Popularité : Macron peine à convaincre

Par Grégoire Normand  |   |  1063  mots
Après une baisse continue des bonnes opinions à son égard depuis décembre, Emmanuel Macron enregistre un regain de popularité en avril. (Crédits : XXSTRINGERXX xxxxx)
Malgré un léger regain de popularité au mois d'avril (+3 points), Emmanuel Macron peine à rassembler les Français autour de ses réformes. Selon la dernière enquête mensuelle BVA- La Tribune-Orange-RTL, 54% déclarent avoir une opinion défavorable du Président de la République. À l'opposé, 43% des interrogés signalent avoir une bonne opinion du chef d'État.

(Article publié le 20 avril à 6h, mis à jour à 17h15 avec une infographie de notre partenaire Statista)

La popularité du chef de l'État regagne quelques couleurs. Après une baisse régulière d'opinions favorables depuis de la fin de l'année 2017, Emmanuel Macron connaît léger un regain de popularité au mois d'avril selon la dernière enquête exclusive BVA-La Tribune-Orange-RTL (*). Ce léger rebond intervient pourtant dans un contexte difficile. L'interview à haut risque accordée aux journalistes Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel dimanche a suscité beaucoup de réactions. Et la multiplication des mouvements sociaux ces dernières semaines complique le rythme des réformes pour l'exécutif qui traverse une séquence difficile. L'institut d'enquête d'opinion signale même que l'écart de popularité marque une nette division entre le secteur public et le secteur privé. 53% des employés du privé (+8 points) ont bonne opinion de l'ancien conseiller de François Hollande contre 30% de ceux du secteur public (-2 pts).

43% des interrogés expriment une bonne opinion

Seuls 43% des interrogés par l'organisme de sondages indiquent avoir une bonne opinion de l'ancien ministre de l'Économie, soit une hausse de 3 points par rapport au mois de mars. À l'inverse, 54% des sondés signalent avoir une mauvaise opinion du locataire de l'Élysée. Dans une perspective historique, la popularité d'Emmanuel Macron lors de sa première année de mandat est meilleure que celle de ses prédécesseurs récents. Les bonnes opinions s'établissaient à 32% pour Nicolas Sarkozy (en avril 2008) et à 34% pour François Hollande. Au bout d'un an de présidence, 48% des Français avaient une bonne opinion de Jacques Chirac en avril 1996 et 51% de François Mitterrand en mars 1982. Depuis son arrivée au palais de l'Élysée, l'ancien banquier d'affaires a perdu près de 20 points de pourcentage chez les Français interrogés par BVA. À l'opposé, la part des mauvaises opinions est passée de 35% à 54% en un an.

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(Graphique de notre partenaire Statista)

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Du côté de Matignon, Édouard Philippe regagne quelques points chez les individus interrogés pas BVA. 45% des Français déclarent avoir une bonne opinion du chef du gouvernement (+2 points) contre 51% qui en ont une mauvaise (-3 points) et 4% ne se prononcent pas.

"Ce niveau de popularité du chef du gouvernement à l'issue d'une première année de quinquennat le situe devant les mesures réalisées pour François Fillon (43% en avril 2008) et Jean-Marc Ayrault (32% en avril 2013), 5 points sous celle concernant Jean-Pierre Raffarin en avril 2003 (50%)".

 Remontée chez les moins de 35 ans

Emmanuel Macron regagne 4 points de popularité chez les moins de 35 ans (à 46%) alors que la tranche d'âge des 25-34 ans est celle qui avait le moins voté pour lui. Chez les 35-49 ans, il convainc 36% des interrogés. Chez les femmes, le chef d'État gagne 4 points d'opinions favorables (à 44%). À l'inverse, les progressions sont plus contenues chez les 50-64 ans (+1 point à 40%), les 65 ans et plus (+1 point à 49%) alors que les retraités représentent la catégorie de la population qui a plus le voté pour le candidat de la République en marche. La hausse de la CSG chez les retraités a contribué à l'érosion de la cote de popularité de M.Macron alors que des milliers de seniors ont multiplié les manifestations pour défendre leur pouvoir d'achat au cours du premier trimestre.

>  Lire aussi : Des milliers de retraités manifestent partout mais Macron "ne sent pas de colère" dans le pays

Dans une approche géographique, les bonnes opinions progressent de trois points auprès des habitants en région. Les hausses les plus soutenues concernent les communes rurales avec des populations inférieures à 2.000 habitants (+ 5 points à 46%) et dans les zones périurbaines de 2.000 à 20.000 habitants (+7 points à 40%). Chez les Franciliens, les résultats sont inchangés (à 35%).

Percée chez les sympathisants socialistes et LR

Chez les partis, le Président de la République réalise une véritable percée chez les sympathisants socialistes (31%) avec une progression de 9 points de bonnes opinions et de 14 points chez les proches des Républicains (54%). À l'opposé, la popularité de Macron reste très basse faible chez les sympathisants de la France insoumise (6%) de Jean-Luc Mélenchon et le Front national qui traverse une vraie crise depuis ses échecs aux élections législatives et à la présidentielle de 2017.

À droite, Wauquiez perd du terrain

Chez les sympathisants de droite, Laurent Wauquiez est sur la première marche du podium devant François Baroin et Nicolas Dupont-Aignan. Valérie Pécresse arrive en quatrième position. 57% des sympathisants de la droite veulent que le président de la région Rhône-Alpes-Auvergne ait davantage d'influence dans la vie politique française. Il perd 5 points par rapport au mois de mars dernier. De son côté, la présidente de la région Ile-de-France gagne 3 points chez les proches de la droite.

Du côté des sympathisants Les Républicains, c'est François Baroin qui domine largement le classement (70%), suivi de Valérie Pécresse (62%) et Laurent Wauquiez (62%). Ce dernier est donc loin de faire l'unanimité dans son propre parti. Pour Nicolas Sarkozy, la situation est moins favorable (48%). L'ancien chef de l'État est mis en examen pour "corruption passive", "financement illégal de campagne électoral" et "recel de détournement de fonds libyens".

> Lire aussi : Sarkozy en garde à vue dans l'enquête sur sa campagne 2007

Taubira en tête chez les socialistes

L'élément à noter à chez les sympathisants du PS est l'arrivée en tête de l'ancienne Garde des Sceaux Christiane Taubira qui gagne 13 points (70%). Elle devance désormais Anne Hidalgo qui se place en deuxième position à 52% et subit une chute vertigineuse avec 18 points en moins sur un mois. L'autre fait marquant est la remontée de François Hollande qui gagne 14 points et se situe désormais à 51%. Enfin, le nouveau secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure enregistre une progression significative de 17 points et atteint désormais les 47%. À gauche, l'ancien président du Nouveau parti anticapitaliste Olivier Besancenot domine largement le classement devant Christiane Taubira et Benoît Hamon.

(*) Méthode : Enquête réalisée auprès d'un échantillon de Français recrutés par téléphone puis interrogés par Internet du 18 au 19 avril 2018. Échantillon de 1011 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.