« La nécessité est la mère de l'invention » : le débat Martine Vassal (métropole Aix-Marseille), Navi Radjou (conseiller en innovation frugale) et Patrick Blethon (Saur)

#REAix2022. Alors que le monde connaît un choc inédit depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, La Tribune a donné la parole aux grands décideurs de l'économie en direct des Rencontres d'Aix-en-Provence du 8 au 10 juillet. Que pensent les patrons des désordres économiques actuels ? Est-ce la fin de la mondialisation ? Comment faire face au retour de l'inflation qui fait remonter les taux d'intérêt et craindre des tensions sociales ? Comment mener dans le même temps les grandes transitions énergétique, écologique et économique ? Revivez ici la vidéo de l'entretien avec Martine Vassal, présidente de la métropole Aix-Marseille, Navi Radjou, conseiller en innovation frugale et Patrick Blethon, président de Saur, enregistré depuis notre studio installé au cœur du Davos provençal.
Philippe Mabille
(Crédits : DR)

Martine Vassal, présidente de la métropole Aix-Marseille

La Métropole d'Aix Marseille a 6 ans. La loi 3DS en a redessiné les contours et ouvert une nouvelle page, centrée sur les transitions : environnementale, numérique et sociale.

Nous sommes une métropole qui attire, en raison de notre situation géopolitique et géostratégique. De nos liens avec l'Afrique et la Méditerranée. Plus de 60 entreprises se sont installées sur la Métropole en 2020, 83 autres l'an dernier. Soit plus de 3000 emplois créés. Mais nous avons encore des progrès à réaliser sur le foncier, le logement et la mobilité. Le Président et le gouvernement nous aident en nous apportant 1 milliard pour le transport, autant pour les écoles et 650 millions pour le logement. Nous sommes concerné par la problématique énergétique et la sécheresse hydrique. Il y a une prise de conscience et nous cherchons des solutions. On essaye de développer plus vite les énergies renouvelables. Nous avons créé une SEM sur les énergies. On travaille à faire en sorte que l'habitat de demain soit éco-responsable, qu'il recycle l'eau pour d'autres usages. Avec EDF, on essaye de trouver un moyen pour que l'eau douce qui est versée dans l'étang de Berre soit redistribuée à l'agriculture.

Navi Radjou, conseiller en innovation frugale

Le stress hydrique n'est pas une nouveauté. L'Inde a connu une importante sécheresse dans les années 1970, ce qui a conduit ce pays à plus de sobriété. Il faut prendre en compte leur expérience, pour chercher comment faire mieux avec moins. Passer à une innovation frugale. Chercher des solutions en s'inspirant de pays qui ont su transcender la sobriété. Au Moyen Orient, Israël est né dans un désert. Là-bas, une startup est parvenue à transformer l'humidité de l'air en eau potable. La nécessité est la mère de l'invention. Chez nous, il faut aller au-delà en matière d'éducation et démontrer que la sobriété n'est pas un problème, mais une solution. On doit faire des ponts avec l'Afrique, aider ce continent. Mais ce pont ne doit pas être à sens unique. Les problèmes de sécheresse sont sans frontières. Il faut aller découvrir comment d'autres régions, notamment en Afrique, ont pu surmonter ces difficultés pour parvenir à trouver des solutions sans frontières.

Patrick Blethon, président de Saur

La question de l'eau est un enjeu écologique majeur. On a commencé à en parler lors de la COP26. Aujourd'hui la sécheresse a 3 mois d'avance. En 2030, 1,6 milliard de personnes vont souffrir de sécheresse . Pourtant, on fait encore une consommation excessive d'eau. Il faut 7000 litres pour produire un jean. Le rôle des 12500 collaborateurs de Saur, c'est d'accompagner les collectivités locales, les aider à réduire leur consommation d'eau et travailler sur la protection de la ressource.

En France 70% de l'eau est consommée par l'agriculture, 20% par l'industrie. Il faut recentrer le débat sur ces deux domaines. Il n'y a pas de régulateur sur l'eau. Il faut remettre ce sujet au centre. La data peut aider à consommer plus intelligemment et à réduire les gaspillages avec la maintenance prédictive. Les fuites cumulées en France permettraient d'alimenter la Belgique pendant un an.

Des startups travaillent à mieux gérer la ressource. Il faut prendre des engagements qui passeront par les collectivités et la finance. Saur s'est lancé sur les green bonds il y a déjà un moment. Tous les pays ont des solutions à apporter. Les Métropoles peuvent être des laboratoires pour tester de nouvelles solutions, qu'on pourra ensuite implémenter à étranger. Nous avons aussi beaucoup à apprendre de pays étrangers, et notamment d'Israël, sur la high-tech de l'eau.

Philippe Mabille
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