Avec le Coronavirus, l'activité manufacturière s'effondre en Chine, le niveau de pollution aussi

Premier foyer du Coronavirus, la Chine voit son activité économique lourdement impactée par les mesures drastiques prises par le gouvernement. Avec un appareil industriel à l'arrêt, c'est toute son économie qui pourrait se grimper.
(Crédits : Reuters/Jason Lee)

Un indice indépendant, tombé au plus bas niveau jamais enregistré, a confirmé lundi 2 mars l'effondrement de l'activité manufacturière en Chine en février, reflet de la paralysie provoquée par l'épidémie du nouveau coronavirus.

L'indice des directeurs d'achat (PMI) pour le secteur manufacturier, calculé par le cabinet IHS Markit pour le groupe de médias Caixin, a dégringolé à 40,3 le mois dernier, contre 51,1 en janvier. Il s'agit du plus bas niveau depuis le début de la publication de l'indice en 2004.

Ce décrochage témoigne de l'effet dévastateur de l'épidémie : l'indice PMI, issu d'une enquête auprès d'un vaste échantillon d'entreprises, traduit une expansion de l'activité au-delà de 50, et en deçà signale une contraction.

Des usines à l'arrêt

Les restrictions de circulation et les mesures de confinement drastiques imposées par les autorités ont paralysé l'appareil industriel chinois et compliquent le redémarrage des usines, toujours privées d'une grande partie de leurs ouvriers.

L'indice PMI officiel pour février, publié samedi par le Bureau national des statistiques (BNS), s'était lui établi à 35,7 contre 50 en janvier, s'écroulant en deçà de la prévision déjà très sombre (45) des analystes sondés par l'agence Bloomberg.

Cependant, comment expliquer que le PMI indépendant Markit-Caixin s'avère bien supérieur, malgré tout, à l'indice officiel?

L'enquête Markit sonde surtout petites et moyennes entreprises, frappées durement par l'épidémie, mais "un grand nombre pourraient ne pas avoir été en mesure de répondre en février, car beaucoup n'ont pas encore redémarré leurs opérations", avance Ting Lu, une économiste de la banque Nomura.

Selon elle, moins de 50% des TPE ont pu redémarrer leur activité.

En écho à ce ralentissement industriel, la NASA a rendu public sur son site l'image satellite des émissions de CO2 au-dessus de la Chine, entre le 1er janvier et le 10 février 2020.

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Des chiffres pires que lors de la crise de 2008

Autre signe de l'ampleur du choc économique: le PMI gouvernemental comme l'indice Markit-Caixin montrent une chute encore plus marquée de l'activité manufacturière que lors de la crise financière de l'automne 2008.

"Les chaînes d'approvisionnement se sont quasiment arrêtées avec l'extension des congés du Nouvel an lunaire et les restrictions de transport prises par de nombreuses collectivités locales", explique Zhong Zhengsheng, analyste affilié à Caixin.

Avec des problèmes en cascade: les entreprises peinent à se fournir en matériaux et composants et font face à de grandes difficultés pour livrer leurs propres produits finis -- d'où un fort gonflement des stocks et une accumulation des anciennes commandes en souffrance.

Par ailleurs, "l'effondrement des effectifs est particulièrement alarmant et assombrit les perspectives de reprise rapide de l'activité", ajoute Julian Evans-Pritchard, analyste du cabinet Capital Economics.

Les entrepreneurs continuent d'emprunter

Les sous-indices de la publication Caixin sur la production et les nouvelles commandes dégringolent même encore plus fortement que le PMI dans son ensemble, souligne-t-il.

Pour autant, paradoxalement, "la confiance des entrepreneurs" sur la conjoncture chinoise à moyen terme "a continué de s'améliorer, avec une augmentation au plus haut depuis cinq ans" du sous-indice la mesurant, tempère Zhong Zhengsheng.

En effet, les mesures de soutien déployées par Pékin pour aider les PME à obtenir des crédits, les coups de pouce de la banque centrale et les rabais fiscaux des autorités locales rassurent et laissent entrevoir "un rebond significatif de l'économie quand l'épidémie aura été graduellement enrayée", insiste-t-il.

Pour sa part, Julian Evans-Pritchard se montre bien plus réservé, en raison de l'expansion rapide de l'épidémie à travers le monde: "Avec le bond des contaminations à l'étranger, il y a un risque croissant de repli prolongé de la demande extérieure" et l'impact sur le commerce chinois sera "important", avertit-il.

Lire aussi : Tourisme et coronavirus : les Français annulent la destination Chine (-99%) et s'interrogent sur l'Italie

Commentaire 1
à écrit le 02/03/2020 à 15:00
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"c'est toute son économie qui pourrait se grimper. " se gripper ?

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