Suivez en direct les Rencontres Economiques d'Aix-en-Provence

EN DIRECT. Essoufflement de la croissance économique, pouvoir d'achat rongé par l'inflation, tensions sociales, dérèglement climatique, prégnance du risque géopolitique... Dans un environnement marqué par une convergence de crises, les membres du Cercle des économistes souhaitent créer les conditions de la sortie de crise plutôt que succomber au pessimisme.
(Crédits : Glasshouse pour les Rencontres Économiques)

ARTICLE DU 7/07/2023 - 7h52 | MISE A JOUR 9/07/2023 - 14h59

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« Recréer l'espoir »: les Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, dans le sud de la France, réuniront du 7 au 9 juillet des centaines de patrons, ministres et experts pour repenser un monde bouleversé par les crises.

Pendant trois jours, une soixantaine de débats seront accessibles gratuitement sur internet, réunissant environ 380 économistes, responsables politiques de tous bords, chefs d'entreprises, syndicalistes et autres représentants de la société civile d'une quarantaine de nationalités autour de sujets résolument tournés vers l'avenir.

LES TEMPS FORTS

Transition énergétique et investissements : leviers pour une croissance économique durable

Dans un contexte économique incertain, la récession en France n'est-elle que repoussée ? Les économies développées sont-elles condamnées à une croissance limitée ?

Selon Mathias Burghardt, membre du comité exécutif de la société d'investissement française Ardian et responsable de son activité infrastructure, la transition énergétique représente un puissant levier pour un rebond économique. Il souligne qu'il existe déjà de nombreux projets d'investissement dans les nouvelles technologies, la décarbonation et l'efficacité énergétique.

Bien que ces investissements connaissent une croissance mondiale, les besoins restent considérables. M. Burghardt estime que la transition énergétique est non seulement une nécessité absolue pour préserver l'environnement, mais aussi une opportunité de moderniser et de transformer l'économie. Les entreprises les plus performantes du point de vue environnemental seront également les plus performantes en termes de création de valeur.

Selon M. de Boissieu, la révolution numérique et les investissements dans la défense sont d'autres leviers pour stimuler l'économie. Il analyse que des réformes structurelles, le développement des infrastructures et l'innovation peuvent contribuer à augmenter le potentiel de croissance, sans atteindre le niveau de croissance asiatique.

André Cartapanis, professeur à l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence, souligne l'impératif de provoquer un choc d'investissement et un changement d'échelle sur le plan macroéconomique, lors d'une table ronde.

Le retour de l'État dans la politique industrielle et les subventions massives accordées pour attirer les industries d'avenir, telles que les semi-conducteurs, marquent un tournant. Les États-Unis et l'Union européenne prévoient également d'importantes subventions pour les filières vertes.

Cependant, selon Marc Burghardt d'Ardian, il est essentiel de surmonter les obstacles. L'enjeu réside moins dans les montants alloués que dans la manière de les concrétiser réellement. Les entreprises se heurtent encore à de nombreuses barrières administratives, et les mesures en faveur de la transition énergétique rencontrent des oppositions, comme l'augmentation des taxes sur les énergies carbonées.

M. de Boissieu souligne que l'impulsion de l'État ne doit pas nécessairement se traduire par des dépenses excessives. Il plaide plutôt en faveur de garanties publiques pour accompagner des investissements à long terme, dont les rendements peuvent parfois être aléatoires. Cette approche est d'autant plus pertinente alors que le gouvernement cherche à mettre fin à la politique du « quoi qu'il en coûte ».

Ada Di Marzo, directrice générale du cabinet de conseil Bain & Company, plaide également pour une utilisation efficace de l'épargne de précaution accumulée par les ménages depuis la pandémie de Covid-19. Elle estime qu'il est essentiel d'augmenter la capacité à prendre des risques, et que le cadre réglementaire doit favoriser cette audace.

 « Les prix d'amis ne marchent pas dans un marché d'offre et de demande »

La France pourrait-elle manquer de gaz l'hiver prochain ? Le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné n'a pas totalement écarté cette possibilité samedi à Aix, soulignant la faiblesse des capacités de stockage européennes et le coût des importations.

« En matière gazière, oui, les stocks seront pleins » en octobre, a estimé le patron du groupe de pétrole et de gaz. « Mais si l'hiver est froid en Europe », a-t-il averti, les capacités de stockage du Vieux Continent ne suffiront pas pour répondre à la demande de gaz des consommateurs européens tout au long de la saison. Cela ne signifie pas nécessairement que les Européens manqueront de gaz, mais les importations nécessaires pour répondre à la demande auront un coût élevé, prévient Patrick Pouyanné.

energie

« Les prix d'amis ne marchent pas dans un marché d'offre et de demande », a-t-il fait valoir.

Les Européens, devenus très friands de gaz naturel liquéfié (GNL) américain depuis la coupure des approvisionnements russes, sont également dépendants du contexte politique aux Etats-Unis - la prochaine élection présidentielle est prévue fin 2024.

« Si les Républicains », actuellement dans l'opposition au président démocrate Joe Biden, « décident de cesser les exportations (de GNL), il y a un risque systémique », s'est inquiété M. Pouyanné. Du côté d'Engie, le principal fournisseur de gaz naturel en France, la directrice générale Catherine MacGregor s'est dite « plutôt sereine » sur la sécurité d'approvisionnement l'hiver prochain en raison des efforts de sobriété réalisés et des nouvelles sources d'importation.

