Croissance, inflation : la Banque de France assombrit ses prévisions pour 2024

Si la Banque de France prévoit un peu plus de croissance en 2023, elle a révisé à la baisse ses projections pour 2024, décrivant un scénario « sans rechute de la croissance, mais sans accélération de l'activité ». Sur le front de l'inflation, si cette dernière est bien loin des sommets atteints en 2022, elle sera plus élevée que prévu cette année et la suivante, en raison de la poussée de fièvre des prix de l'énergie et de la chute de la demande adressée à la France.
Grégoire Normand
La demande extérieure adressée à la France pourrait fortement chuter en 2024 selon la Banque de France.
La demande extérieure adressée à la France pourrait fortement chuter en 2024 selon la Banque de France. (Crédits : Reuters)

Les nuages s'amoncellent au-dessus de l'économie française. Après un été marqué par des records de températures, les entreprises et les ménages vont devoir affronter un automne plus sombre que prévu. Dans ses dernières projections macroéconomiques dévoilées ce lundi 18 septembre, la Banque de France a légèrement dégradé sa prévision pour 2024 à 0,9% contre 1% en juin

Lire aussiL'Insee table sur une croissance du PIB plus forte que prévu pour 2023, mais...

En revanche, elle a révisé à la hausse ses projections macroéconomiques pour 2023 à 0,9% contre 0,7% en juin dernier. La Banque centrale s'aligne donc avec les derniers chiffres de l'Insee pour cette année. « C'est un scénario de désinflation sans rechute de la croissance, mais sans accélération de l'activité », a déclaré Olivier Garnier, directeur des études à la Banque de France lors d'une conférence de presse. Ce scénario plus sombre pour 2024 s'explique par une baisse de la demande adressée à la France. Les statisticiens ont, en effet, fortement dégradé leurs chiffres de prévision du commerce extérieur.

De son côté, le gouvernement, en pleine préparation du budget 2024, a rendu publiques les dernières prévisions de Bercy en fin de semaine dernière. Résultat, l'exécutif a révisé à la baisse la croissance pour l'année prochaine à 1,4% contre 1,6% précédemment. Mais elle demeure encore bien supérieure à celle estimée par la Banque de France.

Lire aussiBudget : le gouvernement révise à la baisse ses prévisions de croissance pour 2024

Une inflation plus forte que prévu

Sur le front de l'inflation, les conjoncturistes tablent sur un indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) plus élevé que prévu en 2023 à 5,8% contre 5,6% en juin. Ils ont également revu à la hausse l'inflation pour 2024 à 2,8% contre 2,6%. «L'inflation totale est révisée à la hausse en raison des prix de l'énergie », a indiqué Olivier Garnier. Au cours de l'été, les prix du baril de Brent ont flambé après la fermeture progressive du robinet du pétrole par les membres de l'Opep et la Russie. À cela s'est ajoutée la récente hausse des prix réglementés de l'électricité de 10% depuis le début du mois d'août.

Lire aussiPétrole : Riyad et Moscou font flamber les cours en restreignant leur offre jusqu'à la fin de l'année

Ce rebond n'a cependant rien à voir avec l'onde de choc de la guerre en Ukraine qui a provoqué un séisme sur les marchés mondiaux de l'énergie, des matières premières ou encore agricoles.

La poursuite de la politique monétaire restrictive de la Banque centrale européenne (BCE) devrait encore pousser la demande vers le bas contribuant ainsi à faire reculer l'inflation. D'après le modèle de la Banque de France, l'inflation devrait revenir en deçà de la cible de la BCE de 2% à partir de 2025.

Un pouvoir d'achat en berne et légère hausse de la consommation à partir de 2024

Sans surprise, l'inflation continue de frapper les Français au porte-monnaie. Après l'entrée en guerre de la Russie en Ukraine, l'indice des prix à la consommation a bondi vers des sommets inédits depuis la mise en oeuvre de la zone euro. Résultat, la plupart des consommateurs ont perdu du pouvoir d'achat en 2022.

En revanche, pour 2023, la Banque de France s'attend à une légère progression (+0,6%) en raison notamment de la hausse des revenus non salariaux (primes, intéressement).

Mais la consommation fait du surplace cette année (0%). Elle pourrait toutefois remonter à partir de l'année prochaine (+1,8%).

La croissance de la zone euro en panne sèche

Outre la remontée des taux, le contexte international dégradé devrait, lui aussi, peser sur l'activité tricolore. D'abord en zone euro, l'économie allemande, principal partenaire commercial de l'Hexagone, continue de patiner. Après avoir connu une récession, l'Allemagne devrait encore tousser l'année prochaine en raison de sa dépendance à l'économie chinoise qui tourne actuellement au ralenti.

A s'ajoutent les déboires de l'économie britannique toujours empêtrée dans une stagnation. Au niveau mondial, le secteur de l'immobilier traverse une violente crise ravivant le spectre de la profonde crise des « Subprimes » de 2008. Quinze ans après, les économistes écartent pour l'instant ce scénario noir. Mais de nombreux signaux négatifs assombrissent grandement les perspectives d'une économie mondiale à bout de souffle.

