Le FMI prévoit "une reprise poussive" de la croissance mondiale

Le Fonds monétaire international (FMI) a réduit sa prévision de croissance mondiale pour cette année lundi en raison d'un ralentissement plus marqué qu'anticipé en Inde et dans d'autres pays émergents mais il voit dans le récent accord commercial entre les Etats-Unis et la Chine un signe de plus suggérant que le commerce et l'industrie pourraient se rapprocher d'un rebond.
(Crédits : Yuri Gripas)

La signature de l'accord commercial sino-américain est une bouffée d'oxygène pour l'économie mondiale, dont la croissance va rebondir cette année. Mais la reprise sera "poussive" et fragilisée par la persistance de risques géopolitiques, a prévenu lundi le FMI devant l'élite économique mondiale à Davos. Le Fonds monétaire international s'est montré moins optimiste qu'en octobre dans ses dernières prévisions de croissance mondiale publiées lundi, tablant désormais sur 3,3% cette année et 3,4% l'an prochain (-0,1 point et -0,2 point respectivement).

Mais c'est bien mieux que l'an passé quand, sous l'effet de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, la hausse du volume du commerce international avait fondu (+1% après 3% en 2018) et fait tomber la croissance de la planète à 2,9%, son plus faible niveau depuis la crise financière.

"Reprise modérée"

"Après un ralentissement synchronisé en 2019, nous nous attendons à une reprise modérée de la croissance mondiale cette année et l'année prochaine", a commenté la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, lors d'une conférence de presse. Mais "nous ne sommes pas encore sortis d'affaire", a-t-elle ajouté à la veille de l'ouverture du 50e Forum économique mondial à Davos, en Suisse.

La reprise est freinée par exemple par de "mauvaises nouvelles" venues d'Inde qui souffre entre autres du déclin de la consommation, des investissements, des déficits budgétaires et des retards pris dans les réformes structurelles. De plus, dans d'autres pays, les économies sont secouées par une profonde contestation de la rue.

Au Chili, des manifestations d'étudiants contre une hausse du prix du ticket de métro en octobre se sont muées en une révolte d'ampleur inédite depuis la fin de la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990).

L'ONG Oxfam a à cet égard dénoncé lundi, dans son rapport annuel sur les inégalités mondiales, la concentration grandissante des richesses: selon ses calculs, les 2.153 milliardaires du globe détiennent désormais plus d'argent que les 4,6 milliards les plus pauvres de la planète. Ces inégalités "sont au coeur de fractures et de conflits sociaux partout dans le monde", a estimé Pauline Leclère, porte-parole d'Oxfam France, dans un communiqué.

Risques climatiques

 Autre obstacle à la croissance selon le FMI: le regain de tensions géopolitiques, notamment entre les Etats-Unis et l'Iran, pourrait perturber l'approvisionnement mondial en pétrole, nuire au moral et affaiblir les investissements commerciaux déjà timides.

Sur le front du commerce international, la trêve entre Washington et Pékin, scellée la semaine dernière par la signature d'un accord bilatéral, ne résout pas tout. Il va certes stimuler la croissance de la Chine cette année. Le FMI table désormais sur une hausse de 6%, soit 0,2 point de plus que l'estimation d'octobre.

Les Etats-Unis profiteront eux aussi de cet accord qui va doper leurs exportations de produits agricoles, industrielles et du secteur de l'énergie. Mais l'expansion s'essouffle. La croissance du PIB américain va ralentir à 2% (-0,1 point) après 2,3% l'an passé, les effets de la réforme fiscale s'estompant.

Pour autant, la première puissance au monde va continuer de faire la course en tête des pays avancés, bien loin des pays de la zone euro (+1,3%) et du Japon (+0,7%). Les pays émergents et en développement vont s'accroître, eux, de 4,4% après 3,7% en 2019.

Le volume du commerce international, qui a porté la reprise après la récession mondiale, va se reprendre cette année (+2,9% contre 1% l'an passé). Mais l'augmentation sera inférieure à celle estimée en octobre et loin des 3,7% enregistrés en 2018.

Sur une note plus positive, des facteurs temporaires qui avaient ralenti la production mondiale tels que les adaptations du secteur automobile aux nouvelles normes d'émissions semblent s'estomper. Reste que toutes ces projections "dépendent dans une large mesure de la capacité (des dirigeants) à éviter une nouvelle escalade des tensions commerciales américano-chinoises (...), à éviter un Brexit sans accord et les ramifications économiques des troubles sociaux et des tensions géopolitiques", prévient l'institution de Washington.

Le cas échéant, la reprise pourrait être sérieusement entamée, souligne le FMI à l'entame du Forum de Davos, qui devrait voir cette année nombre de discussions tourner autour de l'urgence climatique et des désordres mondiaux avec en invités vedettes de sa première journée, mardi, le président américain Donald Trump et la militante du climat Greta Thunberg.

Commentaires 4
à écrit le 23/01/2020 à 10:09
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La mondialisation c'est le dumping social fiscale retour a l'ancien monde

à écrit le 20/01/2020 à 20:25
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Ils veulent de la croissance ? Qu'on s'attaque aux inégalités alors..! Un smicard dépense systématiquement son salaire complet chaque mois... Alors chaque hausse de salaire provoque de la croissance. Quand est-ce qu'on s'y met? Quitte à ce que L'UE ...

à écrit le 20/01/2020 à 18:18
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Oxfam ferait mieux de balayer devant sa porte ... Voler les acquis sur deux générations des populations pour habiller ceux qui n’ont jamais cotisé de leur vie : est bien la «  marque «  de leur présidente à la «  noix »...

à écrit le 20/01/2020 à 18:07
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" mais il voit dans le récent accord commercial entre les Etats-Unis et la Chine" Incroyable dites donc ! Vous autres à la Tribune qui n'avez pourtant pas la puissance de feu financière du FMI voyez dans ce traité une action symbolique, analy...

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