Les TPE/PME résistent au manque de dynamisme de l'économie

Par latribune.fr  |   |  697  mots
Le « principal risque » entrevu par les dirigeants de TPE et PME est « la dégradation des perspectives d'activité », selon l'enquête Bpifrance Le Lab-Rexecode. (Crédits : Reuters/Alessandro Bianchi)
Les TPE et PME semblent résister au pessimisme et à « entrer dans la crise » malgré le manque de dynamisme de l'économie, d'après le baromètre trimestriel Bpifrance Le Lab-Rexecode. Si des inquiétudes sont néanmoins bien présentes, elles continuent ainsi d'investir, principalement pour renouveler leurs équipements ou les moderniser.

Bonne nouvelle pour les toutes petites entreprises (TPE - entre 0 et 19 salariés) et les petites et moyennes entreprises (PME - 20 à 249 salariés) françaises : le manque de dynamisme de l'économie ne semble pas les toucher. C'est ce qu'il ressort du baromètre trimestriel Bpifrance Le Lab-Rexecode à paraître ce lundi 25 septembre, après une enquête réalisée en ligne auprès de 2.503 dirigeants de ce type d'entreprise entre le 28 août et le 8 septembre.

Le « principal risque » entrevu par ces dirigeants est « la dégradation des perspectives d'activité », avec 40% des réponses. Mais « le reste n'a rien de catastrophique », observe Philippe Mutricy, directeur des études de Bpifrance. Le problème de recrutement vient en deuxième (18%), la hausse des coûts inquiète prioritairement 13% des dirigeants, les « difficultés extrêmes de trésorerie » 8% et le climat social 4%. Huit pour cent des patrons ne voient « pas de risque majeur » pour leur entreprise.

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L'opinion sur l'évolution de la trésorerie dans les trois derniers mois gagne trois points par rapport à avril, à -17. Le jugement sur la situation actuelle est stable, à -13. Il se dégrade en revanche légèrement (-2 points à -14) sur les perspectives futures. La moyenne de long terme est d'environ -10. « Pas vraiment d'alerte non plus », selon Philippe Mutricy, sur l'opinion légèrement dégradée quant à l'augmentation des délais de paiement.

Les TPE/PME continuent d'investir

L'investissement « reste dynamique » puisque la part de PME/TPE investissant en 2023 remonte à 57% (+2 points). Et pour 28% (+1 point), ces dépenses augmenteront cette année. Renouveler les équipements ou les moderniser sont les premières raisons d'investir (74% et 66%), mais « l'environnement » est cité par 44% des dirigeants, contre 25% en moyenne de 2017 à 2019. Pour Philippe Mutricy, cette progression est « durable ».

« C'est comme si les TPE/PME refusaient d'entrer dans la crise, on n'est pas dans une situation d'économie dynamique, mais on continue d'investir », note Philippe Mutricy.

Arriver à trouver du personnel reste de loin la première préoccupation des dirigeants de PME/TPE (54%), devant les perspectives de demande dégradées (41%, +6 points). En revanche, la peur de prix trop élevés recule (34%, -7 points).

Selon une enquête semestrielle de Bpifrance, publiée début juillet, un tiers des chefs d'entreprise prévoyaient une hausse de leur activité pour l'année en cours, contre 42% un an plus tôt. Et 21% tablaient sur une baisse de leur chiffre d'affaires, contre 17% en 2022. L'opinion des petits patrons sur l'évolution de leur activité passait ainsi légèrement en dessous de sa moyenne de long terme (années 2000 à 2022).

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Une reprise de la consommation très attendue

Le directeur des études de Bpifrance juge « tout à fait probable » une croissance en 2024 entre 0,9% et 1,4%, le premier chiffre étant celui annoncé par la Banque de France quand le deuxième est l'estimation du ministère de l'Économie. Pour rappel, ces estimations sont moins optimistes qu'il y a quelques mois puisque la Banque de France prévoyait une croissance de 1% en 2024 dans sa précédente estimation quand Bercy, de son côté, anticipait 1,6% de croissance avant de redescendre cette prévision à 1,4% en septembre.

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Un point d'interrogation demeure cependant selon Philippe Mutricy. « Quand les ménages vont-ils se dire que l'inflation est passée » et se remettre à consommer ? Leur taux d'épargne est monté à 19% au deuxième trimestre, contre environ 15% traditionnellement. Les Livrets A et les Livrets de développement durable et solidaire (LDDS) se sont ainsi étoffés d'un peu plus de 3 milliards d'euros en août, selon la Caisse des dépôts (CDC). Et un nouveau niveau record d'encours a été atteint, à 550,4 milliards d'euros. Une situation vouée à perdurer « tant que les incertitudes économiques seront nombreuses et que la vague inflationniste ne sera pas retombée ». Mais la « baisse attendue de l'inflation en fin d'année pourrait redonner quelques couleurs à la consommation, actuellement atone », prévient l'organisme. Un scénario espéré par les entreprises.

(Avec AFP)