Le bien-être dans les pays de l'ex-bloc communiste s'améliore, les inégalités persistent

Les habitants de l'ex-bloc communiste apparaissent aussi heureux que les citoyens de l'Europe de l'Ouest. Une première, selon la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) qui mène des enquêtes sur ce sujet depuis 25 ans.
Grégoire Normand
Des blocs de l'ancien mur de Berlin, symbole de la chute du démantèlement de l'empire soviétique.

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) et la Banque mondiale ont mené récemment une enquête auprès de 51.000 ménages dans 34 pays qui révèle que la transition post-communiste a permis d'augmenter le bien-être, les revenus et de réduire la pauvreté au niveau général mais que certaines inégalités persistent.

Un "écart de bonheur" réduit

D'après l'étude menée par les deux institutions, "l'écart de bonheur" (happiness gap) entre les pays d'Europe occidentale et l'URSS et ses satellites aurait presque disparu, en raison principalement d'une relative bonne activité économique ces dernières années mais aussi d'une estimation en baisse des niveaux de satisfaction de vie dans des pays comme l'Italie ou l'Allemagne. Dans une interview au Financial Times, le chef économiste de la Berd Sergei Guriev indique également que "l'écart a persisté plus longtemps que prévu en raison de l'amplitude des réformes à mener et de l'impact disproportionné de la crise économique de 2008 sur l'Europe de l'Est."  Par ailleurs, la durée de cette transition n'a pas permis de résorber toutes les inégalités.

Des inégalités persistantes

Le rapport de la Berd indique que les revenus dans ces pays ont nettement augmenté depuis les années 90. Mais de larges inégalités sont visibles. Le journal financier américain rappelle que "seulement 44% des personnes qui vivent dans les pays de l'ex-bloc communiste ont vu leur revenu augmenter plus vite que les pays du G7. Pour 23% d'entre eux, la situation serait pire qu'en 1989." En Russie, seulement 20% de la population a vu ses revenus augmenter plus vite que le Produit intérieur brut (PIB).

Ces disparités peuvent en partie servir à comprendre pourquoi les anciennes républiques soviétiques ont assisté à des contrecoups contre des réformes, permettant ainsi le retour de systèmes autoritaires. Ce ressentiment s'est notamment diffusé dans des pays membres de l'UE comme la Pologne ou la Hongrie.

" Si vous avez une réforme qui est douloureuse, et une majorité qui est en train de souffrir, vous pouvez avoir un populiste qui arrive au pouvoir de manière démocratique, mais il va réviser les structures politiques et démocratiques."

Par ailleurs, il ajoute que "lorsque les résultats de la transition émergent, vous ne pouvez pas faire partir cette personne de son poste parce que le gouvernement contrôle le système politique [...] Les élus devraient voir les inégalités comme une préoccupation majeure [...]Chaque fois que vous réformez, en temps de crise ou en temps normal, vous avez besoin de penser en termes d'inclusion."

Une révision du concept de transition

La Berd a récemment révisé son concept de "transition". En mai dernier, le président du conseil des gouverneurs de la Banque Pier Carlo Padoan exprimait sa volonté de revoir ce concept dans son discours de clôture à l'assemblée annuelle des gouverneurs :

"J'estime que la nécessité de la transition est beaucoup plus générale aujourd'hui qu'il y a vingt-cinq ans, à une époque où les économies en transition relevaient très spécifiquement d'une aire géographique ou d'une histoire particulière."

La banque prend désormais en compte les notions d'économie verte, l'égalité des genres et l'inclusion (*), le rôle des petites entreprises de l'innovation et des infrastructures.

Le rapport préconise enfin de fournir des efforts particuliers pour freiner la corruption dans un système capitaliste qui augmente les inégalités réelles et perçues.

__________

Méthode : l'enquête a été menée dans 29 pays qui ont été membres de l'ancien bloc communiste et l'Allemagne, la Turquie, Chypre et la Grèce auprès de 51.000 foyers.

(*)L'inclusion économique - c'est-à-dire l'ouverture d'opportunités économiques à des catégories sociales qui n'y avaient pas ou peu accès auparavant - fait partie intégrante de la transition. Une personne qui peut espérer réussir est plus encline à s'intégrer dans la population active, à chercher à approfondir ses compétences et son éducation, et à s'engager dans des activités génératrices de croissance économique. L'inclusion permet de pallier les conséquences indésirables de certaines réformes du marché, qui laissent certains groupes marginalisés.

Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 08/11/2016 à 16:42
Signaler
Pour ceux qui ont peur de s'attaquer à l'économie politique(tout le monde peut l'apprendre; ce qu'on sert aux universités n'a rien de scientifique sauf si on cherche un emploi pour vivre), évidemment l'URSS était communiste.Mais ce n'était pas un pay...

à écrit le 08/11/2016 à 11:20
Signaler
Hé oui, nombreux des peuples de ces pays ont gagné en liberté mais ils ont gagné aussi en inégalités, un super bouquin qui est un témoignage direct de Nadia Comaneci, championne du monde roumaine de gymnastique de l'époque, concernant cette transitio...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.