Le fisc français « sous pression » pour contrôler les aides aux entreprises

Entre le versement des aides au titre du fonds de solidarité et les contrôles, l'administration fiscale vit depuis des mois "sous pression" selon les propres mots de son directeur Jérôme Fournel arrivé à la tête de cette puissante administration en 2019.
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

L'onde de choc de la pandémie continue de faire trembler le fisc français. Près de 18 mois après l'arrivée du virus sur le territoire français, l'administration fiscale reste toujours secouée par les conséquences de la crise sanitaire. « Nos services ont été extrêmement sous pression », a déclaré le directeur de la puissante direction générale des finances publiques (DGFIP) Jérôme Fournel, lors d'un point presse ce mardi 31 août. Après une année 2020 intense, comme en témoigne le dernier rapport d'activité 2020 de la DGFIP dévoilé le même jour, la fin de l'année 2021 promet également d'être chargée.

Au moment où le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a annoncé la fin du "quoi qu'il en coûte", la mise en œuvre de la nouvelle doctrine visant à faire du "sur-mesure" en matière d'aides aux entreprises risque de donner des sueurs froides aux agents des services de Bercy. En effet, la pandémie a amené l'exécutif à mettre en place des outils inédits (fonds de solidarité, activité partielle à grande échelle, dispositifs de prise en charge des coûts fixes) pour tenter de préserver le tissu productif tricolore. A ces mesures-là s'ajoutent les derniers arbitrages pour le dernier budget du quinquennat Macron présenté à la fin du mois de septembre et le décaissement du plan de relance de 100 milliards d'euros qui soufflera sa première bougie dans quelques jours.

Lire aussi Aides aux entreprises : à quoi va ressembler le "sur-mesure" ? Les détails des annonces de Bercy

Du fonds de solidarité à la prise en charge des coûts fixes

Destiné d'abord aux petits indépendants, le fonds de solidarité est monté en puissance avec la gravité et le prolongement de la crise. Selon les derniers chiffres communiqués par l'exécutif, l'enveloppe destinée au fonds de solidarité s'est établie à 35 milliards d'euros depuis le début de la pandémie. Avec la levée des barrières sanitaires et la reprise de l'économie française, le gouvernement a changé sa stratégie en mettant fin au fonds de solidarité à partir du premier octobre prochain. Pour le mois de septembre, les entreprises doivent déclarer un chiffre d'affaires minimum de 15% par rapport à la même période de 2019 pour toucher les subsides. Ce nouveau critère est destiné à limiter les effets d'aubaine. « Il est difficile de mesurer  l'ensemble des effets d'aubaine. Il y a eu des surcompensations mais elles sont relativement limitées », a expliqué le patron du fisc français devant les journalistes.

Suite aux annonces de Bruno Le Maire lundi 30 août, Bercy va devoir s'attaquer aux chantiers du dispositif de prise en charge des coûts fixes. Il s'adresse aux entreprises des secteurs S1 et S1 bis pénalisés par les mesures sanitaires comme le pass. Cette aide permet de couvrir 70 % des pertes d'exploitation pour les entreprises de plus de 50 salariés et 90 % des pertes pour les entreprises de moins de 50 salariés, dans la limite de 1,8 million d'euros sur l'année 2021.

S'agissant de l'allongement du temps de traitement des dossiers, « Bruno Le Maire m'a demandé d'aller vite sur les petites entreprises qui sont souvent les plus fragiles. Pour les grandes entreprises, les dossiers prendront plus de temps. Quand il s'agit d'une petite entreprise, cela peut prendre deux heures. Lorsqu'il s'agit d'un plus grand groupe avec des filières à l'étranger, cela peut prendre deux jours », a indiqué le haut fonctionnaire. « En plus, le traitement des dossiers est impossible à automatiser "a-t-il ajouté.

Fonds de solidarité : "les contrôles nous ont permis de ne pas verser des milliards d'euros indus"

La mise en œuvre rapide du fonds de solidarité au printemps 2020 a globalement été saluée par de nombreux économistes. Le raz-de-marée de faillites d'entreprises a pu être évité contrairement aux craintes exprimées. Au premier trimestre 2021, le taux de marge des entreprises affiche un niveau relativement élevé (35,9%) par rapport à la même période en 2019 (33,2%). Interrogé sur le sujet des contrôles menés par l'administration fiscale par La Tribune, Jérôme Fournel a affirmé que « au-delà des contrôles automatisés, les démarches des agents publics nous ont permis d'éviter de verser des milliards d'euros pour rien ». Il rappelle que « des indus ont été payés. Des milliers d'entreprises ont redonné des sommes spontanément et d'autres ne l'ont pas fait. »

S'agissant des fraudes caractérisées, le directeur a par exemple constaté « la création de fausses sociétés pour toucher des fonds, la présence de comptes multi-bancaires, des différences entre les chiffres d'affaires déclarés à l'administration et ceux effectivement réalisés » Au début de la pandémie, l'essor de fournisseurs frauduleux a également été souligné. « Plus de 600 fournisseurs de masques frauduleux ont été détectés »a-t-il précisé. Au total, plus de 3.000 dépôts de plaintes ont été enregistrés. « On ne veut pas noyer les services de police et de justice pour des petits montants mais au nom de la solidarité nationale, il faut aller traquer ceux qui ont profité de la situation» a-t-il affirmé.

Grégoire Normand
Commentaires 8
à écrit le 02/09/2021 à 9:59
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Ça annonce un nouvel outil ça , Comme le transfin pour les entreprises… Son pote politicien qui connaît un intermédiaire qui lui débloquer 100000 euros d’aide , caché sous forme de levée de fond avec la complicité de la banque , un pote du maire … ...

à écrit le 01/09/2021 à 7:58
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Sous pression ? J'ai plutôt entendu que les agents du Fisc touchaient de très belles primes pour ce travail supplémentaire ...

à écrit le 01/09/2021 à 6:45
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Aider les entreprises oui mais le plus électoraliste non

à écrit le 31/08/2021 à 19:13
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Tout cet argent déversé a enrichi les plus riches, ceux qui possèdent les actions et l'immobilier,... c'est quand même dingue qu'on dépense autant d'argent pour ceux qui ont déjà le plus. Et après, le gouvernement va-t-il oser demander des efforts a...

le 31/08/2021 à 22:58
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Pas d'inquiétude le roi président a toujours dans le collimateur les pauvres via les "réformes" de l'assurance chômage et des retraites qu'il est déterminé à mettre en place quoi qu'il en coûte car ses copains riches sont toujours affamés... de ca...

à écrit le 31/08/2021 à 18:48
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Surtout qu'il y aura plein d'abus involontaires tout comme il doit y avoir plein d'argent non réclamé, c’est quand même la foire au slip le truc là hein l'exercice est rendu particulièrement compliqué du fait d'un phénomène totalement extraordinaire,...

à écrit le 31/08/2021 à 18:43
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En même temps lorsqu'on ajoute la case 2OP sur le formulaire 2042 non précoché pour les foyers ayant déjà opté l'année précédente pour l'imposition progressif des revenus mobiliers (e.g. PEL) pour ponctionner automatiquement 12,8 % pour les foyers...

à écrit le 31/08/2021 à 17:35
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Eh oui, c'est une administration qui ne souhaite plus faire de contrôles et qui rédige des lois floues que l'on peut interpréter selon le contribuable, et qui permettent l'optimisation.

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