Les maux de l'hôpital français sont toujours présents dans l'après-Covid, estiment des sénateurs

En 2020, le Ségur de la santé a fait des "oubliés", constate un rapport sénatorial. Les élus proposent notamment de revoir les indemnités compensatrices du travail de nuit et des week-ends, et de mettre sur pied un "mécanisme d'alerte" pour renforcer les effectifs lorsque le ratio "soignant par patient" est bas. Ils prônent surtout un "électrochoc" pour sortir l'hôpital public de la crise. Dans la perspective de l'élection présidentielle, tous les candidats au poste suprême se sont saisis du sujet. Sélection de leurs propositions pour "sauver l'hôpital".
A l'hôpital, l'amertume ne tarit pas, regrettent les sénateurs.
A l'hôpital, "l'amertume" ne "tarit pas", regrettent les sénateurs. (Crédits : Reuters)

En plus de montrer au grand jour le déclin de l'industrie pharmaceutique française en matière de vaccin, la pandémie de Covid-19 a révélé la crise profonde qui agite l'hôpital depuis plusieurs années. Des vagues de départs de personnels hospitaliers ont ponctué cette période exceptionnelle, en même temps que la tension extrême sur le nombre de lits disponibles en service de réanimation pour accueillir les patients, ou encore la surcharge de travail pour les professionnels du secteur.

"Sur 400.000 lits de médecine que comptent nos hôpitaux aujourd'hui, 20.000 sont déjà occupés par des patients Covid avant même l'impact de la vague Omicron", s'inquiétait encore en janvier dernier le ministre de la santé Olivier Véran. Or, dans le même temps, avec la fermetures d'établissements publics et privés, 5.700 lits d'hôpital ont été supprimés en 2020, selon une étude du ministère de la Santé publiée l'an passé.

La France compte désormais moins de 3.000 hôpitaux et cliniques "sous l'effet des réorganisations et des restructurations", constatait le Ministère.

Aussi, le président-candidat Emmanuel Macron en a fait l'une de ses promesses de compagne avec "un investissement historique pour revaloriser les soignants et reconstruire l'hôpital". Pour "poursuivre le sauvetage de l'hôpital", il propose notamment un plan de recrutement d'infirmiers et d'aides-soignants, développe-t-il dans son document de campagne baptisé "AvecVous".

Les "oubliés du Ségur"

Mais un dernier rapport du Sénat publié ce jeudi vient ternir le bilan du dernier locataire de l'Elysée. Pour sortir de la crise, l'institution prône en effet un "électrochoc" dans la gestion des hôpitaux. Les soignants doivent recevoir une "reconnaissance financière équitable", sortir de "la morale du volontariat" et être mieux représentés dans la gouvernance des hôpitaux, souligne le rapport.

Pourtant, dès l'été 2020 avec le Ségur de la Santé, l'Etat s'était porté au chevet du système hospitalier, qui a abouti à une enveloppe de 8,2 milliards d'euros de revalorisation salariale ainsi que 15.000 embauches. A cela s'ajoutait la reprise de la dette hospitalière à hauteur de 13 milliards d'euros.

Mais cette commission d'enquête du Sénat réclame la poursuite des efforts du Ségur, notamment en matière de rémunérations.

Des concertations "trop tardives" et des "extensions sans réflexion d'ensemble" ont fait que chez les "oubliés du Ségur", "l'amertume" ne "tarit pas", regrettent les sénateurs.

De la décentralisation

La commission d'enquête présidée par Bernard Jomier (PS) pointe "la morale du dévouement" quasi systématique du personnel, qui "ne peut être à toute épreuve" dans le fonctionnement des hôpitaux.

Les sénateurs proposent de revoir les indemnités compensatrices du travail de nuit et des week-ends, et de mettre sur pied un "mécanisme d'alerte" pour renforcer les effectifs lorsque le ratio "soignant par patient" est bas.

Une telle gestion des effectifs ne serait possible selon les sénateurs que grâce à une "décentralisation" des prises de décisions, à un équilibre entre personnel administratif et médical dans le pilotage de l'établissement et à une "dynamique des tarifs hospitaliers cohérente avec l'évolution des coûts".

Ce nouveau rapport du Sénat se téléscope d'ailleurs avec un précédent publié mi-mars et qui met en cause les dépenses pharamineuses de l'Etat auprès de cabinets de conseil. Dans l'opposition, à deux semaines de l'élection présidentielle, celui-ci est d'ailleurs utilisé par les candidat opposé à Emmanuel Macron. L'écologiste Yannick Jadot que ces cabinets ont conseillé "la suppression des lits d'hôpitaux, la réduction des APL et autres réformes brutales".

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ZOOM : Les remèdes des candidats à la Présidentielle pour l'hôpital

Emmanuel Macron entend poursuivre les "efforts pour la prévention, la médecine de ville et l'hôpital, comme la lutte contre les « déserts médicaux »". Le président sortant veut "rendre l'hôpital plus humain : moins de charges administratives pour les soignants, plus de responsabilités pour les paramédicaux et une place centrale des médecins dans la gouvernance."

La révision de la tarification à l'activité (T2A) à l'hôpital est, elle, proposée par plusieurs candidats de gauche dont Jean-Luc Mélenchon et Anne Hidalgo ou encore par Marine Le Pen.

La quatrième année d'internat en médecine passée en priorité dans un désert médical figure dans le programme de Valérie Pécresse"Une consultation de médecine à 25 euros ce n'est pas digne compte-tenu du coût de la vie" et il faudra porter cette tarification "à 30 euros", ce qui implique aussi que "toute la grille change", a-t-elle encore proposé, évoquant la médecine de spécialité ou les actes à l'hôpital.

Eric Zemmour propose de "rebâtir l'hôpital public sur tout le territoire à travers les recrutements de 40.000 personnels hospitaliers et la mise en oeuvre d'un vaste plan d'investissement." Il veut aussi d'augmenter de 12% la rémunération des aides-soignants et des infirmiers.

Le candidat Philippe Poutou propose l'expropriation des cliniques privées avec leur intégration à l'hôpital public.

Jean Lassalle souhaite de son côté un meilleur accès aux soins dans les territoires enclavés, avec la présence d'un hôpital à moins de 40 minutes de route de n'importe quel point de l'Hexagone.

Le communiste Fabien Roussel propose la création de 100.000 emplois à l'hôpital public et de 12.000 places d'étudiants en médecine par an. Il veut aussi l'abrogation des "lois de libéralisation de l'hôpital public" et suppression des dépassements d'honoraire.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 31/03/2022 à 21:46
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L'hôpital se moque bien de la charité car le personnel n'a de cesse de réclamer toujours plus de moyens... surtout financiers.

à écrit le 31/03/2022 à 17:59
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ca sent bon les elections, la analyses a la petite semaine...peut etre qu'il faudrait repartir de ce qu'il y avait ecrit dans le plan juppe, voir ce qui s'est passe entre temps et pourquoi, voir pourquoi rien n'a etet fait la ou il fallait, donc ca t...

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