Le revenu moyen chez les indépendants : 2.510 euros par mois

Par Grégoire Normand  |   |  833  mots
"L’environnement économique joue aussi : une forte densité de population dans le bassin de vie, un meilleur niveau de vie des habitants ou encore un faible taux de chômage vont de pair avec des revenus plus élevés pour les non-salariés", rappelle l'Insee.
[Carte] Selon l'Insee, la répartition et les revenus des indépendants présentent de fortes disparités sur le territoire français. La conjoncture économique locale peut jouer un grand rôle sur le revenu et l'implantation de travailleurs non salariés.

Selon une étude de l'Insee publiée ce jeudi 2 novembre, 1 personne en emploi sur 10 relève du non salariat. Elle est, selon le périmètre retenu par l'organisme public, soit auto-entrepreneur, soit entrepreneur individuel ou gérant de société. Evidemment cette proportion varie en fonction des territoires. Par ailleurs, ce chiffre rappelle que malgré le développement de l'économie de plateformes et des initiatives pour développer l'entrepreneuriat comme le régime de la micro-entreprise, le salariat reste largement majoritaire dans la population active. La France comptait 2,8 millions de personnes exerçant une activité non salariée à titre principal ou en complément d'une activité salariée sur une population active de 28,6 millions de personnes, selon un recensement établi en 2015.

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Les indépendants privilégient le Sud

Au regard des données de l'étude, les plus fortes proportions d'indépendants se situent dans le sud de la France. Les départements des Hautes-Alpes (18,5%), des Alpes de Haute-Provence (17%) et de Haute-Corse (16,5%) figurent sur les trois premières marches du podium. A l'inverse, les Hauts-de Seine (5,9%), la Seine-Saint Denis (6,3%) et la Seine-Maritime (7,6%) sont les trois départements qui comptent le moins d'indépendants chez les actifs. Les départements qui comportent de fortes agglomérations présentent des proportions proches ou supérieures à la moyenne nationale comme la Haute-Garonne avec Toulouse (10 %), les Bouches-du-Rhône avec Marseille (11 %), l'Isère avec Grenoble (11 %) ou la Gironde avec Bordeaux (12 %).

[Graphique interactif] Vous pouvez changer d'indicateur grâce au sélecteur situé en haut à droite de la carte.

Des revenus plus élevés dans le Nord

Selon les experts de l'Insee, un non salarié gagne en moyenne 2.510 euros par mois grâce à son activité. A titre de comparaison, le salaire net moyen mensuel (en équivalent temps plein) atteignait 2.250 euros en 2015 pour un salarié dans le privé. Le salaire médian, lui, se situait à 1.797 euros.

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Mais là encore la moyenne pour les indépendants masque des disparités géographiques. Avec 3.700 euros par mois, le département de Paris arrive largement en tête suivie des Hauts-de-Seine (2.970 euros) et enfin le Nord (2.920 euros). A l'inverse, les Hautes-Alpes (1.710 euros), l'Ariège (1.750 euros) et les Alpes de Haute-Provence (1.810) figurent dans le bas du tableau.

Des écarts de revenus liés aux professions

De telles disparités de revenus peuvent s'expliquer notamment par les professions des indépendants les plus représentées dans certains départements. Comme le rappelle l'auteur de l'étude, les professions libérales dégagent en moyenne un revenu d'activité plus élevé que les autres entrepreneurs individuels et les gérants de société. Ces métiers, généralement mieux rémunérés, et les non salariés de la santé sont souvent en proportion plus nombreux dans les départements aux revenus élevés comme dans le Nord et dans ceux du nord-est de l'Hexagone (Moselle, Bas-Rhin, Meurthe-et-Moselle). D'autre zones son également concernées par ce phénomène. "En Île-de-France, Paris, les Hauts-de-Seine et, à un moindre niveau, les Yvelines se distinguent par une très forte présence de professions libérales et de gérants majoritaires du secteur des services aux entreprises."

A l'inverse, les départements dont le revenu moyen est sensiblement inférieur à la moyenne nationale comptent souvent plus de non salariés des services aux particuliers, bien moins rémunérés. Par exemple, "dans les Hautes-Alpes et les Alpes de Haute-Provence, ce sont notamment des professions libérales, dont l'activité, souvent liée aux sports et aux loisirs, est fortement saisonnière (par exemple, les moniteurs de ski)".

Un contexte local primordial

Le contexte économique local peut évidemment avoir jouer un rôle important sur l'activité et le revenu des indépendants, rappellent les statisticiens de l'institut public. "Un marché local plus favorable, avec par exemple un taux de chômage modéré ou un niveau de vie élevé des habitants, est associé à des revenus des non-salariés plus élevés." Par ailleurs, les zones plus densément peuplées et affichant des revenus plus élevés peuvent favoriser la demande et donc l'activité des non salariés, "dont la clientèle est principalement locale".

"La densité de population, en plus d'une structure sectorielle plutôt favorable, explique ainsi que, dans le tiers sud, le revenu moyen est un peu plus élevé dans les départements ayant une très grande agglomération."

Par ailleurs, un nombre élevé d'autoentrepreneurs peut faire baisser la moyenne des revenus, comme le souligne l'étude.

"Une forte proportion d'auto-entrepreneurs, dont le revenu d'activité moyen est huit fois moins élevé que celui des non-salariés classiques, ou encore la présence de non-salariés n'ayant dégagé aucun revenu, abaissent la moyenne. Ainsi, hors revenus nuls et hors auto-entrepreneurs, la moyenne nationale passe à 3.610 euros."

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