Chine : rebond surprise, mais fragile des exportations

Par latribune.fr  |   |  671  mots
La menace de récession aux Etats-Unis et en Europe, combinée à une inflation galopante, contribue en effet à affaiblir la demande internationale en produits chinois. (Crédits : CHINA STRINGER NETWORK)
Pour la première fois depuis six mois, les exportations de la Chine ont rebondi en mars dans un contexte de reprise de l'activité économique dans le pays. Le risque de récession à l'étranger menace néanmoins la demande en produits chinois.

La Chine retrouve des standards dignes de son rang. Les ventes du géant asiatique à l'étranger, qui étaient constamment dans le rouge depuis octobre, ont progressé en mars de 14,8% sur un an en dollars, selon des chiffres publiés ce jeudi 13 avril, par les douanes chinoises.

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Des analystes interrogés par l'agence Bloomberg s'attendaient pourtant à un nouveau repli (-7,1%), après celui en janvier-février cumulés (-6,8%), seule donnée alors publiée.

« Le rebond est une surprise »

Le rebond est « une surprise », souligne l'économiste Zhiwei Zhang, du cabinet Pinpoint Asset Management.

« Il s'explique en partie par un faible effet de base avec l'an dernier quand de nombreuses usines avaient été contraintes de fermer » à cause du Covid, avance-t-il.

Il y a un an en mars, le confinement de Shanghai en pleine pandémie avait lourdement pénalisé l'activité en Chine et fait chuter les exportations (-0,1%). Ces derniers mois, les restrictions sanitaires en Chine, avec des confinements à répétitions et un strict contrôle des déplacements, continuaient à fortement pénaliser le fonctionnement des usines. Le pays a finalement levé en décembre l'essentiel de ses restrictions sanitaires, ouvrant la voie à une reprise progressive de l'activité.

Un répit de courte durée ?

« Maintenant que les usines tournent à plein régime, elles peuvent rattraper les commandes accumulées » ces derniers mois, ce qui a permis aux exportations de rebondir, précise Zhang Zhiwei. Ce dernier s'attend toutefois à un répit de courte durée. La menace de récession aux Etats-Unis et en Europe, combinée à une inflation galopante, contribue en effet à affaiblir la demande internationale en produits chinois.

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Les importations de la Chine ont, quant à elles, poursuivi leur repli en mars (-1,4% sur un an), mais à un rythme plus modéré, signe d'une reprise de l'activité qui peine encore à se stabiliser. En janvier-février, les achats de la Chine de produits étrangers avaient reculé de 10,2% sur un an.

Quant à l'excédent commercial du géant asiatique, il a atteint en mars 88,1 milliards de dollars (80,1 milliards d'euros). Il était de 116,8 milliards de dollars en janvier-février. La Chine vise un objectif de 5% de croissance cette année, l'un des plus modestes depuis des décennies. Le Premier ministre chinois Li Qiang a averti le mois dernier qu'il pourrait être difficile à atteindre. Pour y parvenir, « la Chine doit davantage s'appuyer sur la demande intérieure », estime Zhiwei Zhang.

La Chine, moteur de la croissance en 2023 ?

Le Fonds monétaire international (FMI) ne dit pas autre chose. Il a maintenu mardi à un petit 5,2% sa prévision de croissance pour la Chine à cette année. En cause notamment, la fragilité du secteur immobilier. Après des décennies d'euphorie, de nombreux promoteurs luttent pour leur survie, depuis un durcissement par les autorités de leur accès au crédit en 2020 pour réduire l'endettement.

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Les incertitudes liées au Covid et les déboires d'Evergrande, un poids lourd du secteur désormais au bord de la faillite, ont entraîné par la suite une chute de la demande en biens, tandis que leur valeur a baissé dans de nombreuses villes.

En dépit d'un soutien de Pékin au secteur ces derniers mois, l'économie chinoise reste « vulnérable à une correction des prix de l'immobilier », qui risque « d'intensifier la pression pour les promoteurs », souligne le FMI. Il est également une source importante de revenus pour les collectivités locales, dont les finances sont exsangues après trois ans de dépenses faramineuses pour lutter contre le Covid.

La Chine devrait néanmoins représenter cette année environ un tiers de la croissance mondiale, avait indiqué le mois dernier à Pékin la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, qui saluait alors « un coup de fouet bienvenu » à l'économie mondiale.

(Avec AFP)