Industrie verte, retraites, fiscalité : les chantiers périlleux de Bruno Le Maire en 2023

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a affirmé ce jeudi que « le grand enjeu de 2023 est la réindustrialisation ». Entre des prix de l'énergie toujours élevés, la nécessité de décarboner les usines les plus polluantes et les menaces de récession, l'industrie tricolore s'apprête à traverser une année chaotique.
Grégoire Normand
Bruno Le Maire et Elisabeth Borne lors de la présentation de la réforme des retraites le 10 janvier dernier.
Bruno Le Maire et Elisabeth Borne lors de la présentation de la réforme des retraites le 10 janvier dernier. (Crédits : Reuters)

Les dossiers s'empilent sur le bureau du ministre de l'Economie Bruno Le Maire en ce début d'année 2023. Alors que le gouvernement a présenté sa réforme des retraites mardi dernier, le locataire de Bercy a déroulé son copieux programme de travail pour les prochains mois. Entre l'industrie, les retraites et les finances publiques, les chantiers de Bercy s'annoncent périlleux. Lors de ses vœux à la presse présentés ce jeudi 12 janvier à l'hôtel des ministres, Bruno Le Maire s'est déclaré « optimiste, volontariste et déterminé. La France a vocation avec l'Allemagne à être la première économie européenne dans les prochaines années [...] La croissance française se tient. Nous continuons à créer des emplois industriels. »

Pourtant, les derniers chiffres de la croissance dévoilés par la Banque de France sont loin d'être favorables. Les économistes tablent sur une modeste accélération du PIB de 0,1% au premier trimestre 2023 après avoir quasiment fait du surplace au dernier trimestre 2022. Au niveau international, la Banque mondiale a revu à la baisse ses dernières projections de croissance du PIB planétaire, redoutant une récession pour cette année. Dans ce contexte brûlant, la tâche du ministre pour tenir sa prévision d'une croissance de 1% en 2023 et mener à bien les chantiers de relance de l'industrie verte semble ardue.

En moins de trois ans, l'économie mondiale a subi de plein fouet les répercussions néfastes de la pandémie et de la guerre en Ukraine. Comme la plupart de ses voisins européens, la France a dû importer en masse des masques, des blouses de protection pour les soignants, des médicaments de base. A cela se sont ajoutés tous les déboires de l'industrie européenne et française confrontés à la fermeture des économies asiatiques. Dans ce climat dégradé, le ministre de l'Economie a affirmé que « le grand enjeu de cette année est la réindustrialisation. Ce qui peut déstabiliser le monde de demain est Taïwan. Si demain il y a un conflit à Taïwan, tous les pays devront se couper du principal fournisseur de semi-conducteurs sur la planète. »

Industrie verte : un projet de loi au printemps

Lors de son intervention, le ministre a mis l'accent sur le projet de loi de l'industrie verte actuellement en préparation. Le texte, dont la méthode s'inspire de la loi Pacte votée en 2019, devrait être présenté au printemps. Il a assuré que « le coût de cette loi sur la réindustrialisation verte doit être de zéro. L'idée est de faire basculer le système fiscal français vers le verdissement de l'économie » Critiqué pour les subventions accordées aux énergies fossiles, le gouvernement veut montrer qu'il change de cap mais la transition pourrait être douloureuse. Il n'a pas caché que « l'industrie verte fera des gagnants et des perdants. »

Retraites : un point de PIB attendu, un taux d'emploi des seniors à 70%

L'autre chantier qui devrait bien occuper les équipes de Bercy est l'épineuse réforme des retraites. Alors que le gouvernement doit présenter sa réforme en conseil des ministres le 23 janvier prochain, les statisticiens du ministère des Finances font encore tourner les modèles pour finaliser la très attendue étude d'impact qui doit accompagner le projet de loi. Interrogé sur l'absence d'une telle étude lors de la présentation à la presse le 10 janvier dernier, l'entourage du ministre affirme que « les derniers arbitrages de la réforme ont été dévoilés à la dernière minute.  »

En attendant d'avoir des chiffres plus précis sur les répercussions macroéconomiques de la réforme, Bruno Le Maire a réaffirmé que ce projet devrait permettre d'engendrer un point de produit intérieur brut (PIB) supplémentaire d'ici 2030, soit environ 25 milliards d'euros. Sur le front de l'emploi, Bercy espère augmenter le taux d'emploi des seniors à 70% en France. Actuellement, le taux d'emploi des seniors est de 56% en France contre 60,5% en moyenne dans l'Union européenne selon les derniers chiffres de la direction statistique du marché du travail dévoilés ce jeudi 12 janvier.

Finances publiques : des assises organisées dès février

Sur le plan fiscal, Bruno Le Maire a tout d'abord insisté sur la nécessité de réduire la dépense publique. Après la mise en place du « quoi qu'il en coûte » au printemps 2020, le ministre veut procéder à une revue des dépenses publiques. « Nous allons convoquer les différents responsables d'administration dès le mois de février pour voir quelles sont les baisses de dépenses publiques possibles » a-t-il expliqué. Il a également ajouté que des assises des finances publiques se tiendront à Bercy au printemps.

Sur le plan international, la France doit mettre en œuvre l'accord sur la fiscalité internationale établissant un taux minimum de 15% en transposant les textes des directives européennes. Mais l'application de cette taxe pourrait prendre du retard compte tenu des réticences de certains Etats en Europe. Sur le Vieux continent, « on est arrivé à un accord plus tard que prévu. Cela a pris six mois de plus que prévu sauf que le calendrier initial pour l'application des textes n'a pas changé. Beaucoup d'Etats n'ont pas écrit une page pour assurer la transposition des textes dans leur pays » confie une source à Bruxelles.

Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 13/01/2023 à 12:55
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Si c'était si 'périlleux' que cela, il y a longtemps que M Lemaire aurait disparu du paysage politique vu son incompétence maintes fois démontrée et la quantité de mensonges dont il nous abreuve

à écrit le 12/01/2023 à 19:11
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"La France a vocation avec l'Allemagne à être la première économie européenne dans les prochaines années" Occupes toi de la France ce sera déjà pas mal mon petit Bruno.

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