Réforme des retraites : les enjeux de la journée de mobilisation du 19 janvier

Ce jeudi, les syndicats appellent de façon unanime à une mobilisation importante contre la réforme des retraites. Tous les secteurs - dans le public et le privé- sont sollicités pour débrayer et manifester. Du coté du gouvernement aussi, cette journée sera importante. Explications
Fanny Guinochet
(Crédits : Reuters)

C'est l'histoire d'un bras de fer social qui va débuter entre les syndicats et les partis d'opposition hostiles à la réforme des retraites et le gouvernement. Un bras de fer explosif dont le coup d'envoi sera donné jeudi 19 janvier avec la première journée de mobilisation, avec un enjeu crucial pour chaque camp.

Chacun joue gros

Jusqu'ici, chacun a tenu sa ligne. Alors qu'ils avaient prévenu en fin d'année qu'ils se mobiliseraient si le décalage de l'âge de départ à la retraite à 64 ans était maintenu, les syndicats sont passés à l'acte à peine terminée, mardi dernier, la présentation du projet de loi par Elisabeth Borne. Dans la foulée, tous sont tombés d'accord pour lancer une journée de mobilisation interprofessionnelle et nationale le 19 janvier. CFDT, CGT, FO ... les grandes centrales nationales appellent donc à une journée d'action massive. De son côté, le gouvernement a lui aussi tenu sa ligne : conformément au projet présidentiel, Emmanuel Macron a décidé de reculer à 64 ans l'âge de départ à la retraite dans le privé, contre 62 aujourd'hui. Et face à la mobilisation des organisations, l'exécutif cherche à se montrer serein. Autrement dit, il respecte le droit de grève, mais demande aux Français une forme de responsabilité.

Les syndicats ensemble

Ce sont sûrement les syndicats qui ont le plus à perdre. Affaiblis ces dernières années, ils espèrent que le dossier des retraites leur permettra de retrouver de la splendeur, du crédit, de l'influence auprès des Français. En effet, après avoir été souvent doublés par des mouvements collectifs spontanés comme les Gilets jaunes ou plus récemment par les contrôleurs de la SNCF, ils espèrent pouvoir montrer qu'ils pèsent encore dans le débat, notamment sur les sujets relatifs au travail, au modèle social comme peut l'être la retraite.

Une fois n'est pas coutume, d'ailleurs, ils ont choisi de faire cause commune, et de peser ensemble. Dans les enquêtes, les Français sont d'ailleurs demandeurs de cette unité.

Aussi, s'ils parviennent à mobiliser ce jeudi, dans le privé comme dans le public, à avancer ensemble, à garder sur cette unité sur la photo, ils auront remporté cette première manche. A charge pour eux, toutefois, de réussir aussi à défiler dans le calme, de manière pacifiste, sans que des blacks-blocs ne viennent perturber leurs cortèges. Un pari difficile, alors que depuis la loi Travail, la plupart des manifestations se terminent dans la violence, perturbées par des casseurs.

Et puis, ce front syndical pourra-t-il tenir ? Si le jeudi 19 marque une importante mobilisation, quid de la suite ? Les centrales ont prévu de se réunir le soir même pour en décider. Si la journée a été suivie, une autre sera d'emblée proposée et il ne fera aucun doute que tous, CGT comme CFDT, tomberont d'accord. En revanche, si la journée d'action du 19 janvier est un flop, la CFDT sera certainement plus à même de vouloir faire un pas de côté, de trouver d'autres façons de peser sur le projet. Les discussions entre les grands leaders risquent alors d'être moins faciles.

Du côté du gouvernement

L'exécutif se dit confiant. Mais, il va évidemment regarder avec attention le déroulé de la journée, mais aussi le nombre de personnes dans les cortèges. Si la manifestation est massive et les débrayages conséquents, ce sera un avertissement. Le signe que la réforme n'est pas bien comprise, que l'effort de pédagogie n'a pas été suffisant. Cette critique est souvent formulée à l'exécutif, au sein même de sa majorité.

Par ailleurs, si les défilés se terminent dans la violence, le gouvernement risque d'être vite tenu pour responsable.

« Et puis, à contrario, si les mobilisations sont faibles, certains purs et durs de la CGT risquent de vouloir monter d'un cran, et bloquer plus encore, les raffineries, les trains etc...», s'inquiète un conseiller ministériel. Et d'ajouter : « On n'est pas à l'abri aussi d'une explosion sociale du côté des jeunes, ou d'une autre catégorie, qui s'exprime dans ce contexte tendu. »

Enfin, cette journée promet d'être aussi un baromètre pour le débat à l'Assemblée nationale. Aujourd'hui, Elisabeth Borne espère encore passer son projet de réforme en ayant une majorité suffisante dans l'Hémicycle. Sans passer par un 49.3. Or, une mobilisation de grande ampleur pourrait faire se détourner du vote des députés encore un peu hésitants - du côté du Modem ou de la droite- .  Et mettre à mal sa stratégie.

Fanny Guinochet
Commentaires 3
à écrit le 17/01/2023 à 9:21
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Qui a t'il eu de positif avec McKron depuis sa mise en place a la tête du périmètre France ? Il n'a fait que diviser pour ensuite essayer de nous amadouer ! Il nous prépare encore quelque chose car cela ne semble pas être une réussite ! ;-)

à écrit le 17/01/2023 à 8:14
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Ce gouvernement est infecte avec les ouvriers. Il cajole les CSP +++ , les ingénieurs, les entrepreneurs de start up et méprisent les ouvriers et les employés. Il accède aux demandes du Medef sur les visites médicales. Je hais ce gouvernement de mil...

à écrit le 16/01/2023 à 22:47
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Nous ne comprenons pas que ce gouvernement comme ces prédécesseurs de droite comme de gauche n ´est pas retenue l’espérance de vie par classe d ´age et par classe sociale !! En clair ce sont les Ouvriers et employés les classes à l espérance de v...

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