
L'élection américaine n'est pas encore jouée alors que minuit approche sur la côte Est et que la soirée électorale suit son cours. Donald Trump s'en sort cependant pour l'heure beaucoup mieux que ne le prédisaient les sondages : le président a remporté d'importants succès dans plusieurs États où les résultats s'annonçaient très incertains.
Sans même attendre les résultats définitifs, Donald Trump a revendiqué la victoire à l'occasion d'une courte allocution donnée depuis la Maison Blanche dans la nuit de mardi à mercredi. "Honnêtement, nous avons gagné l'élection", a-t-il déclaré.
Le président sortant a par ailleurs dénoncé une fraude, sans apporter d'élément concret, et a annoncé son intention de saisir la Cour suprême, vraisemblablement au sujet du vote par correspondance.
Un peu plus tôt, il avait accusé sur Twitter son rival démocrate d'essayer de "voler" l'élection - un post accompagné d'un message de prévention de la part de Twitter dans le cadre du renforcement de sa politique de modération pour la présidentielle américaine en cours.
"On est devant et de loin, mais ils essaient de voler l'élection. Jamais nous ne les laisserons faire", a-t-il lancé.
Au coude-à-coude
Durant cette première partie de la soirée électorale, l'attention était notamment focalisée sur trois États-clés ("battleground states") pour l'issue finale : la Floride, la Géorgie et la Caroline du Nord. Tous situés sur la côte Est, et donc susceptibles d'afficher rapidement un résultat final, il s'agit de trois États qui penchent en général côté républicain, mais que les sondages annonçaient susceptibles de voter en faveur de Joe Biden.
Une défaite de Trump en Floride aurait probablement ouvert à Biden le chemin de la Maison Blanche, mais le président s'est finalement imposé dans le Sunshine State, notamment grâce au vote de la communauté latino-américaine. La Géorgie semble également bien partie pour demeurer dans le camp républicain, même si le résultat final ne sera pas annoncé tout de suite, une fuite d'eau ayant paralysé une partie du décompte des votes près d'Atlanta. Du côté de la Caroline du Nord, un État remporté sur le fil du rasoir par Barack Obama en 2008, avec une marge de 0,32%, le résultat demeure incertain, mais penche également en la faveur de Trump.
Le président sortant est également plutôt bien positionné dans l'Ohio, la Pennsylvanie et le Michigan, trois États de la « Rust Belt », appauvris par la désindustrialisation, où il avait créé la surprise en s'imposant en 2016, et qui s'étaient avérés déterminants pour son élection. Si le président est pour l'heure en avance, un très grand nombre de bulletins doivent encore être dépouillés, notamment en Pennsylvanie et dans le Michigan, et le résultat peut donc être amené à évoluer. Le Wisconsin, autre État de la Rust Belt, demeure pour l'heure hautement contesté. Tout comme en 2016, la Rust Belt pourrait bien déterminer le résultat final de l'élection.
Sans grande surprise, Biden est en passe de s'imposer sur la côte Ouest (Californie, Oregon, Washington) et en Nouvelle-Angleterre (Maine, Vermont, New Hampshire, Massachusetts, Connecticut et Rhode Island), tandis que Trump est en tête dans les États ruraux du Sud (Louisiane, Alabama, Mississippi, Arkansas, Tennessee, Caroline du Sud, Kentucky) et du Nord (Idaho, Wyoming, Dakota du Sud et du Nord) ainsi que dans le Kansas, le Missouri et l'Utah.
Le Texas, un très gros morceau puisqu'il s'agit, après la Californie, du second État le plus peuplé et comprenant donc le deuxième plus grand nombre de grands électeurs (38), s'annonçait cette année contesté après avoir été un bastion républicain de longue date. La course s'annonce en effet plus serrée que d'ordinaire, mais à l'heure actuelle, c'est le candidat républicain qui semble en passe de s'y imposer. Demeurent l'Arizona et le Nevada, deux autres États où l'issue est incertaine, mais que Joe Biden a de bonnes chances de remporter. Une victoire démocrate en Arizona serait une première depuis l'élection présidentielle de 1952. Pour rappel, un candidat doit remporter au moins 270 grands électeurs pour être élu à la présidence. Pour l'heure, ni Trump, ni Biden n'y est parvenu, et tout reste donc ouvert. Par rapport aux performances dont le créditaient les sondages, le président peut toutefois s'avérer très satisfait de la soirée.
Une élection historique
Quelle que soit l'issue finale, l'élection s'annonce d'ores et déjà historique, non seulement du fait de l'état de profonde division qui parcourt le pays, mais aussi du coronavirus, qui a conduit un nombre sans précédent d'électeurs à voter à distance. Environ cent millions de personnes ont choisi cette option, soit plus de deux fois plus qu'en 2016.
Le nombre élevé de personnes ayant voté par correspondance entraîne un décompte plus long, ce qui signifie que le résultat définitif de l'élection pourrait ne pas être connu avant la fin de la nuit sur la côte Est, voire même, selon certaines prédictions, avant plusieurs jours. Le taux de participation est également parti pour être le plus élevé depuis plus d'un siècle, avec un taux de participation prévu de 67%, chiffre qui reflète toute l'importance que revêt cette élection pour les Américains.
Une chose est sûre : il n'y a pas eu de raz-de-marée démocrate anti-Trump et le président sortant est en mesure de l'emporter contre les prédictions des sondages, à nouveau déjoués. Le risque, devoir attendre que la justice ne tranche et des tensions dans un pays plus divisé que jamais.
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