G20 : pour le FMI, il faut mieux coopérer contre le Covid et alléger la dette des pays pauvres

Jeudi et vendredi, se tient à Jakarta (Indonésie) un G20 des ministres des Finances. L'occasion pour le FMI de rappeler la nécessité d'aider tous les pays à sortir de la pandémie, de revenir à un équilibre budgétaire tout en luttant contre l'inflation et d'alléger le fardeau de la dette des pays les plus pauvres de la planète.
Robert Jules
Kristalina Georgieva, directrice exécutive du Fond monétaire international (FMI).
Kristalina Georgieva, directrice exécutive du Fond monétaire international (FMI). (Crédits : Reuters)

Alors que les ministres de l'Economie et des Finances des pays du G20 ainsi que les gouverneurs de leurs banques centrales se réunissent jeudi et vendredi à Jakarta en Indonésie, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, fait des recommandations dans une note publiée mercredi sur le blog de l'institution internationale.

Préconisant "une solide coopération internationale et une agilité extraordinaire", la première priorité à discuter au G20 est le besoin de fournir "des efforts plus importants pour lutter contre "le long Covid économique"". Selon le FMI, l'économie mondiale va être amputée de 3.800 milliards de dollars de pertes cumulées de production jusqu'à 2024, en raison de la pandémie. "Omicron nous a rappelé dernièrement qu'une reprise durable et inclusive est impossible tant que la pandémie se poursuit", constate Kristalina Georgieva.

Lutter contre la pandémie

Pour lutter efficacement contre la pandémie, il est nécessaire que chaque pays ait "un accès équitable à une boîte à outils Covid-19 avec des vaccins, des tests et des traitements", le tout mis à jour pour lutter efficacement contre un virus qui mute. Une telle opération nécessitera des moyens financiers supplémentaires estimés à 23,4 milliards de dollars.

Car mettre fin à la pandémie est la seule manière de pouvoir effacer les pertes subies par l'économie mondiale et normaliser l'activité des entreprises et le marché du travail. Pour l'ensemble des étudiants à travers le monde, le FMI estime que le coût de la pandémie s'élève à 17.000 milliards de dollars en termes de perte d'apprentissage, de baisse de la productivité et de suspension d'emplois qui pèseront sur leur vie future. Il en est de même de la scolarité qui a fait perdre de nombreuses heures de cours aux élèves, en particulier dans les économies émergentes.

Remédier à cette situation pour les pays consiste à augmenter les dépenses sociales, mettre en place des programmes de reconversion pour les employés, ou encore favoriser des programmes de rattrapage en matière d'éducation et d'enseignement. De telles politiques sont de nature à favoriser la résilience face aux futurs défis sanitaires et économiques.

Resserrement monétaire

Deuxième priorité, les pays doivent composer avec un cycle de resserrement monétaire. L'inflation s'est durablement installée, même si les niveaux diffèrent selon les pays, obligeant les banques centrales à resserrer leurs politiques monétaires, en réduisant leurs programmes de rachats d'actifs obligataires et en amorçant une remontée des taux. Mais, prévient la directrice du FMI, ces politiques doivent être adaptées à chaque pays. Etats-Unis et Royaume-Uni sont obligés d'accélérer pour enrayer l'accélération de l'inflation, ce qui n'est pas encore le cas dans la zone euro. La difficulté venant de l'équilibre à trouver entre maîtrise de l'inflation et soutien à la croissance économique et l'emploi. Car "si ces conditions financières se durcissent soudainement, les pays émergents et en développement doivent se préparer à d'éventuelles inversions des flux de capitaux", met en garde Kristalina Georgieva qui recommande de négocier un étalement des échéances de la dette, et de servir d'outils comme les taux de change flottants ou les interventions sur les marchés des changes .

L'envol de l'endettement public

Troisième priorité, la viabilité budgétaire. En raison de la pandémie, les dispositifs de soutien aux économies et aux ménages ont fait s'envoler le niveau des dettes publiques. Selon le FMI, 2020 a été l'année qui a connu la plus forte augmentation de la dette mondiale, publique et privée, depuis la Seconde Guerre mondiale. Elle atteint au total 226.000 milliards de dollars.

