
Il est de plus en plus difficile pour les entreprises d'embaucher des cadres. L'enquête de l'Apec démontre, en effet, que 64% des entreprises ayant recruté au moins un cadre en 2022 ont rencontré des obstacles, contre 48% en 2019.
Ces difficultés croissantes sont liées principalement à l'insuffisance de candidatures (76%) et au décalage entre les candidatures reçues et les besoins des entreprises (62%), devant la concurrence d'autres employeurs sur les mêmes profils (58%), indique l'étude. Par voie de conséquence, le délai moyen de recrutement a augmenté, atteignant 12 semaines (contre 9 en 2020). Face à ces difficultés, la quasi-totalité des entreprises (91%) ont « consenti à des ajustements » en 2022, note l'étude.
Elle cite en premier lieu la révision à la hausse de la rémunération initialement prévue (62% des entreprises, contre 55% en 2021). Pour les grandes entreprises, qui ont davantage de marges de manœuvre, le recours à ce levier grimpe à 76%.
Toutes les catégories socioprofessionnelles bénéficient d'augmentations
L'indice du salaire mensuel de base (SMB) dans le privé a, ainsi, augmenté de 1,8% au premier trimestre 2023 par rapport au trimestre précédent, soit une hausse de 4,6% sur un an. Par secteur d'activité, le SMB a progressé, au cours du premier trimestre, de 2,1% dans l'industrie, de 1,8% dans le tertiaire et 1,7% dans la construction. Sur un an, la hausse est de 4,7% pour l'industrie et le tertiaire et de 3,7% pour la construction.
Par catégorie socioprofessionnelle, le SMB a augmenté au cours du 1er trimestre de 2,1% pour les ouvriers, 1,9% pour les professions intermédiaires, 1,7% pour les employés et 1,6% pour les cadres. Sur un an, il a grimpé de 5,5% pour les ouvriers, de 4,9% pour les employés, de 4,2% pour les professions intermédiaires et de 3,6% pour les cadres.
Un constat partagé par la Banque de France selon laquelle les salaires ont augmenté de 4,9% en moyenne au premier trimestre 2023 en glissement annuel. Et ce, notamment grâce à la hausse de 6,6% du Smic entre janvier 2022 et 2023, indexé sur l'inflation contrairement aux salaires, qui a entraîné une révision des minima salariaux de branche.
De même, en février dernier, les données provisoires de la Dares, le service de statistiques du ministère du Travail, faisaient aussi état d'une hausse de l'indice du salaire mensuel de base (SMB) dans le privé de 3,8% sur un an. Mais « ces évolutions doivent être mises en regard de l'inflation », rappelait-elle néanmoins. Le coût de la vie a en effet augmenté de 5,7% entre fin mars 2022 et fin mars 2023.
Les entreprises prêtes à d'autres ajustements
Parmi les autres ajustements, l'Apec cite aussi le profil du candidat retenu, ayant le plus souvent moins de compétences techniques ou moins d'expérience qu'initialement souhaité. Les ajustements sur les conditions d'emploi (horaires, possibilités de télétravail...) sont « moins fréquents, mais ne sont pas marginaux », note l'étude.
Pour faire aboutir un recrutement difficile, 4 entreprises sur 10 seraient ainsi disposées à accepter que le candidat retenu travaille à temps partiel ou bénéficie d'avantages supplémentaires comme une voiture de fonction. Les entreprises sont un peu moins enclines à accorder plus de jours de télétravail que prévu (30%).
Elles demandent aussi moins fréquemment une lettre de motivation aux candidats (56% en 2022, -11 points par rapport à 2021). Au sein des grandes entreprises, le recul est encore plus marqué (58%, -18 points). Pour recruter, elles se tournent également davantage vers les réseaux sociaux, désormais le deuxième canal le plus utilisé derrière l'offre d'emploi, alors qu'il n'était que le 4e en 2019.
Le syndicat des cadres CFE-CGC cherche à restaurer la confiance avec le gouvernement Le président de la CFE-CGC, François Hommeril, reçu par la Première ministre le 17 mai, a dit ne pas faire du retrait de la réforme un préalable à cette « reprise de contact » avec la cheffe du gouvernement, même si les organisations syndicales n'ont « plus confiance », estimant avoir été « trahies » sur ce dossier. Le responsable évoqué « trois pistes pour restaurer la confiance ». La première est la révision des ordonnances travail, dont il a fait un « préalable ». La CFE-CGC attend que le gouvernement rouvre ce dossier, faute de quoi elle estimera qu'il est de « mauvaise foi ». Deuxième point, la dégressivité des allocations chômage, et leur modulation en fonction de la conjoncture économique. Selon François Hommeril, la Première ministre envisagerait de « laisser les partenaires sociaux revenir » sur ces mesures dans le cadre des négociations qu'ils doivent ouvrir sur l'assurance chômage. Il a aussi dit attendre du gouvernement qu'il reprenne sa place « d'arbitre » dans les discussions entre le patronat et les syndicats, alors que le gouvernement fait « depuis plusieurs années » le choix « d'avantager la position du patronat ».
(Avec AFP)
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