
Les nuages s'amoncellent au-dessus de l'économie française. Après un été marqué par des records de températures, les entreprises et les ménages vont devoir affronter un automne plus sombre que prévu. Dans ses dernières projections macroéconomiques dévoilées ce lundi 18 septembre, la Banque de France a légèrement dégradé sa prévision pour 2024 à 0,9% contre 1% en juin
En revanche, elle a révisé à la hausse ses projections macroéconomiques pour 2023 à 0,9% contre 0,7% en juin dernier. La Banque centrale s'aligne donc avec les derniers chiffres de l'Insee pour cette année. « C'est un scénario de désinflation sans rechute de la croissance, mais sans accélération de l'activité », a déclaré Olivier Garnier, directeur des études à la Banque de France lors d'une conférence de presse. Ce scénario plus sombre pour 2024 s'explique par une baisse de la demande adressée à la France. Les statisticiens ont, en effet, fortement dégradé leurs chiffres de prévision du commerce extérieur.
De son côté, le gouvernement, en pleine préparation du budget 2024, a rendu publiques les dernières prévisions de Bercy en fin de semaine dernière. Résultat, l'exécutif a révisé à la baisse la croissance pour l'année prochaine à 1,4% contre 1,6% précédemment. Mais elle demeure encore bien supérieure à celle estimée par la Banque de France.
Une inflation plus forte que prévu
Sur le front de l'inflation, les conjoncturistes tablent sur un indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) plus élevé que prévu en 2023 à 5,8% contre 5,6% en juin. Ils ont également revu à la hausse l'inflation pour 2024 à 2,8% contre 2,6%. «L'inflation totale est révisée à la hausse en raison des prix de l'énergie », a indiqué Olivier Garnier. Au cours de l'été, les prix du baril de Brent ont flambé après la fermeture progressive du robinet du pétrole par les membres de l'Opep et la Russie. À cela s'est ajoutée la récente hausse des prix réglementés de l'électricité de 10% depuis le début du mois d'août.
Ce rebond n'a cependant rien à voir avec l'onde de choc de la guerre en Ukraine qui a provoqué un séisme sur les marchés mondiaux de l'énergie, des matières premières ou encore agricoles.
La poursuite de la politique monétaire restrictive de la Banque centrale européenne (BCE) devrait encore pousser la demande vers le bas contribuant ainsi à faire reculer l'inflation. D'après le modèle de la Banque de France, l'inflation devrait revenir en deçà de la cible de la BCE de 2% à partir de 2025.
Un pouvoir d'achat en berne et légère hausse de la consommation à partir de 2024
Sans surprise, l'inflation continue de frapper les Français au porte-monnaie. Après l'entrée en guerre de la Russie en Ukraine, l'indice des prix à la consommation a bondi vers des sommets inédits depuis la mise en oeuvre de la zone euro. Résultat, la plupart des consommateurs ont perdu du pouvoir d'achat en 2022.
En revanche, pour 2023, la Banque de France s'attend à une légère progression (+0,6%) en raison notamment de la hausse des revenus non salariaux (primes, intéressement).
Mais la consommation fait du surplace cette année (0%). Elle pourrait toutefois remonter à partir de l'année prochaine (+1,8%).
La croissance de la zone euro en panne sèche
Outre la remontée des taux, le contexte international dégradé devrait, lui aussi, peser sur l'activité tricolore. D'abord en zone euro, l'économie allemande, principal partenaire commercial de l'Hexagone, continue de patiner. Après avoir connu une récession, l'Allemagne devrait encore tousser l'année prochaine en raison de sa dépendance à l'économie chinoise qui tourne actuellement au ralenti.
A s'ajoutent les déboires de l'économie britannique toujours empêtrée dans une stagnation. Au niveau mondial, le secteur de l'immobilier traverse une violente crise ravivant le spectre de la profonde crise des « Subprimes » de 2008. Quinze ans après, les économistes écartent pour l'instant ce scénario noir. Mais de nombreux signaux négatifs assombrissent grandement les perspectives d'une économie mondiale à bout de souffle.