Les nouvelles régions, championnes à l'export ?

Selon une étude des services des Douanes, quatre nouvelles régions de taille intermédiaire se détachent. L’Ile-de-France reste un poids lourd dans les échanges à l'international.
Fabien Piliu
Malgré le rédecoupage régional, Paris et l'Ile-de-France restent toujours la principale région exportatrice tricolore.

Depuis le 1er janvier 2016 et l'entrée en vigueur de la loi NOTRe, la France ne compte plus 22 mais 13 régions. Sur ce nombre, 7 sont totalement nouvelles, fruits de la fusion d'anciennes régions. Il s'agit de Grand-Est (ex-Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes), de l'Auvergne-Rhône-Alpes, des Hauts-de-France (ex-Nord-Pas-de-Calais-Picardie), de l'Occitanie (ex-Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon), de la Normandie, de la Nouvelle-Aquitaine (ex-Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes) et de Bourgogne-Franche-Comté. Six autres régions ne changent pas de délimitations (et par conséquent pas de nom sauf pour la région Centre): il s'agit de l'Ile-de-France, de la Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA), des Pays de la Loire, du Centre-Val-de-Loire, de la Bretagne et de la Corse. Cette réforme territoriale est-elle une aubaine pour le commerce extérieur français ?

Il est peut-être encore trop tôt pour le dire. Selon une étude du service des Douanes, ce nouveau découpage voit l'émergence de vastes ensembles, dont le poids dans les échanges extérieurs de la France est plus homogène qu'auparavant.

Quatre régions en pointe

Concrètement, les Douanes constatent l'émergence d'un premier groupe de 4 régions de taille intermédiaire, plus homogènes en termes de commerce extérieur. Le Grand-Est, avec 13,3% des exportations et 11% des importations, est désormais comparable à l'Auvergne-Rhône-Alpes, aux Hauts-de-France et au Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon. Un deuxième groupe englobe 7 régions, avec un poids plus faible dans les échanges (entre 3% et 7%). Celui-ci est composé des nouvelles régions (Normandie, Occitanie et Bourgogne-Franche-Comté) qui font désormais jeu égal avec les régions sans changement de périmètre (PACA, Pays de la Loire, Centre-Val-de-Loire et Bretagne).

"En dernière position, viennent la Corse et les DOM dont le poids dans les échanges de la France est modeste et marqué par un déséquilibre en faveur des importations", observe l'étude.

L'Ile-de-France loin devant

Les flux commerciaux restent néanmoins dominés par la région Ile-de-France qui concentre 18,7% des exportations et 26,9% des importations françaises en 2015.

"L'Ile-de-France génère a elle seule l'essentiel du déficit français en 2015 (-52 milliards, contre -59 milliards pour la France). Si les Hauts-de-France enregistrent le second déficit régional (-9,8 milliards), les autres régions déficitaires correspondent aux grandes zones portuaires (Le Havre, Marseille et Dunkerque) et aéroportuaires (Roissy). A l'autre extrémité, la région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon dégage un excédent de +9,4 milliards. Cette région se distingue en effet par le dynamisme de ses exportations (+5,9 % en moyenne annuelle depuis 2011), tirées par l'aéronautique", précisent les Douanes.

Autre enseignement de cette étude, ce regroupement fait apparaître une certaine spécialisation de certaines régions. C'est le cas de la région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon qui se distingue par un degré de spécialisation très élevé, en raison de l'importance des échanges aéronautiques qui représentent 74% de ses exportations et 56% de ses importations.

Si l'Ile-de-France se caractérise par une grande diversité des produits échangés, les produits informatiques et électroniques y occupent la première place, représentant 15% des exportations et 19% des importations).

A chaque région son industrie

Globalement, la spécialisation sectorielle dépend étroitement du tissu industriel régional.

"La présence de complexes pétrochimiques sur les façades maritimes (Normandie, PACA, Pays de la Loire et DOM) conditionne ainsi les importations d'hydrocarbures. Ces sites génèrent en effet l'essentiel des échanges de pétrole raffiné, mais également ceux de chimie (Rhône-Alpes, Grand-Est, Hauts-de-France, Normandie, PACA)", indique l'étude.

