Pouvoir d'achat : les Français sceptiques sur l'efficacité des mesures

Par Grégoire Normand  |   |  1049  mots
Après l’annonce de mesures en faveur du pouvoir d’achat, la baisse de la popularité d’Emmanuel Macron s’arrête en décembre (Crédits : Fabrizio Bensch)
Le dernier baromètre BVA réalisé pour La Tribune, Orange et RTL signale que 63% des Français ne sont pas convaincus par les mesures annoncées par Emmanuel Macron le 10 décembre dernier, pourtant destinées à doper le pouvoir d'achat des revenus modestes.

Selon le dernier baromètre réalisé par BVA pour la Tribune, Orange et RTL ce mercredi 19 décembre, 36% des personnes considèrent que les mesures présentées récemment par le gouvernement seront efficaces pour résoudre la crise du pouvoir d'achat. À l'opposé, 63% estiment qu'elles auront peu d'effet sur le porte-monnaie des Français. Dans le détail, les sympathisants du Rassemblement national (76%), de la gauche (75%) et les ménages ayant des revenus inférieurs à 2.500 euros (67%) semblent les moins convaincus. Il y a enfin de fortes disparités en fonction des secteurs. 40% des salariés du privé jugent que ces mesures seront efficaces contre uniquement 25% de ceux du public.

Après plusieurs semaines de mobilisation, Emmanuel Macron a présenté un arsenal de mesures en faveur du pouvoir d'achat des revenus modestes. L'accélération et l'élargissement de la prime d'activité pour les personnes autour du Smic, la défiscalisation des heures supplémentaires, l'arrêt de la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) pour une bonne partie des retraités, devraient doper le pouvoir d'achat de certaines catégories. Selon la dernière note de conjoncture de l'Insee publiée mardi, tous ces dispositifs de soutien à la demande pourraient relancer la consommation des ménages au cours du premier trimestre.

Lire aussi : Les mesures réclamées par les "gilets jaunes" pourraient doper le pouvoir d'achat

La crise des "Gilets jaunes", une entrave aux réformes pour une majorité de Français

Dans son discours prononcé le 11 décembre dernier, l'ancien ministre de l'Économie a fait comprendre qu'il ne voulait pas faire d'inflexion sur ses prochaines réformes annoncées. « J'entends que le gouvernement poursuive l'ambition des transformations de notre pays que le peuple a choisi il y a maintenant 18 mois ». « Nous avons devant nous à conduire une réforme profonde de l'État, de l'indemnisation du chômage et des retraites. Elles sont indispensables. »

Pourtant les Français interrogés pour le baromètre ne semblent pas du même avis. Seuls 30% des personnes interrogées considèrent que le gouvernement réussira à mettre en place les prochaines réformes prévues dans le projet présidentiel après la crise des "Gilets jaunes." À l'inverse, 68% des Français jugent que la séquence de mobilisation de ce mouvement social inédit empêchera le pouvoir central de mettre en place ces réformes.

L'érosion de la baisse de popularité stoppée

Après plusieurs mois d'effritement, la part des mauvaises opinions à l'égard du chef de l'État s'est stabilisée à 72% au mois de décembre. Entre le mois de juin et la mi-décembre, le pourcentage de mécontentements avait gagné 20 points. À l'inverse, la part des opinions favorables avait chuté sur la même période, passant de 41% à 27%.

L'annonce des mesures par le président de la République semble avoir stoppé la chute de popularité dans l'opinion publique. Dans le détail des résultats, l'organisme de sondages explique que la part des répondants favorables à l'égard du président :

"progresse ainsi de 3 points chez les 50-64 ans (28%), de 3 points chez les retraités (35%), de 2 points chez les ruraux (24%) ainsi que de 2 points auprès des membres de foyers à bas revenus (inférieurs à 1.500 euros mensuels : 21%). Sur le plan politique, un mouvement positif se lit auprès des sympathisants de la droite (+ 4 points, 24%) et des électeurs de François Fillon au premier tour de l'élection présidentielle de 2017 (+3 points, 34%)".

Après 19 mois à la présidence de la République, Emmanuel Macron reste le chef d'État à la plus forte impopularité derrière François Hollande (33%), Jacques Chirac (35%), Nicolas Sarkozy (48%) et François Mitterrand (53%).

Du côté de Matignon, le poids des opinions défavorables se stabilise également. 30% des personnes interrogées ont désormais une bonne opinion d'Édouard Philippe (30% en novembre) contre 68% qui ont une opinion négative de l'ancien maire du Havre (69% en novembre). Ces résultats situent le chef de l'exécutif à un léger niveau au dessus de la mesure de BVA pour Jean-Marc Ayrault (28%) mais nettement en deçà du score de François Fillon lorsqu'il était à Matignon sur la période 2007/2012 (41%).

Xavier Bertrand gagne du terrain

L'autre résultat marquant de ce sondage est la montée favorable de Xavier Bertrand dans l'opinion publique. À la question "souhaitez-vous qu'elle ait davantage d'influence dans la vie politique française ?", 33% des Français mentionnent l'actuel président de la région des Hauts-de-France. Alors que Nicolas Hulot apparaissait en tête de ce classement depuis l'élection d'Emmanuel Macron à la tête de l'Élysée, l'ancien ministre  de la Transition écologique et solidaire qui a quitté le gouvernement en septembre est détrôné avec 32% de réponses positives.

La hausse de la cote d'influence de Xavier Bertrand réside dans une progression de 9 points auprès des sympathisants du PS (38%), de 11 points auprès des sympathisants LaREM (58%) en même temps que d'une stabilisation auprès des sympathisants de la droite (+1point à 56%) signale BVA.

Sur l'échiquier politique, l'autre surprise se trouve à droite. 46% des sympathisants de la droite souhaiteraient que Nicolas Sarkozy ait davantage d'influence dans la vie politique, soit 10 points de plus qu'en novembre dernier. L'ancien chef d'État apparaît en même en troisième position du classement des sympathisants Les Républicains avec une cote d'influence qui progresse de 14 points à 64%. Il passe devant Laurent Wauquiez (-5 points, à 63%), et se place derrière François Baroin (76% stable), Xavier Bertrand (65%, 1 point) et fait jeu égal avec Valérie Pécresse (64%, 3 points).

Taubira en tête à gauche

À gauche, l'ancienne Garde des Sceaux Christiane Taubira domine le classement des cotes d'influence (56%, + 4 points), au côté d'Olivier Besancenot (52%, 2 points), Benoît Hamon (51%,-1 point) et Nicolas Hulot (48%, 1 point). Dans cette partie de l'électorat, François Ruffin (5e à 47%, -4pts) ne tire pas profit de la crise récente, à l'instar de Jean-Luc Mélenchon (42%, -1pt) souligne l'institut de sondages.

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Méthode : enquête réalisée auprès d'un échantillon de Français recrutés par téléphone puis interrogés par Internet du 18 au 19 décembre 2018. Elle est réalisée auprès d'un échantillon de 1.105 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.