PODCAST 1 million d’apprentis en 2027, à quel prix ?

HISTOIRES ECONOMIQUES. Le gouvernement cherche des économies, on le sait, il envisage notamment de réduire son soutien à l’apprentissage. Écoutez chaque mardi 6h48 la chronique "Histoires Economiques" de Philippe Mabille dans le 5/7 de France Inter présenté par Mathilde Munos.
Philippe Mabille
(Crédits : © LTD / Martin Bertrand)


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C'est une des politiques d'aides à l'emploi des jeunes qui a plutôt bien réussi et pourtant le gouvernement pourrait bien réduire la voilure dans le budget 2025. Il faut dire que la facture a beaucoup gonflé depuis 2020 : l'enveloppe totale des aides à l'embauche d'un apprenti s'élève désormais à plus de 4 milliards d'euros. Le gouvernement viserait 500 millions d'économies, en rognant la prime de 6 000 euros dont bénéficient les entreprises.

En quoi consisterait ce coup de rabot ?

Selon nos informations, dévoilées dans La Tribune Dimanche, deux pistes sont à l'étude : la première option, ce serait de moduler le montant de la prime en fonction du niveau de diplôme des jeunes, pour encourager l'embauche des moins qualifiés. Par exemple, elle serait de 6 000 euros pour le recrutement d'un alternant niveau CAP, de 5 000 pour un bac pro, de 4 000 pour un bac+2. 
Parmi les arguments figure l'idée que le dispositif engendre des effets d'aubaine dont bénéficient les enfants des milieux aisés, les plus diplômés, qui n'ont pas de difficultés pour s'insérer sur le marché du travail, dans un contexte de pénuries de talents.

Et quelle est l'autre piste ?

L'autre option consisterait à différencier la prime en fonction de la taille des entreprises. Vu leurs profits records, les grands groupes n'ont pas besoin du soutien de l'État pour recruter. Dans ce scénario, les aides à l'embauche des apprentis seraient réservées aux petites entreprises, probablement jusqu'à 250 salariés.

Mais le gouvernement prend un risque à modifier un système qui marche, non ?

C'est clair et ce serait dommage car longtemps assimilée à une voie de garage, cette filière attire de plus en plus de jeunes : le nombre d'apprentis a été multiplié par 3 entre 2016 et 2022 et on a frôlé les 860.000 contrats l'an dernier.

Malgré un tassement de la croissance des embauches sous cette forme l'an dernier, l'exécutif fait le pari que, même en réduisant son soutien, l'objectif du million d'apprentis en 2027 sera atteint.

Comment réagit le patronat ?

Ce qui est vrai, c'est que le climat n'est plus au beau fixe entre la Macronie et le Medef. Depuis la querelle sur les retraites complémentaires, les patrons ont bien compris qu'avec l'explosion de la dette, les entreprises vont passer à la caisse. Après les rachats d'actions, qui vont être taxés, le coup de rabot sur l'apprentissage serait un signal de plus que la facture arrive.


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Philippe Mabille
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