Micro-entreprise : un revenu moyen de 440 euros par mois

Par Grégoire Normand  |   |  736  mots
"Entre 2014 et 2015, le revenu d’activité moyen des micro-entrepreneurs augmente de 6,1 %, celui des non-salariés classiques progresse de 2,5 % : + 3,0 % pour les entrepreneurs individuels classiques et + 1,7 % pour les gérants majoritaires de sociétés", explique l'Insee. (Crédits : © Reuters Photographer / Reuter)
Pour compléter leur revenus, près d'un tiers des micro-entrepreneurs exercent une activité salariée, révèle l'Insee.

Selon une étude de l'Insee publiée ce mardi 13 février, la France, en 2015, comptait 2,7 millions de personnes exerçant une activité non salariée (hors secteur agricole). Sur ce total, 29% sont micro-entrepreneurs. Ce qui représente environ 810.000 personnes. Si l'entrepreneuriat en France reste dynamique, comme peuvent l'illustrer les derniers chiffres publiés par le service de statistiques, le statut de micro-entrepreneur peut rapidement présenter des limites.

La forte hausse observée à partir de 2009 correspond à l'entrée en vigueur du régime des auto-entrepreneurs. Ce statut permet aux salariés, chômeurs, retraités ou étudiants de développer une activité à titre principal ou complémentaire pour accroître leurs revenus avec des démarches simplifiées et un régime fiscal avantageux. Depuis le 19 décembre 2014, "de nouvelles dispositions définies par la loi Pinel de juin 2014 s'appliquent au régime de l'auto-entrepreneur. En particulier le terme de micro-entrepreneur se substitue à celui d'auto-entrepreneur", rappelle l'Insee.

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440 euros net, un revenu moyen 2,3 fois inférieur au seuil de pauvreté

Les chiffres relatifs au revenu moyen des micro-entrepreneurs sont particulièrement frappants. Selon l'institut de statistiques, les micro-entrepreneurs économiquement actifs retirent en moyenne 440 euros net par mois de leur activité non-salariée en 2015, "soit près de huit fois moins que les non-salariés classiques". Cette somme est 2,3 fois inférieure au seuil de pauvreté, fixé à 1.015 euros net par mois (seuil à 60 % du revenu médian). A titre de comparaison, le revenu mensuel moyen de l'ensemble des non-salariés (y compris les micro-entrepreneurs) s'élevait à 2.520 euros. Et hors-micro-entrepreneurs, il s'établissait à 3.340 euros.

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Les économistes de l'organisme public expliquent que "le faible revenu des micro-entrepreneurs est lié à la nature de ce régime qui impose des plafonds sur les chiffres d'affaires pour en bénéficier". Mais avec le doublement des plafonds de chiffre d'affaires de la micro-entreprise (165.600 euros pour les activités d'achat/vente de marchandises, et 66.400 euros pour les activités de services) depuis le premier janvier 2018, la situation pourrait évoluer à l'avenir.

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Face à ce faible niveau de revenu, l'Insee souligne que 30% des micro-entrepreneurs cumulaient cette activité avec un travail salarié, contre 10% des autres indépendants. "L'exercice parallèle d'une activité salariée est fréquent, notamment pour les non-salariés classiques exerçant dans l'enseignement, la santé et les activités artistiques et récréatives."

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Ralentissement du nombre de micro-entrepreneurs

Contrairement à certaines idées reçues, si le nombre de micro-entreprises continue d'augmenter, son rythme de progression ralentit. A la fin de l'année 2015, 795.000 micro-entrepreneurs étaient économiquement actifs.

"Leurs effectifs continuent de progresser (+ 5,9 %), mais moins que les années précédentes (+ 8,2 % en 2014 et + 15,8 % en 2013)".

L'organisme de statistiques relève que ce ralentissement peut être lié au durcissement des conditions d'accès à ce statut fin 2014.

Des disparités de revenus plus marquées chez les non-salariés

Les inégalités de revenus sont particulièrement visibles chez les non-salariés. Selon les experts de l'Insee, elles seraient même plus marquées que chez les salariés du privé. Dans le détail, l'étude signale que :

"Le commerce de détail hors magasin génère les revenus les plus faibles (1.070 euros par mois en moyenne), derrière les taxis (y compris VTC), les services personnels et les activités artistiques et récréatives (de 1.350 à 1 460 euros mensuels). Les médecins et dentistes perçoivent en moyenne les revenus les plus élevés (8 470 euros), devant les juristes et comptables (7 880 euros) et les pharmaciens (7 220 euros)."

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Progression des revenus

Outre ces disparités, le revenu d'activité des travailleurs indépendants a progressé de 2,5% en 2015 contre 1,7% en 2014. Du côté des entrepreneurs individuels, il s'accroît de 3%  contre 1,9% en 2014 et de 1,7% pour les gérants de société après 1,6% en 2014. Chez les micro-entrepreneurs, leurs revenus augmentent à nouveau (+6,1%) après plusieurs années de baisse  (- 1,9 % par an en moyenne entre 2009 et 2014). Ce relatif dynamisme s'inscrit dans une conjoncture économique favorable confirmée de jour en jour par l'amélioration des principaux indicateurs.

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