De même, plus de 80 % des exportations automobiles sont réalisées par cinq régions (Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France, Bourgogne-Franche-Comté et Grand-Est), où sont installés les constructeurs automobiles et leurs grands équipementiers. Pour la pharmacie, 6 régions réalisent 90% des échanges. Il s'agit de l'Ile-de-France, Grand-Est, Auvergne-Rhône-Alpes, Centre-Val-de-Loire, Normandie, Hauts-de-France.

Enfin, certaines régions sont fortement spécialisées dans l'agroalimentaire (produits agricoles et produits des industries agroalimentaires), soit 31% des exportations de la Bretagne, 27% de la Corse, 24% des Pays de la Loire et 38% de la région Nouvelle-Aquitaine. A noter, le Grand-Est, pourtant davantage spécialisé dans les échanges de biens manufacturés, est le premier exportateur de produits agroalimentaires (Champagne) devant la région Nouvelle-Aquitaine (vins et spiritueux).

Le pouvoir aux régions

Le passage de 22 à 13 régions peut-il se traduire par une montée en puissance des régions dans le domaine de l'export ? On pourrait l'envisager car la loi NOTRe précise que "le conseil régional a compétence pour promouvoir le développement économique, social, sanitaire, culturel et scientifique de la région". Notamment.

Par ailleurs, la région définit un schéma régional de développement économique, d'innovation et d'internationalisation (SRDEII) dans lequel sont précisées les orientations en matière d'aides aux entreprises, de soutien à l'internationalisation...

S'inspirer des pratiques en vigueur en Allemagne

Ce serait une bonne chose pour le commerce extérieur tricolore. En effet, la balance commerciale est déficitaire depuis 2003. En 2015, le déficit commercial a dépassé les 45 milliards d'euros. A titre de comparaison, l'Allemagne, dont la valeur des exportations s'est élevé 1.196 milliards d'euros l'année dernière - record mondial - a dégagé un excédent commercial de 217 milliards d'euros. Une puissance qui s'explique en partie le dynamisme des écosystèmes régionaux qui bénéficient d'un maillage très fort entre tous les acteurs, que ce soit dans le domaine du financement et de l'accompagnement des entreprises, de la formation, de l'innovation, des relations industrielles et sociales, de la coopération interentreprises, de la défense et de la représentation des intérêts des entreprises.

Fabien Piliu
Commentaires 9
à écrit le 21/07/2016 à 19:53
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il y a peut être une faute dans la section "A chaque région son industrie" : "Ces sites génèrent en effet l'essentiel des échanges de pétrole raffiné, mais également ceux de chimie (Rhône-Alpes, Grand-Est, Hauts-de-France, Normandie, PACA)" On...

à écrit le 20/07/2016 à 10:12
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la Catalogne est justement un bon exemple des bienfaits de la régionalisation car elle est bien plus dynamique que la moyenne nationale espagnole. Le "problème" que vous mentionnez vient en fait du Gouvernement central qui taxe la Catalogne pour redi...

à écrit le 20/07/2016 à 0:11
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1 groupe de 4 regions qui inclut LRMP, et 1 deuxieme groupe de 7 regions qui inclut... Occitanie... La meme region donc. Où est l'erreur ? Bizarre que Nouvelle Aquitaine ne soit pas dans 1 des deux groupes...

à écrit le 19/07/2016 à 11:25
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La régionalisation française est une illusion qui n’empêche pas l'Etat de s'ingérer partout dans les entreprises et de plomber leurs comptes. En Allemagne l'Etat ne fait pas de politique industrielle, ne prélève pas 45% du PIB dont 30% pour faire de ...

le 19/07/2016 à 13:40
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Je suis d'accord avec vous. Mais c'est pour cela que je suis pour une VRAIE décentralisation en France, afin de donner le pouvoir économique aux régions (gestion de l'emploi et de la formation inclue), lesquelles deviendraient comme chez nos voisins ...

le 19/07/2016 à 19:17
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Les politiques de plan ont montré aussi leur efficacité (du temps de de Gaulle par exemple). Si l'Allemagne a des politiques industrielles, en énergie par exemple. Les pouvoirs des régions doivent aussi avoir des limites sinon çà crée d'autres problè...

à écrit le 19/07/2016 à 10:12
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Quand donnera-t-on les exportations par habitant, notamment pour les services?

à écrit le 19/07/2016 à 10:12
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Quand donnera-t-on les exportations par habitant, notamment pour les services?

à écrit le 19/07/2016 à 10:12
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Quand donnera-t-on les exportations par habitant, notamment pour les services?

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