Le Rwanda s'offre un institut de formation chirurgicale conçu à Strasbourg

Le Rwanda entend s'appuyer sur l'Ircad pour développer en Afrique une offre de soins basée sur la robotique, la chirurgie mini-invasive et le dépistage à grande échelle du cancer.
Paul Kagame (à droite), président du Rwanda et Jacques Marescaux (au centre), président de l'Ircad, visitent le bloc opératoire de l'institut de formation de chirurgiens à Strasbourg, le 19 mai 2021.
Paul Kagame (à droite), président du Rwanda et Jacques Marescaux (au centre), président de l'Ircad, visitent le bloc opératoire de l'institut de formation de chirurgiens à Strasbourg, le 19 mai 2021. (Crédits : Olivier Mirguet)

Emmanuel Macron est allé ce jeudi 27 mai à Kigali, capitale du Rwanda, pour franchir une nouvelle étape dans la "normalisation" des relations avec ce pays, vingt-sept ans après le génocide des Tutsi qui fit 800.000 morts au printemps 1994. « Je viens reconnaître nos responsabilités», a déclaré le chef de l'Etat au Mémorial Gisozi de Kigali. La France est restée « de fait aux côtés d'un régime génocidaire », mais « n'a pas été complice », a-t-il affirmé.

A l'écart de cet événement de diplomatie franco-rwandaise, une collaboration scientifique est déjà à l'œuvre depuis trois ans entre les deux pays. Le projet d'implantation à Kigali d'un institut de formation à la chirurgie mini-invasive, à la robotique et à l'imagerie médicale est mené depuis Strasbourg par l'Institut de recherche contre les cancers de l'appareil digestif (Ircad). Paul Kagame, président du Rwanda qui reçoit ce jeudi Emmanuel Macron, s'est rendu à Strasbourg le 19 mai pour assister à une démonstration de robotique chirurgicale et inaugurer un auditorium qui portera son nom.

"La technologie et l'innovation constituent les vecteurs les plus puissants pour apporter des soins de qualité à nos citoyens. Ces soins doivent être abordables financièrement et disponibles", a estimé Paul Kagame lors de cette visite à Strasbourg. "L'Ircad fait partie des leaders dans sa spécialité. Nous voulons nous focaliser sur la formation de chirurgiens et des ingénieurs dans les technologies de chirurgie mini-invasive", a-t-il confirmé. "L'Ircad Africa a déjà établi des relations solides avec des institutions de formation supérieure au Rwanda. Ce projet représentera la pierre angulaire de coopérations qui apporteront des changements notoires dans la vie des Africains, et en particulier des Rwandais", s'est félicité Paul Kagame.

Robotique et imagerie médicale pour l'Afrique

Ce projet initié en 2018 entre le gouvernement rwandais et l'Ircad, association strasbourgeoise de droit privé, porte sur la construction dans la périphérie de Kigali d'un bâtiment de 6.600 mètres carrés, sur le transfert des technologies de l'Ircad et sur la poursuite en commun de travaux de recherche spécifiques aux besoins de l'Afrique. Le bâtiment conçu par l'architecte français Patrick Schweitzer et financé par le Rwanda comprend des blocs opératoires, un auditorium, des salles de formation dédiées aux applications de la robotique et de l'imagerie médicale. Le budget initial de 16 millions de dollars (13,1 millions d'euros) a été porté à 20,9 millions de dollars (17,1 millions d'euros) en cours de chantier. L'inauguration est prévue à la fin de l'année 2021.

5 millions d'euros pour la recherche

Un projet de recherche doté d'un budget de 5 millions d'euros sur 40 mois a été élaboré avec l'Ircad Africa. Il vise à démocratiser des diagnostics médicaux établis à base de sondes échographiques et à favoriser le développement, en Afrique et ailleurs, le la chirurgie percutanée assistée par l'intelligence artificielle. "Nos recherches s'adressent à toutes les spécialités. Nous allons nous focaliser dans un premier temps sur le foie, le rein et la biométrie fœtale", annonce Alexandre Hostettler, directeur de la recherche et du développement à l'Ircad, qui pilotera depuis Strasbourg une équipe de 25 chercheurs répartis entre les deux sites. Ce programme baptisé Disrumpere vise aussi, dans des applications en robotique apportées par l'entreprise strasbourgeoise Axilum Robitics, à démocratiser le traitement des cancers et à effectuer des dépistages à grande échelle. Des collaborations ont été établies avec l'université américaine Carnegie Mellon, qui dispose d'une antenne à Kigali.

Ces expansions internationales ne constituent pas une première pour l'Ircad, fondé en 1994 par le chirurgien Jacques Marescaux dans l'enceinte des Hôpitaux universitaires de Strasbourg. L'institut qui forme 6.000 chirurgiens par an en Alsace a établi des succursales à Taiwan en 2008, puis au Brésil en 2011 et en 2017. Une autre implantation a eu lieu en 2019 au Liban et deux projets sont en cours en Chine et aux Etats-Unis.

Commentaires 2
à écrit le 27/05/2021 à 19:28
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Avec notre argent bien entendu, "ca coute rien c'est l'Etat qui paye".

à écrit le 27/05/2021 à 17:53
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autant le projet est interesssant techniquement, autant vu la visite de macron, on a a l'idee qu'il va s'agir d'export ' cautionne par letat francais', dans un grand cadre de generosite du contribuable francais pour tous

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