Macron : un an de réformes

Par Grégoire Normand  |   |  859  mots
Le gouvernement d'Édouard Philippe (à gauche) a fait passer plusieurs mesures très débattues à la fois pour les ménages et pour les entreprises. (Crédits : Reuters)
[Un an de présidence Macron] Au cours de la première année de son quinquennat, Emmanuel Macron a déjà mis en oeuvre un vaste programme de réformes économiques et sociales, notamment en accroissant la libéralisation du marché du travail et en allégeant la fiscalité des entreprises. Mais les effets de cette politique économique pourraient se faire attendre.

Les réformes sont menées au pas de charge depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron. Lors d'un déplacement en Inde au mois de février dernier, le chef de l'État avait affiché sa détermination à poursuivre sur ce rythme. La transformation du pays, « ça ne se fait pas en six mois et ça n'a pas vocation à se terminer en cent jours ». Au regard des chantiers à venir, la cadence ne devrait pas ralentir au cours de la deuxième année de son mandat. Mais l'exécutif doit parfois modifier son calendrier. Initialement annoncée pour être présentée en conseil des ministres le 18 avril dernier, puis le 2 mai, la loi Pacte [Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises, ndlr] tant attendue ne devrait pas être prête avant le début du mois de juin.

Ce qui a déjà été fait

Sur le plan économique, Emmanuel Macron est passé à l'offensive. La transformation du Code du travail adoptée à l'automne dernier comporte des volets représentant un véritable chambardement pour le marché du travail. La primauté des accords d'entreprise sur les accords de branche dans certains cas, ou la barémisation des indemnités prud'homales modifient profondément les relations entre les employeurs, les salariés et leurs représentants. La suppression du Régime social des indépendants (RSI) et la fusion des instances représentatives du personnel dans un comité social et économique constituent également deux mesures emblématiques de la réforme passée par ordonnances au cours de l'automne dernier.

Au niveau fiscal, le gouvernement d'Édouard Philippe a fait passer plusieurs mesures très débattues à la fois pour les ménages et pour les entreprises. La fin de l'impôt sur la fortune (ISF) et la mise en place de l'impôt sur la fortune immobilière (IFI), la taxation uniforme à 30% des revenus (prélèvement forfaitaire unique) visent à simplifier et à abaisser la fiscalité sur le capital. La hausse de la CSG et la baisse des cotisations sociales pour les actifs, le dégrèvement progressif de la taxe d'habitation pour 80% des foyers assujettis ont été adoptés au sein du projet de loi de finances pour 2018. La baisse de 5% des aides personnalisées au logement (APL) est également une annonce qui lui a coûté cher politiquement pour un résultat très incertain. Les hausses de fiscalité sur le tabac et le carburant ont aussi pesé sur le pouvoir d'achat des Français au cours du premier trimestre.

Enfin, la fiscalité des entreprises voulue par Emmanuel Macron s'avère très favorable pour les entrepreneurs, avec une baisse de l'impôt sur les sociétés de 33% à 25% d'ici à 2022.

Les réformes en cours

Parmi les chantiers entamés, la réforme de la formation professionnelle, de l'apprentissage et de l'assurance chômage, présentée en conseil des ministres le 27 avril dernier, a parfois donné lieu à d'âpres débats. Le renforcement du contrôle des chômeurs a suscité de nombreuses interrogations sur son efficacité. Par ailleurs, l'élargissement des indemnités chômage aux salariés démissionnaires et aux indépendants pourrait finalement se limiter à un public relativement limité avec des critères restrictifs. Pour les salariés et les demandeurs d'emploi, l'exécutif veut mettre en place un compte personnel de formation (CPF) crédité de 500 euros par an. Au total, une enveloppe de 15 milliards d'euros sur cinq ans est prévue pour la formation.

Outre la formation, le gouvernement d'Édouard Philippe a présenté à la fin du mois de mars son plan pour développer à grands pas l'intelligence artificielle. L'une des principales préconisations du rapport du mathématicien et député de l'Essonne Cédric Villani est d'endiguer la fuite des cerveaux français à l'étranger. L'autre volet important du document est d'attirer les investisseurs étrangers en renforçant l'attractivité du territoire français. Mais, là encore, les défis pour Emmanuel Macron sont nombreux, à commencer par l'absence de géants français du numérique sur la scène mondiale. Les Gafam américains (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) et les BATX chinois (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) risquent encore de dominer le secteur de l'intelligence artificielle pendant un long moment.

Au niveau des transports, de nombreux chantiers ont été ouverts. Pour la SNCF, la fin du statut des cheminots pour les nouveaux entrants, la création d'une société anonyme et la reprise d'une partie de la dette du groupe constituent les principaux axes d'une réforme à risque pour le gouvernement, qui doit faire face à la contestation des employés du rail.

Pour la fonction publique, l'ancien ministre de l'Économie a prévu la suppression de 120.000 postes de fonctionnaires sur le quinquennat, un recours accru aux contractuels et une rémunération individualisée basée sur le mérite. Mais pour l'instant, le gouvernement peine à convaincre les partisans d'une réduction de la dépense publique. En effet, 1.600 postes dans la fonction publique devraient être supprimés cette année alors que les ambitions du gouvernement sont largement supérieures.