Pauvreté : les associations attendent le gouvernement de pied ferme

Explosion des demandes d'aide alimentaire, crainte de "centaines de milliers de pauvres" supplémentaires: les associations de lutte contre l'exclusion crient à "l'urgence" face à la crise du Covid et attendent de pied ferme les nouvelles mesures que doit annoncer le gouvernement samedi.
(Crédits : Reuters)

Pour elles, le plan de relance et le projet de budget 2021 de l'Etat ne comprennent presque "rien" pour aider les plus précaires, fortement pénalisés aussi bien sur le plan sanitaire qu'économique. Dans son interview télévisée mercredi soir, Emmanuel Macron a annoncé "une aide exceptionnelle" de 150 euros pour les allocataires du RSA, plus un pécule de 100 euros par enfant à charge, également octroyé aux familles bénéficiant d'aides au logement. Cette aide, déjà versée au printemps lors de la première vague de l'épidémie, devrait bénéficier à 4,1 millions de foyers, incluant 5 millions d'enfants.

"Une prime ça met du beurre dans les épinards pendant un ou deux mois mais ce n'est pas ça qui change la vie durablement, qui permet d'avoir un logement pérenne ou de prévoir de pouvoir payer la cantine toute l'année", réagit auprès de l'AFP la présidente d'ATD Quart Monde, Marie-Aleth Grard.

Des annonces attendues

Samedi, à l'occasion la journée mondiale du refus de la misère, le Premier ministre devait annoncer de nouvelles mesures à destination des plus vulnérables mais Matignon a bouleversé son agenda à la suite de l'attentat de vendredi dans le Val d'Oise. Les associations, reçues il y a deux semaines par Jean Castex, espèrent notamment une augmentation du RSA et son extension aux jeunes de 18 à 25 ans.

Mais le président a d'ores et déjà fermé la porte mercredi à cette revendication: "Nos fondamentaux, c'est la lutte contre la pauvreté par le retour à l'activité et le travail", a-t-il déclaré, estimant que "plus on augmente nos minima sociaux, plus on rend difficile le retour à l'activité".

"Il ne peut pas y avoir de retour à l'emploi sans un coup de pouce financier auprès de ceux qui ont peu (le RSA) et de ceux qui n'ont rien (les jeunes entre 18 et 25 ans)", insiste auprès de l'AFP Florent Guéguen, le directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS).

"On n'y arrive plus"

"On assiste à la paupérisation de toute une partie de la population, notamment celle qui n'a pas été protégée par le chômage partiel ni par l'indemnisation du chômage", souligne ce responsable associatif, pour qui la crise a d'abord frappé les précaires, intérimaires et autres employés dont le CDD n'a pas été renouvelé.

Abderezak, 48 ans, rencontré par l'AFP dans la file d'attente d'un centre parisien des Restos du coeur, fait partie de ces personnes qui viennent de basculer dans la pauvreté. Ce père de deux jeunes enfants, qui fait des extras dans la restauration quelques heures par semaine, n'a pas travaillé pendant la crise.

Lui qui n'avait "jamais demandé de l'aide avant", et dont l'épouse ne travaille pas, dit n'avoir plus d'autre choix depuis le confinement: "Le lait pour bébé, les couches, la lessive... Tout ça c'est cher. On n'y arrive plus".

Combien sont-elles, ces personnes que le Covid-19 a fait basculer sous le seuil de pauvreté? Selon les derniers chiffres officiels, la France comptait 9,3 millions de pauvres en 2018 et ils pourraient être un million supplémentaire du fait de la crise, ont avancé certaines associations, même si cette estimation n'a rien d'officiel.

Quelques indices émergent toutefois: selon une étude publiée mercredi par l'Insee, le confinement a entraîné l'appauvrissement d'un quart des ménages, mais l'effet a été encore plus néfaste pour les familles qui comptaient déjà parmi les plus démunies.

Le Secours populaire a enregistré une explosion des demandes d'aide alimentaire pendant le confinement, où près d'un requérant sur deux était un nouveau venu. Et les demandes de RSA se sont envolées de 9,2% entre août 2019 et août 2020, dans un échantillon de 15 départements, selon l'Association des départements de France.

Pour le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, le gouvernement ne peut pas, face à ces indicateurs alarmants, réduire le débat à un choix entre soutenir financièrement les personnes en difficulté et les aider à "trouver un boulot". "Nous voulons les deux", a insisté le responsable syndical mercredi dans Libération.

Commentaire 1
à écrit le 20/10/2020 à 10:13
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"Mon but, mon espoir est que mon association ne dure pas, elle n'est pas faite pour cela, je ne le veux pas, afin que les pauvres puissent enfin manger à leur faim un jour en France" COLUCHE

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