Des roubles, des yuans mais plus de dollars. Gazprom a annoncé ce mardi un accord avec Pékin qui prévoit que le pétrolier public China National Petroleum Corporation ne règle ses paiements de gaz à la Russie qu'en yuans et en roubles. Le patron du géant gazier Alexeï Miller s'est félicité d'un nouveau mode de paiement « mutuellement bénéfique » pour son entreprise et CNPC.
« Cela simplifiera les calculs, deviendra un excellent exemple pour les autres entreprises et donnera un élan supplémentaire au développement de nos économies », a-t-il affirmé sans préciser la date de début de ces paiements en yuans ou en roubles et les volumes de gaz concernés.
S'affranchir du dollar et de l'euro
Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Russie admet ouvertement qu'elle compte se rapprocher des économies asiatiques et compenser la perte des marchés occidentaux pour ses entreprises sous sanctions. La volonté russe de s'affranchir le plus possible des échanges en dollar américain et en euro s'inscrit dans cette logique, notamment dans un contexte d'exclusion des grands établissements bancaires russes du système de paiement interbancaire Swift.
S'ils n'ont pas totalement proscrit le pétrole et le gaz russe, les puissances du G7 veulent en plafonner le prix. Le marché chinois fait ainsi figure d'alternative pour l'exportation d'hydrocarbures russes pour remplacer l'Europe occidentale. Dès 2019, un gazoduc acheminant du gaz vers la Chine depuis la Sibérie a ouvert ses vannes. Puis en février, quelques jours avant que les soldats russes ne pénètrent en Ukraine, la Russie a présenté un accord avec Pékin qui prévoit la livraison de 10 milliards de mètres cubes de gaz par an. Le montant total de l'accord est évalué à 37,5 milliards de dollars sur 25 ans. Une sorte de garantie de commandes en anticipation des sanctions occidentales.
Éloges diplomatiques et manœuvres militaires
En échange, la Chine peut fournir à la Russie des technologies dont manque la Russie sous le régime de sanctions occidentales. Mais dans les faits, l'économie russe dépend davantage de la Chine que l'inverse. A défaut d'avoir des intérêts alignés sur toutes les questions, le président chinois Xi Jinping soutient les positions anti-occidentales de Vladimir Poutine. Le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi a fait preuve d'une sollicitude remarquée à l'égard de la Russie dans les premières semaines de l'invasion ukrainienne, jusqu'à vanter une amitié « sans limite » et « solide comme un roc ».
Illustration de cette entente, les deux pays mènent ce mardi aux côtés de nations alliées des exercices militaires communs en Extrême-Orient russe, supervisés par Vladimir Poutine en personne. Le maître du Kremlin assiste ensuite à un sommet économique à Vladivostok auquel assistera une délégation chinoise.