Le magnat de l'immobilier Donald Trump, candidat républicain à la Maison Blanche, va-t-il enfin céder ? Cette fois, c'est Reid Hoffman, un des fondateurs du réseau social professionnel Linkedin qui promet de verser jusqu'à 5 millions de dollars à des vétérans, pour soutenir l'action d'un ancien Marine, si le candidat à la présidentielle américaine publie ses revenus avant le 19 octobre.
L'annonce de cet entrepreneur de la Silicon Valley est en réalité un pied de nez à Trump. En 2012, alors que Barack Obama est candidat à sa propre réélection, le milliardaire promet 5 millions de dollars à une association caritative du choix de Obama, à la condition que le candidat démocrate rende publique ses bulletins de notes de l'université et ses demandes de passeport, rappelle Reid Hoffman, dans un post sur Medium.
A l'époque, Trump qualifiait même Obama de "président le moins transparent de l'histoire du pays", allant même jusqu'à douter de la véracité de son acte de naissance, pourtant publié par le président pour mettre un terme à la polémique.
Faites ce que je dis...
Seulement voilà, depuis cette date, le chantre de la transparence se fait bien discret. Depuis des mois, Donald Trump affirme ne pas être en mesure de rendre publique sa déclaration de revenus, ce qui constitue pourtant un passage obligé pour les candidats à l'élection présidentielle depuis 1976. Son excuse : il fait l'objet d'un audit du fisc américain qui l'empêche de dévoiler ces fameux documents.
Pourtant, même son propre camp a fini par se soumettre à la procédure traditionnelle. Mike Pence, son colistier, a publié vendredi ses déclarations de revenus des dix dernières années. "Ces déclarations sont rendues publiques avec l'entier soutien de M. Trump, qui prévoit de diffuser ses propres déclarations à l'issue d'un audit de routine dont il fait l'objet", a toutefois indiqué un communiqué de l'équipe de campagne du candidat républicain.
De son côté, son adversaire démocrate, Hillary Clinton, continue de maintenir la pression. La semaine dernière, elle a de nouveau laissé entendre que ce refus de transparence était révélateur. Il "a vraiment quelque chose à cacher", a-t-elle lâché en marge de sa campagne en Floride.
Trump, pas si riche ?
En mai, la candidate démocrate avait publié sur Twitter une vidéo consacrée aux "quatre choses que Donald pourrait cacher dans ses feuilles d'impôts".
Parmi les suppositions évoquées dans cette vidéo, Clinton avançait alors la possibilité que Trump mente sur sa fortune véritable. Alors que le milliardaire s'est façonné l'image d'un business man extrêmement fortuné et habile en affaires (gage de sa capacité à diriger les Etats-Unis), une enquête du Guardian, publiée il y a quelques semaines, fait vaciller le "mythe".
Ainsi, la situation financière de Trump serait moins rose qu'il le laisse entendre : en 2012, il disposait de 4,2 milliards de dollars, selon des documents remis à la SEC, le gendarme de la bourse, rapporte le Guardian.
Dans une enquête publiée par Forbes en octobre 2015, le célèbre magazine connu pour ses classements des fortunes, assurait avoir interrogé plus de 80 sources et être arrivé à la conclusion suivante : la fortune de Trump ne dépasse pas les 4,5 milliards de dollars. Un montant bien loin des 10 milliards de dollars annoncés par le principal intéressé au début de sa campagne.
Autre constat à ajouter à la liste, celui du New-York Times. Dans un article du 20 août, le journal rapporte que les sociétés du candidat républicain ont un endettement cumulé d'au moins 650 millions de dollars, soit le double du montant annoncé par Trump.
Mauvais payeur ?
Il y a quelques semaines, le milliardaire Warren Buffett, soutien de Hillary Clinton, avait invité Donald Trump à rendre publique sa déclaration fiscale, affirmant que le candidat républicain avait plus "peur" des électeurs que de l'administration fiscale.
Lors d'un entretien accordé en août 2015 à la chaîne CBS, le candidat à la Maison Blanche, avait assuré qu'il se battait pour payer le moins possible d'impôts."D'abord car je suis un homme d'affaires, et c'est comme ça qu'on est censé faire", avait-il expliqué à cette occasion.