Pétrole : l'opposition vénézuélienne demande à Washington de trouver un accord pour relancer la production

Dans une lettre adressée à Joe Biden et à des décideurs politiques américains, des représentants de la société civile vénézuélienne appellent les deux pays à trouver rapidement un accord pour relancer le secteur pétrolier, clé de l'amélioration de la situation économique du pays et réponse aux besoins pétroliers mondiaux.
Robert Jules
La compagnie publique, PDVSA, extrait aujourd'hui seulement 750.000 barils par jour (b/j), selon l'AIE, un niveau bien inférieur aux 2,84 millions de barils par jour (mb/j) qu'ils produisaient encore en 2010,
La compagnie publique, PDVSA, extrait aujourd'hui seulement 750.000 barils par jour (b/j), selon l'AIE, un niveau bien inférieur aux 2,84 millions de barils par jour (mb/j) qu'ils produisaient encore en 2010, (Crédits : Reuters)

Va-t-on vers une levée des sanctions au Venezuela ? Ce n'est pas encore le cas, mais l'économie dévastée du pays et l'échec de l'embargo américain pour chasser Nicolas Maduro du pouvoir ont incité 25 personnalités de la société civile, opposants au régime, à s'adresser au président des Etats-Unis pour autoriser les compagnies pétrolières étrangères à revenir dans le pays.

"Nous demandons instamment que les accords permettent le retour des compagnies pétrolières occidentales et d'autres entreprises privées pour revigorer le secteur pétrolier vénézuélien, ce qui générera des emplois et favorisera la production locale", argumentent-ils dans une lettre ouverte adressée à Joe Biden, ainsi qu'à des élus et des responsables gouvernementaux. Ils appellent également le gouvernement de Nicolas Maduro à faciliter les conditions de tels accords.

Prendre en compte les problèmes humanitaires

La lettre, signée par des économistes réputés, analystes, experts pétroliers et syndicalistes, constate que "les sanctions économiques et la pression politique maximale n'ont pas atteint leurs objectifs". Ils préconisent que "les négociations soient centrées sur les problèmes humanitaires pour trouver une solution à la hauteur de l'urgence de la situation". Les signataires justifient leur démarche en invoquant la pauvreté dans laquelle se trouve une majorité de la population, l'insécurité alimentaire qui débouche sur de sévères déficiences en matière de santé. Ils évoquent également des services publics extrêmement détériorés comme l'électricité, l'assainissement ou encore la qualité de l'eau. En 2021, le pays se classait au 46e rang des pays les plus pauvres du monde, en parité de pouvoir d'achat, selon le classement établi par le Fonds monétaire international (FMI).

Ces opposants saisissent ici une opportunité créée par le contexte géopolitique. Les sanctions imposées à la Russie en réponse à l'invasion militaire en Ukraine génèrent une nécessité d'augmenter la production pétrolière mondiale. La production du Venezuela augmenterait rapidement, indiquent les signataires, avec un retour des compagnies étrangères grâce à l'apport d'investissements et de technologies dont manque l'industrie pétrolière du pays. C'est un argument pour le camp occidental depuis que les Etats-Unis ont décrété un embargo sur les importations de brut et produits pétroliers russes, et les Européens, plus dépendants, étudient une mesure similaire.

En mars, Washington avait déjà envoyé une délégation de hauts fonctionnaires à Caracas pour discuter avec le gouvernement de telles perspectives, pour le moment sans grand résultat probant.

Une production tombée à 750.000 barils par jour

Même si le Venezuela, membre fondateur de l'Opep, n'est pas soumis à un quota dans le cadre de l'accord Opep+, sa compagnie publique, PDVSA, extrait aujourd'hui seulement 750.000 barils par jour (b/j), selon l'AIE, un niveau bien inférieur aux 2,84 millions de barils par jour (mb/j) qu'ils produisaient encore en 2010, selon les chiffres du  BP Statistical Review 2021. L'embargo lui interdisant le marché international, ses principaux clients sont la Chine, l'Inde et la Malaisie, à qui le pays sud-américain vend son brut avec une décote, ou en échange de financements.

Le départ des compagnies étrangères pétrolières avait déjà commencé lorsque Hugo Chavez était au pouvoir. Mais nombre de majors américaines qui opéraient dans le pays auparavant pourraient revenir si un accord était trouvé.

Les premières sanctions américaines contre le Venezuela sont intervenues en 2015 sous l'administration Obama et visaient sept responsables de la sécurité et de la justice accusés de violations présumées des droits humains. En 2017, l'administration Trump a imposé des sanctions plus larges qui ont bloqué l'accès du Venezuela aux marchés américains de la dette et des actions.

La réélection de Nicolas Maduro en 2018 lors d'un scrutin boycotté par l'opposition, n'a pas été reconnue par une partie de la communauté internationale, dont les Etats-Unis qui étaient le principal acheteur du pétrole vénézuélien. En 2019, dans une nouvelle série de sanctions, Washington a interdit aux citoyens américains toute transaction avec l'industrie pétrolière vénézuélienne.

Robert Jules
Commentaire 1
à écrit le 15/04/2022 à 21:15
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La société civile représentée par des ponctionnaires socialistes nourris au grain Maduro et on nous baratine avec une pseudo-opposition qui appelle à soutenir la dictature via des pétro-dollars... Cela ressemble beaucoup plus à un appel de l'in...

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