Dans ce cas également, il est nécessaire de trouver un équilibre pour financer des programmes de santé accessibles à tous et des programmes sociaux pour les plus fragiles tout en réduisant les déficits et le niveau de l'endettement. Et la situation peut différer selon les pays, notamment pour les économies émergentes dont certaines n'ont pas eu la puissance budgétaire pour relancer leurs économies, notamment en les orientant vers des projets qui prennent en compte la transition énergétique et la numérisation croissante des activités. "Ces économies et bien d'autres auront besoin de mobiliser davantage de recettes intérieures, de subventions et de financements, et d'avoir plus d'aide pour faire face rapidement à leur dette", précise la directrice du FMI.

Le poids des dettes va être un véritable frein à ce développement post-Covid. "Nous estimons qu'environ 60 % des pays à faible revenu sont en surendettement ou à haut risque de surendettement, soit le double des niveaux de 2015. Ces économies et bien d'autres auront besoin de plus de mobilisation des recettes intérieures, de plus de subventions et de prêts concessionnels, et de plus d'aide pour faire face à la dette immédiatement", souligne la directrice du FMI.

Concrètement, elle préconise d'appliquer des procédures plus rapides, de clarifier les étapes à franchir, de former des comités de créanciers pour permettre des accords sur le règlement de la dette. Pour cela, il faut une "revitalisation du cadre commun du G20 pour le traitement de la dette" pour discuter des conditions d'un allègement de la dette, notamment des pays les plus pauvres, ce qui passe par une plus grande transparence, de nombreux pays ayant emprunté à la Chine.

Statu quo sur les paiements du service de la dette

Elle propose aussi un statu quo sur les paiements du service de la dette pendant la négociation d'autant que la perspective de hausse des taux complique la démarche. Durant la pandémie, et jusqu'à 2021, le G20 avait proposé un moratoire sur la dette des pays les plus pauvres.

Car même si la reprise économique mondiale se poursuit et devrait progresser de 4,4% en 2022, selon les dernières estimations du FMI, les incertitudes portant sur la persistance du variant Omicron, la persistance des goulets d'étranglements dans les chaînes d'approvisionnement et les taux d'inflation de plus en plus élevés mois après mois rendent la sortie de crise délicate, et, répète Kristalina Georgieva, une nécessaire coopération internationale.

Robert Jules
Commentaires 5
à écrit le 18/02/2022 à 14:02
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La France a donné des usines automobiles aux maghrébins et ces derniers préfèrent pointer au chômage en traversant clandestinement l'Europe et la Méditterannée... le choc des cultures n'est pas terminé!

à écrit le 17/02/2022 à 17:51
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Il y a un enquete juridiciare en cours contre cette madame, soupsonne de melange d'interets. Qu'est ce que sa interet en equilibrer les dettes des pays dits pauvres, alors presidees par des individues posseurs des chateaux et des immeubles de prest...

à écrit le 17/02/2022 à 16:25
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L'occident se suicide en donnant de l'argent à ces pays soi-disant "pauvres". En fait, ces pays n'ont rien de pauvre, puisqu'ils ont vu leur population décupler. En réalité, c'est par corruption que les dirigeants européens font ces transferts d'arge...

à écrit le 17/02/2022 à 13:47
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on est curieux de savoir si la chine et la russie seront ravis de se faire rincer par leurs debiteurs en renoncant aux dettes........vu qu'en general ils essaient de recuperer des mines et des champs, ca se discute.....le concept d'annulation de dett...

à écrit le 17/02/2022 à 8:52
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Les hypocrites... les dettes africaines ont déjà été remboursées plusieurs fois mais les intérêts ont décuplé ces dettes or les intérêts ne sont que pour les financiers privés, leur privilège oligarchique et ces intérêts rendent les dettes non rembou...

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