Politique économique : deux tiers des Français désapprouvent Macron

Par Grégoire Normand  |   |  926  mots
67 % des Français ont le sentiment que leur pouvoir d’achat a diminué au cours des 12 derniers mois selon BVA. (Crédits : POOL New)
Les Français jugent sévèrement la politique économique d'Emmanuel Macron selon la dernière enquête d'opinion exclusive BVA/La Tribune. Les conséquences des réformes semblent peser sur l'opinion.

L'automne s'annonce difficile pour Emmanuel Macron. Après un été controversé marqué par l'affaire Benalla et la récente démission du ministre de la transition écologique Nicolas Hulot, la politique économique menée par le gouvernement est jugée défavorablement par une large majorité de Français selon le dernier baromètre BVA/La Tribune sur les questions de l'économie.

Cette chute dans l'opinion intervient alors que la conjoncture économique connaît quelques ratés. La croissance a fortement ralenti au cours du premier semestre en raison notamment d'une consommation atone. Et les perspectives ne sont pas au beau fixe. La Banque de France vient de baisser ses prévisions de croissance à 1,6 % pour 2018. Les économistes de l'institution bancaire expliquent cet abaissement par "un trou d'air" plus marqué qu'attendu au premier semestre 2018. Le gouvernement d'Edouard Philippe compte sur la disparition de la taxe d'habitation pour une majorité des ménages et la suppression de la cotisation salariale pour l'assurance-chômage à partir du premier octobre prochain pour relancer la consommation.

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Une politique économique désapprouvée

Selon la dernière enquête menée par l'institut de sondages, 67 % des Français interrogés estiment que la politique économique du gouvernement est mauvaise. Sur ce total, 39 % estiment qu'elle est plutôt mauvaise et 28 % qu'elle est très mauvaise. Le chef de l'État perd 12 points par rapport à mai dernier.

Par catégorie, ce sont principalement les femmes (68 %) qui jugent défavorablement les réformes de Macron. Cette désapprobation est également visible chez les personnes ayant un niveau d'étude inférieur au bac (77 %), les employés et ouvriers (73 %), les 35-49 ans (70 %) et les 50-64 ans (70 %), alors que les jugements sont plus réservés chez les 65 ans et plus (bien qu'en hausse de 16 points, à 63 %), les habitants de l'agglomération parisienne (61 %), les personnes vivant dans des foyers ou les revenus mensuels sont supérieurs à 3.500 euros (56 %) et les cadres (53 %), qui sont néanmoins majoritairement négatifs.

Selon la couleur politique, le clivage est particulièrement marqué. Une très grande majorité des sympathisants de la République en marche estiment que la politique économique est bonne quand 77 % des sympathisants de la gauche (71 % au Parti socialiste et 86 % de la France insoumise) considèrent. que la politique menée est mauvaise de même que 66 % des sympathisants de la droite (LR : 64 %, DLF : 81 %) et 76 % des sympathisants du Rassemblement national (ex-FN). L'institut d'enquête d'opinion souligne que "c'est chez les sympathisants Les Républicains que le basculement des opinions est le plus important : ils n'étaient que 42 % à juger en mai 2018 que la politique économique était mauvaise."

Le pouvoir d'achat au centre des inquiétudes

La question du pouvoir d'achat cristallise les inquiétudes chez les personnes interrogées. Seulement 24 % des Français font confiance au gouvernement pour prendre des mesures visant à favoriser le pouvoir d'achat. A l'inverse, ils sont 75 % à ne pas accorder leur confiance à l'exécutif pour booster leurs revenus. Si ces chiffres sont relativement stables depuis février, ils existent de sérieux contrastes entre les catégories. "Le taux de confiance des cadres progresse de 6 points (à 31 %) alors qu'il baisse de 3 points chez les employés et ouvriers (à 20 %) et de 4 points également chez les retraités (à 18 %) et qu'il perd aussi 5 points chez les salariés du privé (à 29 %)" explique l'institut de sondages.

Par ailleurs, 6 7% des interrogés ont le sentiment que leur pouvoir d'achat a diminué au cours des 12 derniers mois et ils sont une minorité (6%) à penser qu'il a augmenté. Là encore, il existe de fortes disparités selon les catégories. Chez les retraités, ils sont 84% a avoir le sentiment que leur pouvoir d'achat a baissé. Ils sont 64% chez les employés et ouvriers et 52 % chez les cadres.

Les Français confiants sur l'impôt à la source

Après la multiplication des hésitations du gouvernement sur la mise en place du prélèvement de l'impôt à la source, les Français semblent prêts au passage de la réforme le premier janvier prochain. 83% des répondants ont indiqué qu'ils voyaient précisément ce dont il s'agit. 14% des interrogés indiquent qu'ils en ont uniquement entendu parler et seulement 2% qu'ils n'en n'ont pas entendu parler.

En revanche, si une une grande majorité des Français signalent qu'ils savent bien que l'impôt sera prélevé à la source, ils restent très divisés sur le sentiment que cela provoque chez eux.

"- Pour 28 %, le prélèvement à la source est plutôt une bonne chose, cela répartit mieux le montant de l'impôt sur le revenu à payer sur l'année. Cette opinion est notamment plus présente chez les moins de 35 ans (34%) et les actifs (32%); 

- Pour 43 % le prélèvement à la source ne change rien, c'est notamment l'opinion de 54% des retraités et de 51% des hauts revenus (>3500 euros mensuels pour le foyer)

- Pour 28 %, le prélèvement à la source est plutôt une mauvaise chose, cela donne l'impression que les revenus diminuent, un sentiment que l'on retrouve plus fortement chez les moins de 35 ans (37%), les habitants de communes rurales (37%) et les employés et ouvriers (36%)."

Méthode : enquête réalisée auprès d'un échantillon de 1.026 Français interrogés par Internet du 11 au 13 septembre 2018. La représentativité de l'échantillon a été assurée grâce à la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, CSP du chef de famille et de la personne interrogée, après stratification par région et catégorie d'agglomération.