conçu pour faire le buzz en été, avec son titre "Le salarié moyen français devient en 2016 le plus taxé de l'Union européenne". Le think-tank affirme que le jour de "libération fiscale et sociale" interviendra le 29 juillet. Ce fameux jour est défini comme la date où "le salarié moyen arrête en théorie de payer des charges et des taxes et peut disposer à sa guise des fruits de son travail."

De quoi alimenter la critique sur les salariés surtaxés par un Etat qui serait champion des prélèvements obligatoires. Pourtant, même si la France possède un niveau de dépense publique parmi les plus élevés d'Europe, la réalité est plus complexe et incite à prendre cette date de "libération" avec beaucoup de prudence au regard de la méthode avec laquelle est établi cet indicateur.

Un indicateur peu rigoureux

Comment est-il élaboré ? Comme l'indiquait en 2014 Cécile Philippe, présidente de l'institut Molinari à Libération, "nous partons du salaire annuel brut moyen d'un salarié français - environ 36.000 euros. Nous en retirons les charges salariales et patronales, l'impôt sur le revenu et la TVA, et on regarde ce qui reste".

C'est là le premier biais de l'étude : elle oublie qu'une grande partie de l'argent prélevé par l'Etat ne s'évapore pas dans ses caisses mais est redistribué via des prestations sociales et des investissements dans les infrastructures par exemple.

Autre problème, relevé par Le Monde, "tous les agents économiques n'ont pas la même fiscalité, or cet indicateur agrège ce que payent entreprises, ménages et consommateurs dans un même ratio".

Dernier souci, l'institut utilise des moyennes, ce qui a pour effet de supprimer les écarts de revenus, et de faire émerger un "jour de libération" trop général.

Moins d'Etat, moins de dépenses ?

En évoquant une "pression fiscale et sociale", un "fardeau", l'institut Molinari sous-entend que l'Etat pèse sur les ménages, et que cela a un impact sur la qualité de vie. Le terme même de "libération" laisse à penser que le salarié est soumis à l'Etat et voit son revenu confisqué.

C'est oublier que l'Etat finance des services, qui, s'ils étaient privatisés, devraient de toute façon être payés par leurs utilisateurs : Sécurité sociale, hôpitaux, écoles... Dans un monde où l'Etat serait quasiment absent, le "jour de libération" fiscal interviendrait beaucoup plus tôt dans l'année, mais il faudrait de toute façon continuer à payer les services privatisés.

Commentaires 14
à écrit le 28/07/2016 à 22:36
Signaler
Le problème est que les politiques au pouvoir depuis 20 ans ont accéléré le matraquage fiscal (une cinquantaine de taxes et "con-tributions" diverses) tout en supprimant des services qu'il assumait, soit en les privatisant (transports, sécurité, éduc...

à écrit le 27/07/2016 à 13:56
Signaler
N'en déplaise à certains, quels que soient les avantages retirés des services publics, à partir du moment où les contribuables ne peuvent choisir ce qu'ils financent via leurs impôts, il s'agit en effet d'une prison fiscale. Dans un monde intelligent...

le 28/07/2016 à 12:21
Signaler
Exact ! Supprimons les retraites, les subventions aux partis politiques (ah ben pourquoi "sauf LR"?) ! Abolition de la Sécu. Et votez Trump !

à écrit le 27/07/2016 à 12:57
Signaler
L'intérêt d'un service privé plutôt que public, c'est que chacun peut choisir d'acheter ou pas le service privé, et peut choisir entre plusieurs services privés celui qui correspond le mieux à son arbitrage qualité / prix. Le service public tend à...

à écrit le 26/07/2016 à 23:53
Signaler
J’espère qu’après le 26 juillet, les "libérés" ne vont plus a l’hôpital, a l'école a l'université, n'appelle plus les pompiers ni les gendarmes , ne reçoivent plus aucun APL , ni PTZ, ni chômage et n'utilise plus aucune des infrastructures financés p...

le 27/07/2016 à 9:15
Signaler
Votre réponses clichée prouve que c'est bien vous qui avez une culture éco proche du néant . Les gens qui sont sensibles à ces notions de joug fiscal sont , au contraire , d'une culture économique très largement au dessus de la moyenne et évidemmen...

le 27/07/2016 à 11:02
Signaler
En réalité là où la gauche se tire une balle dans le pied, c'est qu'elle a toujours refusé les services publics payants, du coup la droite en profite pour raconter un peu n'importe quoi sur les prélèvements obligatoires en utilisant la technique du g...

à écrit le 26/07/2016 à 23:02
Signaler
-Taxe Sur !!!!!!! l' Excessive Taxe Foncière décidée en catimini, ces jours ci, pour 2017 -La C.S.G pour le R.S.A sur le revenu du Patrimoine 1.3% la poussant de 14.2% à 15.5%, est détournée de son but. Les Dpts ne peuvent plus assumer. -Double...

à écrit le 26/07/2016 à 19:19
Signaler
Exact, mais en 2017 avec la taxe TSER, il faudra attendre le 30 juillet! A part toutes ces bonnes nouvelles, ça va mieux !!

à écrit le 26/07/2016 à 19:18
Signaler
Il est légitime de parler de libération puisque, même si nous recevons des services de l'État, ils nous sont imposés. Il nous est interdit d'en choisir d'autres ou d'en proposer d'autres, même si nous les jugeons déplorables voire inacceptables (par ...

le 27/07/2016 à 11:08
Signaler
Rien n'empèche de gérer tous les services publics comme on gère des services privés c'est à dire avec des prix, de la concurrence...La seule différence est qu'il existe en général une régulation (portant par exemple sur le contenu du service, les "SL...

à écrit le 26/07/2016 à 18:12
Signaler
Oui, sauf que les cotisations sociales, qu'elles soient salariales ou patronales sont, pour un bonne partie, une forme de salaires que l'on recevra plus tard. Si je suis au chômage, l'argent ne vient pas du ciel, mais des cotisations (que j'ai pay...

le 26/07/2016 à 18:51
Signaler
Je gage que si on avait le choix de toucher en cash les sommes que l'on est supposé recevoir en services, tout le monde prendrait le cash... dès lors...

le 27/07/2016 à 11:48
Signaler
@BH, avez-vous payés vos études ? N'avez-vous jamais été malade ou hospitalisé, ou simplement vacciné ? N'avez-vous jamais eu besoin des services publics ? N'utilisez-vous aucune infrastructures, réseaux routiers, électricité, transport en commun... ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.