« Mais on va quand même rester sur un système très volatil dans les années qui viennent », a-t-elle ajouté.

En ce qui concerne l'électricité - pour laquelle la France est moins dépendante de l'étranger grâce à ses 56 réacteurs nucléaires - le PDG d'EDF Luc Rémont a également affiché son optimisme à Aix, après un hiver 2022/23 durant lequel les autorités se préparaient à d'éventuelles coupures en raison du nombre record de réacteurs arrêtés pour réparations.

« La production remonte. A ce stade, nous sommes en mesure de dire que nous aborderons l'hiver prochain avec sérénité », a-t-il avancé.

Autre motif de satisfaction, « on commence l'été avec des barrages pleins », ce qui devrait permettre de produire davantage d'hydroélectricité que l'an dernier, quand la sécheresse avait contraint la production hydroélectrique.

 Une économie qui "manque d'élan"

L'UE peut construire son propre système d'intelligence artificielle générale d'ici cinq ans, déclare le ministre français de l'Économie

Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, a déclaré samedi qu'il était possible pour l'Union européenne de développer son propre système d'intelligence artificielle (IA) générale dans un délai de cinq ans. Selon lui, cela contribuerait à améliorer la productivité d'une économie qui "manque d'élan".

« Grâce à l'intelligence artificielle générale, nous pourrons retrouver de la productivité et être plus efficaces pour la première fois depuis plusieurs générations », a déclaré Bruno Le Maire devant un public enthousiaste.

« Avant de poser les bases de la régulation de l'intelligence artificielle, je plaide en faveur de l'innovation, de l'investissement et de l'objectif d'avoir une OpenAI européenne d'ici cinq ans, avec les calculateurs, les scientifiques et les algorithmes nécessaires. C'est possible. »

Selon le ministre, la science nous permettra enfin de réaliser des gains de productivité dans une économie européenne qui manque d'énergie et qui avance lentement plutôt que rapidement.

En juin, Bruno Le Maire avait déjà souligné la nécessité pour l'UE d'investir et d'innover afin de développer des systèmes d'intelligence artificielle, avant de réguler les technologies américaines, au risque sinon de perdre son indépendance.

En fin d'année 2022, le grand public a découvert le potentiel immense des systèmes d'intelligence artificielle avec le générateur de contenu rédactionnel ChatGPT d'OpenAI, qui peut rédiger des dissertations, des poèmes ou des traductions en quelques secondes.

Cependant, la diffusion de fausses images sur les réseaux sociaux, créées à partir d'applications comme Midjourney, a mis en évidence les risques de manipulation de l'opinion et les dangers pour la démocratie.

En juin, le Parlement européen a approuvé un projet de réglementation de l'IA et l'UE espère conclure le premier règlement au monde visant à encadrer et protéger l'innovation dans ce secteur stratégique avant la fin de l'année.

Sur un tout autre sujet, Bruno Le Maire s'est montré favorable à un débat sur la possibilité d'augmenter de 2% à 3% l'objectif d'inflation de la Banque centrale européenne (BCE).

« Si les économistes ouvrent ce débat (...), pourquoi pas ? Nous n'avons aucun tabou, la transgression est ainsi que nous progressons », a-t-il déclaré.

L'économiste Patrick Artus s'est prononcé en faveur d'une telle augmentation, afin de permettre aux États de disposer de marges budgétaires plus importantes et de limiter la hausse de leur endettement public.

Livret A: Lombard plaide à nouveau pour la "stabilité" du taux de rémunération

Le directeur général de la Caisse des dépôts, Eric Lombard, a plaidé à nouveau samedi pour la stabilité du taux de rémunération du Livret A, fixé pour l'instant à 3%, à quelques jours d'une décision très attendue par les épargnants.

Entre les divers produits d'épargne - assurance vie, livrets réglementés... - « "l y a une question de hiérarchie des rendements à laquelle on est attentif et qui serait déformée si le taux du Livret A continuait à monter" », a assuré M. Lombard

« Ce ne serait pas logique que le taux du Livret A, qui est liquide, garanti et défiscalisé soit le plus élevé » parmi les produits d'épargne, dont certains sont nettement plus risqués, et donc traditionnellement mieux rémunérés.

La Caisse des dépôts gère 60% des montants déposés par les Français sur leur Livret A ou leur Livret de développement durable et solidaire (LDDS), qu'elle réinvestit notamment dans des prêts destinés à la construction de logements sociaux.

Depuis plusieurs mois, les Français plébiscitent ces livrets d'épargne réglementés, dont le taux de rémunération est devenu nettement plus attractif en répercussion d'une forte inflation.

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire doit annoncer dans les tout prochains jours le taux de rémunération du Livret A qui s'appliquera à compter du 1er août, après avoir reçu une proposition de taux du gouverneur de la Banque de France.

REPLAY DES SESSIONS 2023

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(Avec Bloomberg, AFP et Reuters)

Commentaire 1
à écrit le 09/07/2023 à 9:58
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"« Recréer l'espoir »" encore et encore pour qu'il soit atomisé de plus en plus rapidement par ceux qui possèdent et détruisent le monde en ronflant.

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