PODCAST Bras de fer sur les retraites complémentaires, saison 2

HISTOIRES ECONOMIQUES. Bonne nouvelle pour certains retraités du privé : le montant de leur pension va augmenter. Écoutez chaque mardi 6h48 la chronique "Histoires Economiques" de Philippe Mabille dans le 5/7 de France Inter présenté par Mathilde Munos.
Philippe Mabille
La nouvelle ministre du Travail, Catherine Vautrin
La nouvelle ministre du Travail, Catherine Vautrin (Crédits : Reuters)


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C'est un joli cadeau que vont recevoir les 700.000 retraités du secteur privé concernés par la fin de la décote sur leur pension. À compter d'aujourd'hui, celle-ci va être revalorisée de 30 à 60 euros par mois en moyenne.

Pour bien comprendre, il faut revenir à l'accord conclu en 2019 entre les syndicats et le patronat co-gestionnaires de l'Agirc-Arrco, la caisse complémentaire des salariés du privé. Pour rééquilibrer les comptes, les partenaires sociaux font le choix d'inciter ceux qui le peuvent à travailler plus longtemps. Un malus de 5% à 10% est appliqué pendant trois ans à ceux qui choisissent de ne pas travailler un an de plus. Et une surcote est accordée à ceux qui acceptent de rester en emploi pendant 2 à 4 ans supplémentaires.

Avec le report de deux ans, à 64 ans, de l'âge de départ à la retraite, ce bonus-malus n'est plus justifié. Un nouvel accord signé en octobre dernier par les partenaires sociaux vient donc d'y mettre fin.

La disparition de la décote s'accompagne d'une revalorisation de 4,9% des retraites complémentaires pour compenser l'inflation. Soit un taux moins élevé que la hausse de 5,3% accordée par l'État pour les régimes de base, qui va coûter 14 milliards d'euros à la Sécurité sociale et est une grande partie à l'origine de la dégradation des déficits publics dont on parle tant.

Pour boucler son budget, l'État veut ponctionner dans les excédents de la caisse des retraites complémentaires. Où en est-on de ce feuilleton ?

Dans la saison 1, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, avait tenté, cet automne, de récupérer 1 milliard sur les 78 milliards de réserves de l'Agirc Arrco, réserves qui correspondent à un an de pensions. Les syndicats et le patronat avaient réussi à bloquer l'opération en dénonçant  un « hold-up » sur les cotisations des salariés du privé. Ce qui avait rendu l'Élysée fou furieux, car cet argent devait financer la revalorisation des petites retraites de base, promise par Emmanuel Macron.

La nouvelle ministre du Travail, Catherine Vautrin, s'apprête à lancer la saison 2 de ce bras de fer

Nous avons révélé, dans La Tribune dimanche, que l'État pourrait forcer la main aux partenaires sociaux. Il envisage en effet de ne pas rembourser aux caisses complémentaires une partie des 9 milliards d'exonérations de charges patronales sur les bas salaires. Cette procédure est parfaitement illégale, l'État s'étant engagé à compenser à l'euro près ces allègements... Mais, quand nécessité budgétaire fait loi, tout est possible. Même une ponction indirecte sur l'argent des futurs retraités... Quelle carambouille !

En vérité, il ne s'agit que d'un tour de passe-passe budgétaire assez puéril, car dans la réalité, les excédents des retraites complémentaires viennent déjà en déduction des déficits publics. Le bras de fer est moins financier qu'une question d'ego et de principe, entre un État qui veut la mort du paritarisme de gestion - il s'apprête à prendre le pouvoir à l'Unedic, le régime d'assurance-chômage - et des partenaires sociaux qui tentent de défendre ce qui a été depuis la guerre leur pré carré. Une guerre asymétrique qu'ils sont en passe de perdre face au jacobinisme macronien.

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Philippe Mabille
Commentaire 1
à écrit le 02/04/2024 à 15:09
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Jaloux de ceux qui ne sont pas déficitaires ils leur pomperaient l'excédent !!

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