Alors que François Hollande laissera les clés de l'Elysée à Emmanuel Macron ce dimanche 14 mai, le président sortant léguera à son successeur un marché de l'emploi convalescent. Depuis deux ans, celui-ci connait une nette reprise mais les effets de la crise de 2008 n'ont pas encore été balayés.

Publiés vendredi, les derniers chiffres du quiquennat Hollande confirment l'embellie de l'emploi privé en métropole. Pour le premier trimestre, l'emploi a augmenté au même rythme que la croissance du produit intérieur brut (PIB), soit de 0,3%.

Entre janvier et mars, le secteur marchand a enregistré une hausse de 0,3% avec la création de 49.400 nouveaux postes. C'est le huitième trimestre consécutif de créations nettes, selon l'Insee. L'indicateur concerne principalement les postes salariés du secteur privé non agricole.

La Dares ( Direction des études et des statistiques du ministère du Travail) a également ajouté que l'indice du salaire mensuel de base (SMB) affichait une augmentation de 0.6% pour le premier trimestre 2017 et de 1,2% sur un an. L'indice du salaire horaire de base des ouvriers et des employés (SHBOE) connait, lui aussi, des progressions comparables.

Sur Twitter, Myriam El Khomri, la ministre du Travail, a réagi:

La courbe du chômage, qui s'inverse tout doucement, reste fragile

Les entreprises privées ont créé 350.500 postes durant les deux dernières années dont 198.300 sur l'année écoulée (+1,2%). Les effectifs atteignant 16,23 millions de postes, sont au plus haut depuis 2008. Même si, le secteur marchand ne s'est pas relevé de la crise financière puisqu'il est encore en-deçà de son niveau d'avant la crise (16,44 millions début 2008).

Pour que le chômage puisse reculer de manière significative, le marché de l'emploi doit dépasser chaque année, le seuil de la population active, fixé à 150.000 personnes. Or, depuis le début du quinquennat Hollande, les effectifs du secteur privé n'ont augmenté que de 190.800 salariés sur...5 ans !

Depuis le début du mandat Hollande, le taux de chômage a augmenté de 0,4 point jusqu'à atteindre 9,7% fin 2016 en métropole et le nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi, qui a crû de 585.500 personnes, a atteint 3,51 millions, fin mars.

La courbe du chômage a, toutefois, commencé à s'inverser en 2016, avec trois ans de retard par rapport à la promesse de François Hollande. Mais cette reprise de l'emploi reste fragile: Pôle emploi a vu partir 100.000 chômeurs en 2016 pour en voir revenir 40.000 début 2017.

Les domaines de l'industrie et de a construction exclus de l'embellie

Un bémol cependant, la reprise de l'emploi s'est traduite, par une augmentation des contrats courts. Le nombre de demandeurs d'emploi exerçant une petite activité (catégorie B et C) est en hausse. (+ 8,9%)

Par ailleurs, deux secteurs restent exclus de l'embellie. Il s'agit de l'industrie et de la construction, qui connaissent une érosion de leurs effectifs au premier trimestre. Cela s'illustre par la suppression de 4.800 postes dans les usines et de 2.000 postes pour les chantiers. Depuis 2001, l'industrie a été victime d'une perte d'un million de postes et la construction de plus de 200.000 postes depuis fin 2008.

Visiblement, les secteurs tertiaire et intérimaire tirent l'emploi vers le haut puisque, de janvier à mars, les services (avec une hausse de 0.4%) et l'emploi temporaire ( avec +1,8%) restent très orientés.

Enfin, le tertiaire affiche une progression constance depuis fin 2013 et s'inscrit comme la principale locomotive de l'emploi privé. L'interim, quant à lui, rattrape presque son niveau record de début 2007 (677.0500 salariés) avec ces 668.500 actuels.

( avec agences)