Accord UE-Cuba : le Parlement européen donne son feu vert

L'approbation de cet accord par le Parlement européen doit permettre d'accroître les échanges commerciaux entre Cuba et le continent européen. Le document doit encore être ratifié par tous les Etats membres de l'UE pour une application complète et définitive.
Grégoire Normand
D'après les résultats officiels du Parlement européen, il y a eu 567 votes pour, 65 contre et 31 abstentions.

Les entreprises européennes pourraient trouver de nouveaux débouchés dans les Caraïbes. Le Parlement européen a donné son feu vert au tout premier accord de "dialogue politique et de coopération" entre le vieux continent et Cuba ce mercredi 5 juillet. Le but de cet accord est notamment de développer des échanges commerciaux entre les 28 et le régime communiste. Cette annonce intervient alors que Donald Trump a annoncé récemment de nouvelles restrictions aux relations commerciales avec Cuba.

Bien que cet accord ait été paraphé par la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini, les ministres des Affaires étrangères européens et celui de Cuba en décembre dernier, il manquait le vote des députés européens pour entrer en vigueur. D'après les résultats officiels, il y a eu 567 votes pour, 65 contre et 31 abstentions. La vice-présidente du groupe socialiste à l'Assemblée Elena Valenciano a ainsi déclaré :

"Avec ce vote, le Parlement européen soutient l'utilisation du dialogue et de la coopération avec Cuba comme meilleurs instruments pour progresser dans une relation constructive et orientée vers l'avenir, bénéfique aux citoyens des deux côtés de l'Atlantique."

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Un accord historique

Lors du débat qui a précédé le vote du Parlement, Federica Mogherini a estimé : "Nous avons le sentiment clair et net d'avoir tourné une page historique" soulignant au passage que les négociations qui ont duré deux ans "ont été difficiles, importantes et courageuses, de notre part et de la part de nos homologues cubains". Le nouvel accord contient trois grands chapitres portant sur le dialogue politique, la coopération et le dialogue sur les politiques sectorielles ainsi que sur les échanges commerciaux. Sur ce dernier point, les objectifs mentionnés dans le document sont clairs :

  • renforcer les relations commerciales et économiques, notamment par une incitation au dialogue sur les questions commerciales et l'encouragement d'une intensification des échanges commerciaux entre les parties ;
  • favoriser l'intégration de Cuba dans l'économie mondiale ;
  • encourager le développement et la diversification du commerce intrarégional ainsi que les échanges commerciaux avec l'Union européenne ;
  • renforcer la contribution du commerce au développement durable, y compris à ses aspects environnementaux et sociaux ;
  • soutenir la diversification de l'économie cubaine et la promotion d'un climat des affaires propice ;
  • encourager l'accroissement des flux d'investissements par l'instauration d'un environnement attrayant et stable pour des investissements réciproques grâce à un dialogue cohérent visant à améliorer la compréhension et la coopération sur les questions d'investissements, et à encourager un régime d'investissements non discriminatoire.

Le développement des échanges commerciaux pourrait passer notamment par l'abaissement des tarifs douaniers.

Une aubaine pour l'UE

Ce vote du Parlement européen intervient alors que Donald Trump a décidé de frapper le régime cubain au portefeuille. En effet, le milliardaire veut limiter les relations commerciales entre les entreprises américaines et une vaste partie de l'économie cubaine détenue par l'armée, notamment avec le secteur du tourisme. Toutes les transactions avec le conglomérat GAESA aux mains des forces armés sont interdites. Or ce groupe contrôlerait la majorité des hôtels, des supermarchés et des magasins vendant des produits importés. D'après des économistes cubains, GAESA, dont la création remonte aux années 1980, procure à l'Etat de 40 à 60% de ses revenus en devises étrangères.

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Alors que la Chine et le Vénézuela représentent les deux premiers partenaires commerciaux de l'île (ils représentent 50% du commerce total de biens et sont également la destination de 49% des exportations de l'île), la part des pays de l'Union européenne dans les échanges commerciaux pourraient s'accroître si Donald Trump poursuit sa politique de restrictions.

Une ratification nécessaire de tous les Etats membres

L'accord politico-commercial validé mardi va prendre la place pour l'UE d'une "position commune" datant de 1996, qui fixait des préalables à une normalisation, notamment en matière de respect des Droits de l'Homme.Ce texte avait été abrogé en décembre dernier par les 28, dix jours après la mort de Fidel Castro.

Par ailleurs, l'approbation des élus européens va permettre une mise en application provisoire de l'accord, mais les ratifications de tous les Etats membres de l'UE seront encore nécessaires pour une application complète et définitive, comme le précise le communiqué du Parlement.

Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 07/07/2017 à 9:41
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C'est une bonne initiative même si ce qui est un peu minable quand même c'est que l'UE fait ça pour tacler trump et non par volonté de s'ouvrir. Toute façon on voit mal schauble avoir envie de s'ouvrir aux autres hein...

à écrit le 06/07/2017 à 17:30
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Attention aux amendes américaines si les échanges sont libellés en dollars. Car le seul fait d'utiliser le dollar dans un échange commercial soumet le contrat au droit et obligations américaines et non au droit européen.Alors un vote sur une éventuel...

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