Etats-Unis, Russie, Opep : coup de poker sur le pétrole

Comment et pourquoi le cours du baril de brut s'est effondré entre 2014 et 2016, contre (presque) toute attente. Entre économie et géopolitique, une vertigineuse enquête dans le monde très fermé des rois du pétrole pour comprendre les fluctuations des cours de l'or noir.
(Crédits : China Stringer Network)

En septembre 2012, un jeune analyste français des marchés pétroliers, Alexandre Andlauer, publie une étude choc, annonçant la chute prochaine des cours du pétrole. Une analyse à contre-courant alors qu'après le troisième choc pétrolier, en 2008, qui a vu le cours du baril flamber à près de 150 dollars, on agite plus que jamais la menace du "peak oil": l'épuisement des ressources, redoutée depuis les années 1970. Pourtant, dès la fin 2013, le monde regorge de pétrole, confirmant le scénario du franc-tireur. En deux ans, le baril de brut va perdre 70 % de sa valeur.

Différents facteurs ont contribué à ce "contre-choc" pétrolier, mais Jean Crépu révèle ici le plus décisif : un bras de fer joué en sous-main, et perdu, par l'Arabie saoudite, suivie à contrecœur par ses partenaires de l'Opep, contre leur rival américain et ses producteurs de pétrole de schiste. La flambée des cours après 2008 a en effet permis aux États-Unis d'exploiter leurs immenses réserves en la matière, la technologie très coûteuse d'extraction étant devenue accessible...

Un monde de brut

De la nouvelle ruée vers l'or du Texas, qui voit pousser les villas des oil workers du schiste, aux bureaux feutrés des grands marchands de la planète, entre Bourse de New York et les cercles très fermés du pouvoir russe ou saoudien, Jean Crépu retrace comme un thriller cette formidable partie de poker économique et géopolitique en nous ouvrant ses coulisses. La troisième manche a vu en 2018 la production américaine égaler pour la première fois celle de Riyad, tandis que la Russie, jusque-là observatrice, s'est rapprochée de l'Opep.

Mais alors que le robinet du brut semble ainsi pouvoir couler longtemps encore, le revirement amorcé par la Norvège, qui a choisi d'utiliser sa manne pétrolière pour miser sur les énergies renouvelables, préfigure peut-être l'avenir. Car n'en déplaise à Donald Trump, le monde de l'énergie, sous la menace du changement climatique, a commencé lui aussi à évoluer, et la demande en pétrole pourrait diminuer plus vite que prévu.

(source ARTE)

Commentaire 1
à écrit le 24/12/2018 à 15:46
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à voir et revoir. La conclusion à en tirer est que les cours du brut sont et resteront totalement imprévisibles encore longtemps, tellement la géopolitique prime sur le technique.

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