Le pays le plus peuplé du monde va-t-il se dépeupler ? Pour la cinquième année consécutive, le nombre de naissances a chuté en Chine, pour atteindre son plus bas niveau dans son histoire moderne. Le Bureau national des statistiques a même averti que le pays pourrait voir dans un avenir proche sa population diminuer. En 2021, elle a à peine progressé de 0,034 % pour atteindre 1,413 milliard de personnes. Conséquence, elle vieillit. Près d'un Chinois sur cinq est âgé de 60 ans et plus. Ils représentaient 18,9% de la population en 2021 contre 18,7% en 2020.
Le cas de la Chine n'est pas isolé. Dans un rapport publié avant la pandémie, l'Onu constatait que "dans 83 pays, comptant pour près de la moitié de la population mondiale, le niveau de fécondité est inférieur au seuil de remplacement (2,1 enfants par femme)". Parmi eux, le Japon, les Etats-Unis, l'Allemagne. La France, longtemps championne de la natalité en Europe, voit également son taux de natalité baisser.
Une tendance positive pour certains écologistes
Dans une perspective malthusienne, les tenants de la collapsologie ou de certains mouvements écologistes pourront y voir une tendance positive, considérant que les êtres humains sont les responsables de la destruction de l'environnement et aggravent la crise climatique, même si tous les "Verts" n'adoptent pas cette vision catastrophique de la démographie.
En attendant, même si la population mondiale, estimée à 7,87 milliards d'individus pour 2022, devrait franchir les 8 milliards dans les prochaines années, les Etats cherchent à contrecarrer la tendance au vieillissement rapide de la population.
Nombre de pays mettent des moyens pour rendre la politique familiale plus avantageuse : jours de congés parentaux et places en crèches supplémentaires, augmentation des allocations familiales ou autres incitations financières.
Au-delà, c'est la cohésion sociale qui est en jeu à travers la solidarité entre générations. Le système des retraites et celui de la couverture sociale dépendent d'un équilibre de la pyramide des âges. La baisse du nombre des actifs par rapport aux retraités peut fragiliser les fondements de l'Etat Providence et avoir de graves conséquences sur l'économie du pays d'autant plus que le phénomène progresse à bas-bruit.
L'immigration au plus bas depuis 2003
L'une des solutions est l'immigration, comme le montre grandeur nature la pandémie. "Les flux d'immigration permanente dans les pays de l'OCDE ont baissé de plus de 30 % en 2020, pour s'établir à environ 3,7 millions de personnes - soit le niveau le plus bas depuis 2003. Cette baisse pourrait même atteindre 40 %, en fonction des facteurs qui sont pris en considération", indique l'OCDE dans son rapport 2021 sur l'immigration. Cela n'est pas sans rapport avec la pénurie de main d'oeuvre que connaissent l'Europe, notamment le Royaume-Uni avec son Brexit, et l'Amérique du nord. L'organisation rappelle d'ailleurs que "dans les 25 pays de l'OCDE pour lesquels des données sont disponibles, en moyenne au cours de la période 2006-18, la contribution des immigrés sous la forme d'impôts et de cotisations a été supérieure aux dépenses publiques consacrées à leur protection sociale, leur santé et leur éducation".
Aussi, avec la sortie progressive de la pandémie, et la reprise économique, l'institution recommande aux pays membres que parmi les mesures de relance économique soit réduit les obstacles structurels à l'immigration.
Des moyens concrets plutôt que du verbiage idéologique
Une façon de dire que contrairement à ce que laissent entendre certains candidats à l'élection présidentielle française, qui voient en elle la source de tous les maux, une politique de l'immigration doit plutôt prendre à bras le corps le sujet en proposant des moyens et des objectifs concrets plutôt que du verbiage idéologique jouant sur les peurs identitaires. Il en va en effet de l'avenir du pays.