Grégoire Normand
Commentaires 23
à écrit le 20/09/2023 à 11:40
Signaler
LA BCE la Bonne Complicité des Entourloupeurs...comment font ils .....

à écrit le 19/09/2023 à 18:00
Signaler
En parlant de banque : Imaginez rembourser votre prêt bancaire en avance et écoper d’une pénalité financière en retour. C’est ce qu’a vécu Daniel Neveu, gérant de l'Atelier de construction et de fabrication mécanique (ACFM) à Saint-Orens, en Haute...

à écrit le 19/09/2023 à 17:20
Signaler
Quelqu'un pourrait-il expliquer @marc469 - le porte-parole du macronisme - que tout d'abord, des hausses de salaire attendues de 4.5% ne sont pas des hausses (à minima) effectives. Puis ensuite, à imaginer qu'elles le seraient, ces hausses attendues ...

le 19/09/2023 à 17:28
Signaler
Sans doute mais ce n'est pas pour autant que nous sommes en stagflation. On aura une belle récession mais (desolé pour les nostalgiques) pas de vraie stagflation. Quand la récession triomphera, après les séquelles inflationnistes des quoi qu'il en co...

à écrit le 19/09/2023 à 10:24
Signaler
Mais non La Tribune, faisons confiance à Bruno Le Maire qui ne se trompe jamais quand il parle d'effondrement économique! :)

à écrit le 19/09/2023 à 9:24
Signaler
Ils sont "formidables" les politiques et les technocrates🤡, car non seulement ils ont toujours un train de retard dans leur approche macroéconomique, mais tentent en plus par tous les moyens de s'accrocher au courant "mainstream", au point s'emmêler ...

à écrit le 19/09/2023 à 8:52
Signaler
Le résultat est sans surprise. Certaines politiques mènent à la récession et au chomage,cela se fait en deux temps. On sait maintenant , mais pas semble-t-il les hommes politiques européens , que les périodes de croissance accompagnent les périodes d...

le 19/09/2023 à 10:57
Signaler
"Les hausses massives des coûts de l'électricité et des combustibles fossiles sans raison autre que la fumeuse transition écologique" : la guerre en Ukraine, les problèmes techniques de nos centrales nucléaires, la réduction de production de pétrole ...

le 19/09/2023 à 11:00
Signaler
Vous êtes plus fort que le gouverneur de la Banque de France ! Quelles ont les sources de vos prévision ?

à écrit le 19/09/2023 à 8:47
Signaler
Ben Oui les enfants, une croissance quasiment atone conjointement au renchérissement des prix qui ne reflue pas, ça s'appelle la stagflation, comme je m'évertue à vous l'écrire depuis des semaines😜

le 19/09/2023 à 11:02
Signaler
Vous omettez juste un détail : les revenus ont augmenté de 4.5 %.

le 19/09/2023 à 20:15
Signaler
@marc469 4.5 %, effectivement c'est un détail vu les hausses actuelles en plus, il s'agit d'une moyenne

à écrit le 19/09/2023 à 6:15
Signaler
Nos dirigeants sont nuls.

le 19/09/2023 à 9:15
Signaler
La poussée de fièvre des prix de l'énergie, vous l'aviez prévue depuis longtemps, bien entendu ...

le 20/09/2023 à 8:49
Signaler
Désolé d'écrire ce que personne n'écrit alors que si l'employé lambda travailleur et courageux fait une seule erreur tout lui retombe sur la gueule, pourquoi nos responsables économiques et politiques n'assumeraient pas alors que pouvant décider de t...

à écrit le 19/09/2023 à 6:13
Signaler
Mais si l´économie se bloque, ce n´est pas seulement à cause des déséquilibres accumulés, du vieillissement de la population, etc. : il y a une claire volonté politique en Europe (ne parlons pas de Macron) d´empêcher l´immobilier. Comme cette branche...

à écrit le 19/09/2023 à 2:40
Signaler
Etrange de constater le manque d'anticipation de tous ces clowns.

le 19/09/2023 à 6:16
Signaler
En effet c'est soit de l'incompétence soit de la malhonnêteté et donc indéfendable dans les deux cas.

le 19/09/2023 à 11:03
Signaler
Vous aviez tout anticipé bien entendu !!!!!!

à écrit le 18/09/2023 à 22:23
Signaler
Une hausse de la consommation en 2024 ? Certainement pas ! Je tiens bien à punir ce gouvernement pour la réforme des retraites, le refus de reindexer les salaires sur inflation Alors que c est la règle en Europe et que les marges des entreprises n o...

le 19/09/2023 à 11:06
Signaler
C'est sûr que la baisse de VOTRE consommation va impacter durement les finances du pays !!!!! Votre vie doit être bien triste.

le 19/09/2023 à 20:17
Signaler
@marc469 Cela une moyenne avec ton train de vie .

à écrit le 18/09/2023 à 22:20
Signaler
Une hausse de la consommation en 2024 ? Certainement pas ! Je tiens bien à punir ce gouvernement pour la réforme des retraites, le refus de reindexer les salaires sur inflation Alors que c est la règle en Europe et que les marges des entreprises n o...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.