El Paso, Parkland, Columbine... Aux Etats-Unis, génération massacre de masse

REPLAY. Restreindra-t-on un jour l'accès aux armes à feu aux États-Unis ? Alors que des lycéens rescapés de la tuerie de Parkland ont lancé un vaste mouvement de protestation, cet état des lieux complet laisse planer une lueur d'espoir.
(Crédits : Stringer .)

Chaque année, les armes à feu provoquent la mort de plus de 30 000 personnes aux États-Unis. Newton, Orlando, Las Vegas... : les tueries de masse se répètent avec une glaçante monotonie.

Le 14 février 2018, jour de la Saint-Valentin, au lycée de Parkland, le jeune Nikolas Cruz abat quatorze élèves et trois enseignants en six minutes et vingt secondes. Ce massacre déclenche une mobilisation sans précédent chez les lycéens rescapés. Las des promesses creuses de leurs dirigeants, qui se contentent d'inviter à prier pour les victimes, ces adolescents, qui ont grandi au rythme des fusillades, réclament des lois pour restreindre l'accès aux armes à feu, en particulier les fusils d'assaut, vendus en toute légalité.

Rejoint par des vétérans de l'armée américaine, ce mouvement s'appuie aussi sur sa maîtrise des réseaux sociaux. Sa jeune pasionaria au crâne rasé, Emma González, dénonce avec vigueur l'influence de l'industrie de l'armement sur le monde politique, et en particulier sur le président Trump, qui aurait touché 30 millions de dollars de la National Rifle Association (NRA) pour financer sa campagne.

Mobiliser les abstentionnistes

Lors de son mandat, Barack Obama avait tenté de durcir la loi mais s'était heurté à un Sénat inféodé à la NRA. Instigateurs de la "marche pour nos vies", qui a rassemblé plus de 800.000 personnes devant le Capitole, ces adolescents exhortent les abstentionnistes, des jeunes en majorité, à s'inscrire sur les listes électorales.

Tourné à Parkland, à Washington, en Floride et à Chicago, où les armes à feu font des ravages dans les quartiers pauvres, ce documentaire suit leur combat. Chiffres, reportages et interviews d'experts à l'appui, il dresse un état des lieux complet de la question, des stratégies marketing d'une industrie en perte de vitesse au durcissement de la loi dans certains États, première victoire pour la bande de Parkland.

(source ARTE)

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La fusillade d'El Paso qualifiée d'acte terroriste

La fusillade pendant laquelle un homme armé d'un fusil a tué 20 personnes samedi dans un supermarché Walmart d'El Paso, située au Texas à la frontière avec le Mexique, est désormais traitée comme un acte de terrorisme interne, a annoncé dimanche le procureur fédéral John Bash.

Le gouverneur du Texas, Greg Abbott, avait déclaré dans la nuit que la tuerie s'apparentait à un crime de haine, la police précisant être en possession d'un manifeste rédigé par le suspect qui établissait un mobile raciste. Un procureur d'El Paso a annoncé dimanche que l'Etat du Texas requerrait la peine de mort contre Patrick Crusius, 21 ans, un homme de race blanche originaire d'Allen, dans la banlieue de Dallas, ville située à 1.000 km d'El Paso.

John Bash a indiqué pendant une conférence de presse que les autorités fédérales traitaient cette affaire comme un acte de terrorisme intérieur.

"Et nous allons faire ce que nous faisons aux terroristes dans ce pays, c'est-à-dire rendre une justice rapide et ferme", a-t-il dit.

Le tireur présumé, qui s'est rendu aux autorités après avoir ouvert le feu sur les clients en grande majorité hispaniques du supermarché, coopère avec les enquêteurs, a déclaré pendant la même conférence de presse le chef de la police d'El Paso, Greg Allen.

Il semble que Patrick Crusius s'était procuré légalement l'arme du crime, a-t-il ajouté. Outre les 20 morts, le suspect a également blessé 26 personnes, dont certaines demeurent dans un état critique.

"Réponse à l'invasion hispanique"

Il s'agit de la huitième fusillade la plus meurtrière aux Etats-Unis, juste derrière celle de San Ysidro en 1984, qui avait fait 21 morts. Les fusillades de masse sont très fréquentes aux Etats-Unis. Dimanche dernier, un adolescent a tué trois participants d'une foire en Californie avec un fusil d'assaut, avant de retourner l'arme contre lui.

Et dans la nuit de samedi à dimanche, une autre fusillade a fait au moins dix morts, dont le tireur présumé, à Dayton, dans l'Ohio. L'identité et le mobile du suspect ne sont pas encore connus.

Dans un document de quatre pages publié sur 8chan - un site souvent utilisé par les extrémistes -, le tireur présumé affiche son soutien à l'auteur présumé de la tuerie de Christchurch en Nouvelle-Zélande, qui a tué 51 personnes dans deux mosquées au mois de mars dernier. Il présente son acte comme une réponse à "l'invasion hispanique au Texas".

La zone urbaine transfrontalière formée par El Paso et Ciudad Juarez, de l'autre côté du Rio Grande, au Mexique, compte 2,5 millions d'habitants. C'est la principale communauté bilingue et binationale d'Amérique du Nord. Le président mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador, a indiqué que six ressortissants mexicains avaient été tués dans la fusillade et que sept autres avaient été blessés. Le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard, a demandé dimanche aux Etats-Unis d'assurer la sécurité des ressortissants mexicains sur leur territoire.

Trump pointé du doigt

S'exprimant dimanche devant des journalistes à Morristown, dans le New Jersey, le président Donald Trump a déclaré que la haine n'avait "pas sa place dans notre pays" et qu'il ferait une déclaration après des deux fusillades lundi. Il a également ajouté qu'il s'était entretenu avec le FBI, l'Attorney General William Barr et des élus du Congrès de ce qui pouvait être fait pour prévenir de telles violences.

Plusieurs candidats à l'investiture du Parti démocrate pour l'élection présidentielle de 2020 ont directement mis en cause Donald Trump et la rhétorique incendiaire contre les hispaniques qu'il utilise pour galvaniser ses partisans.

"Donald Trump est responsable de ce qui s'est passé. Il est responsable parce qu'il attise les peurs, la haine et le fanatisme", a déclaré le sénateur Cory Booker sur CNN.

L'ancien représentant démocrate d'El Paso, Beto O'Rourke, a également dénoncé le "racisme" du président des Etats-Unis, tandis que le sénateur Bernie Sanders l'a qualifié de "xénophobe" qui tente de faire jouer les ressorts du "nationalisme blanc".

Plus prudent, l'ancien vice-président Joe Biden a préféré pointer du doigt la "violence par armes épidémique" et la nécessité pour la société américaine de se mobiliser pour y mettre fin.

(source Reuters)

Commentaires 2
à écrit le 05/08/2019 à 23:25
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Les US s'auto detruisent, c'est toujours mieux que de détruire ailleurs. Il faut dire que leur prochain adversaire, c'est la Chine, et ça, c'est un gros morceau à avaler.

à écrit le 05/08/2019 à 14:36
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C'est trop tard il y a bien trop d'armes dans ce pays si on les interdisait il y a de fortes chances que non seulement les fous furieux aient en en stock des milliers d'armes et qu'en plus, bien énervés finissent par tuer tout le monde. Il faudra...

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