Elu maire puis président de la Métropole Rouen Normandie (MRN) en juin dernier, le socialiste Nicolas Mayer Rossignol avait fait campagne contre le contournement Est de Rouen au nom des enjeux climatiques, prenant le contrepied de son prédécesseur issu de la même famille politique. Il n'aura pas été trahi par sa majorité rose-verte malgré les réserves affichées publiquement par quelques piliers historiques du PS local.
Au terme de cinq heures d'un débat éruptif en visio-conférence lundi, 76 élus (vs 43) ont dit non au financement ce projet public-privé à un milliard d'euros auquel la MRN devait apporter une contribution de 66 millions. L'Etat ayant indiqué, par la voix du ministère des Transports, qu'il n'irait pas contre l'avis des collectivités, ce tronçon autoroutier à péage de 42 kilomètres imaginé dès les années 1970 pour relier les autoroutes A28 et A13 devrait être renvoyé aux oubliettes.
Le lobbying a fait pschitt
Ces dernières semaines, les milieux économiques, emmenés par la CCI et les organisations patronales, avaient pourtant tout tenté pour peser sur le vote allant jusqu'à s'offrir une dizaine de pleines pages dans le quotidien Paris Normandie. Pour sa part, Hervé Morin, président de la Région, avait proposé de mettre 22 millions d'euros supplémentaires sur la table pour compenser les impacts sur l'environnement. Un lobbying resté lettre morte.
Si d'aucuns, à l'instar du président LREM du département de Seine-Maritime, Bertrand Bellanger, veulent encore croire que le projet peut être sauvé, l'hypothèse reste hautement improbable. Difficile d'imaginer le gouvernement faire fi de l'opposition des premiers concernés, ce que le préfet de Seine-Maritime a d'ailleurs confirmé, il y a quelques jours.
La métropole pressée de passer à autre chose
De son côté, le président de la MRN semble impatient de tourner la page de ce dossier très clivant qui lui vaut l'hostilité d'une large partie du patronat local et des acteurs portuaires. Aussi appelle-t-il l'Etat, la Région et le Département à engager dès maintenant «un travail opérationnel » pour étudier des solutions alternatives qui pourraient passer par la mise en place d'un péage pour les poids-lourds sur l'une des pénétrantes qui débouchent dans le centre ville.
L'intéressé table aussi sur le mini-sommet qui se tiendra à Rouen, ce jeudi (11 février) en présence d'Anne Hidalgo et d'Edouard Philippe, pour pousser les feux sur le développement des infrastructures de la vallée de Seine : cet autre projet plus consensuel sur lequel le monde économique rouennais fonde beaucoup d'espoirs. « Allez voir à Anvers et Rotterdam, les ports les plus compétitifs d'Europe. Comme eux, c'est d'embranchements ferroviaires et de liaisons fluviales performants dont nous avons besoin en priorité », insiste t-il. Sur ce point au moins, il est sûr que personne ne lui donnera tort.