Russie : les grands groupes français résistent bien à la crise

Auchan, Danone et l'Oréal réalisent de belles performances en dépit de la chute des revenus de la population et d'un climat géopolitique défavorable. Mais pour combien de temps ?
La tension croissante entre Moscou et l'Occident (et avec Paris en particulier, depuis l'annulation de la visite de Vladimir Poutine à Paris prévue pour le 19 octobre) devrait peser sur les résultats des groupes français sur le marché russe.

Les entreprises françaises en Russie se portent mieux qu'on aurait pu le penser. Selon un classement des 50 principales entreprises étrangères réalisé la semaine dernière par la version russe du journal Forbes, les françaises se classent en deuxième position, talonnant les allemandes et nettement devant les américaines. Forbes classe les sociétés par chiffre d'affaires en roubles réalisé en 2015, sans tenir compte des bénéfices.

La plus importante société étrangère en Russie n'opère pas dans les hydrocarbures, ni même dans les matières premières. C'est Auchan qui domine largement le classement avec 414 milliards de roubles (5,9 milliards d'euros) et une progression de 11% par rapport à 2014. Et c'est sans compter Leroy Merlin, 9e du classement, avec 152 milliards de roubles (2,17 milliards d'euros, en progression annuelle de 23%). La Russie représente un très gros morceau de leur activité globale (11% et 18% respectivement). Les cinq autres sociétés françaises du top 50 sont dans l'ordre Danone (1,5 milliards d'euros), Renault (1,2 milliards), Sanofi (672 millions), l'Oréal et Schneider Electric (ex-aequo avec 600 millions d'euros). En chiffre d'affaires consolidé, les sept sociétés françaises totalisent 12 milliards d'euros, derrière les sociétés allemandes (14 milliards d'euros) et devant les sociétés américaines (11 milliards d'euros).

Croissance dans un contexte difficile

A l'exception de Renault, qui enregistre une grosse baisse, et de Schneider Electric, qui se maintient au même niveau, les autres sociétés françaises affichent une solide croissance. Pourtant, l'économie russe continue de mal se porter, avec une contraction continue de l'économie depuis 2013 et qui a atteint 3,75% en 2015.

La forte croissance d'Auchan et de Leroy Merlin est d'autant plus étonnante qu'elle se produit dans un contexte très défavorable, puisque les revenus des Russes ont chuté de 10% l'année dernière. Présent en Russie depuis 2002, le groupe compte désormais 100 magasins sous l'enseigne Auchan et 180 magasins sous l'enseigne Atak. Auchan accélère encore son implantation régionale au rythme de 20 nouveaux magasins cette année, puis 35-40 par an en 2018. L'autre success story française, Leroy Merlin, compte 49 magasins et ambitionne un total de 140 magasins d'ici 2020.

Economie et politique

Total, qui a investit au moins 7 milliards de dollars en Russie (dont une participation de 18,9% dans Novatek) ne figure pas dans le classement. "C'est parce que deux des trois sociétés du groupe Total opérant en Russie ne dévoilent pas leur chiffre d'affaires", note Anna Kasyan, qui a réalisé le classement pour le journal Forbes. Royal Dutch Shell est la seule société du secteur hydrocarbures à apparaître dans le Top 50, signe que le Kremlin a réussit à garder la main sur son or noir.

La Société Générale n'apparaît pas non plus, mais c'est un choix délibéré de Forbes d'exclure le secteur financier de son classement. La brutale chute de chiffre d'affaires de Renault (-23% en 2015) s'explique par une contraction très forte (-20% par an en moyenne depuis 2013) du marché automobile. Volkswagen a vu ses ventes baisser de 26% en 2015. PSA, qui n'a jamais vraiment marché sur le marché russe, n'apparaît pas dans le classement, malgré une localisation en Russie remontant 2008.

La tension croissante entre Moscou et l'Occident (et avec Paris en particulier, depuis l'annulation de la visite de Vladimir Poutine à Paris prévue pour le 19 octobre) devrait toutefois peser sur les résultats des groupes français sur le marché russe. Les groupes exposés aux marchés publics comme Alstom et Vinci sont déjà clairement pénalisés par rapport à leurs concurrents de pays politiquement plus proches de Moscou, en particulier les groupes chinois. C'est encore plus vrai pour les secteurs stratégiques comme les hydrocarbures et la défense.

Commentaires 8
à écrit le 14/10/2016 à 8:23
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" l'economie russe continue de mal se porter " ...si vous le dites , c'est surement vrai ; heureusement , celà ne touche pas les groupes français ...! et encore , il y a les sanctions et les embargos...

à écrit le 13/10/2016 à 17:35
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Étrange... Extraits de l'article: - les sept sociétés françaises totalisent 12 milliards d'euros, derrière les sociétés allemandes (14 milliards d'euros) et devant les sociétés américaines (11 milliards d'euros). - les français "talonnent" les allema...

à écrit le 13/10/2016 à 9:28
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Après l'affront fait par le GOUVERNEMENT français à M. Poutine ( bien plus clairvoyant sur le rôle de M. Bachar el Assad pour lutter contre le terrorisme islamique mondia)l, je doute que ces entreprises continuent à être bien considérées en Russie......

le 13/10/2016 à 10:33
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Vous rigolez la ou quoi!!! Vous parlez pour qui, au nom de qui?? Oui la France cautionne la liberté, le droit, la démocratie, et de ce fait, les sanctions de l'UE contre la Russie sont tout à fait normales et proportionnées au regard de son intervent...

le 13/10/2016 à 12:52
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Vous êtes qui pour parler-vous au nom du "Peuple de France" ?

à écrit le 13/10/2016 à 9:17
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Hollande devrait exiger que ces sociétés respectent les sanctions et sortent de Russie :-)

le 13/10/2016 à 12:53
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Ces sociétés respectent les sanctions.

le 13/10/2016 à 13:56
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@Patriot9: Non, puisqu'elle font du business avec les Russes :-) Bon, personnellement, j'achète chez O'Key :-)

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