
La pandémie risque de laisser de profondes séquelles sur l'économie française. Après plus de deux années de vagues et de confinement à répétition, le fort rebond de la croissance en 2021 (7%) ne devrait pas suffire à rattraper la trajectoire de croissance pré-crise. C'est en substance le message du Fonds monétaire international (FMI) qui a dévoilé récemment un rapport de plus de 80 pages consacré à l'économie française. Les économistes de l'institution ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance du PIB tricolore de +3,9% à +3,5% pour 2022. Le FMI recommande à la France "de soutenir la reprise à moyen terme à travers un soutien budgétaire modérément expansionniste, comme ont prévu les autorités, centré sur les compétences des travailleurs, l'investissement dans la transition écologique et la transformation numérique, et l'innovation pour stimuler la croissance potentielle".
La France doit rétablir ses finances publiques plus tôt que prévu
Le gouvernement table actuellement sur un déficit public représentant 5% du produit intérieur brut (PIB) cette année et prévoit de le ramener d'ici 2027 dans la règle européenne prévoyant un déficit maximal de 3% de PIB.
Dans son rapport annuel consacré à la France, le FMI recommande de placer les finances publiques sur une trajectoire permettant de revenir à un déficit conforme aux exigences de Bruxelles d'ici 2025 et appelle le gouvernement à "rebâtir une capacité budgétaire via un ajustement budgétaire important, mais graduel et soutenable, à partir de 2023". Le FMI plaide notamment pour une réduction des dépenses dans le but de réduire le déficit à 2% du PIB d'ici 2026, ce qu'il juge "politiquement faisable".
Les finances publiques, mises fortement à contribution pour soutenir l'économie durant la pandémie, restent un sujet peu abordé de l'actuelle campagne électorale pour le scrutin présidentiel prévu en avril. Emmanuel Macron, qui n'a pas encore indiqué s'il se présentait pour un second mandat, a bénéficié d'une forte reprise économique l'an dernier, qui a permis de réduire le déficit public de façon plus importante que prévu. De son côté, le gouvernement a annoncé à la fin de l'été 2021 qu'il voulait mettre fin à la politique du "quoi qu'il en coûte" mais le prolongement de la crise sanitaire et les poussées inflationnistes l'ont amené à déployer une batterie d'aides en direction des entreprises et des ménages.
Mesures face à la hausse des prix : quelques bémols
Bouclier tarifaire, chèque énergie, chèque inflation, barème kilométrique.... le gouvernement ne cesse de multiplier les annonces depuis l'automne pour faire face à la flambée des prix de l'énergie et des matières premières. Le fort rebond économique en 2021 de 7% et la pagaille dans les chaînes d'approvisionnement ont contribué aux différentes pressions inflationnistes. Résultat, les ménages et les entreprises ont vu leur facture d'énergie augmenter au cours des dernières semaines et l'hiver pourrait empirer la situation.
Dans son rapport, les experts du FMI approuvent globalement ces mesures mais avec quelques bémols. "Les mesures temporaires de transfert sont appropriées [...] les mesures de soutien en direction des bas revenus [...] sont les bienvenues. En revanche, les mesures sur les prix du gaz et la baisse des taxes sur les produits pétroliers sont peu ciblées, pour la plupart coûteuses, et contribuent à faire de la distorsion sur les signaux prix dans l'économie. Elles vont à l'encontre des objectifs de verdissement de l'économie" notent-ils. A quelques semaines de la présidentielle, le gouvernement pourrait bien faire la sourde oreille à ces remarques.
(avec agences)
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