PODCAST Le Far West de l’internet à haut débit dans l’espace

HISTOIRES ECONOMIQUES. Ça se passe de 500 et 2.000 km de nous, pas si loin de la Terre. Un conflit économique se joue dans cette orbite basse, que se disputent des entreprises et des Etats dans l'anarchie la plus totale. Écoutez chaque mardi 6h48 la chronique "Histoires Economiques" de Philippe Mabille dans le 5/7 de France Inter
Philippe Mabille
(Crédits : Eutelsat)


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Aux Etats-Unis, en Chine et en Europe, des géants de la tech et des télécoms veulent coloniser cet espace qui n'appartient à personne, pour y installer des constellations de satellites.

Plus de 7.000 satellites fournissent déjà une connexion internet à haut débit depuis cette orbite basse, où l'on trouve aussi la station spatiale internationale. Les plus connues sont Starlink d'Elon Musk, mais aussi l'européenne One Web lancé par Eutelsat. Mais demain, il y en aura des dizaines de milliers, avec le projet de Jeff Bezos, le fondateur d'Amazon, ou celui de Greg Wyler, l'ancien patron de OneWeb. Sans compter les méga-constellations chinoises, russes. La bataille de l'espace est aussi rude que celle de l'intelligence artificielle.

Une ruée vers l'internet spatial

En cette période de tensions géopolitiques, il est essentiel sur le plan économique et militaire que les Etats puissent sécuriser une connexion internet pour le cas où les réseaux terrestres seraient défaillants. Au début de la guerre, la Russie a brouillé et détruit les infrastructures télécoms de l'Ukraine. Elon Musk a alors mis à disposition des Ukrainiens sa constellation Starlink, ce qui leur a permis de piloter les drones lancés contre les chars de Moscou...

Quel est l'avantage de cette orbite basse ?

Elle est beaucoup moins coûteuse que l'orbite géostationnaire, située 35 000 km plus haut. Mais elle oblige à lancer de très nombreux satellites pour que le réseau reste accessible partout.

Pour visualiser à quoi cela ressemblerait, imaginez un gigantesque boulevard périphérique où circuleront dans un avenir proche des dizaines de milliers de satellites concurrents lancés à une vitesse folle : cet hyper-trafic pourrait provoquer des collisions en chaines, multiplier les débris.

Pas de réglementation

L'orbite basse est une question de souveraineté pour les grandes puissances mondiales qui veulent toutes y être présentes. Comment les en empêcher ? La France, qui produit à Toulouse nombre de ces satellites, pousse à une régulation pour éviter ce grand embouteillage. Une conférence s'est d'ailleurs tenue ce lundi à l'initiative du Cnes, le centre national des études spatiales, avec l'Arcep, l'autorité de régulation des télécoms, et l'Ademe, pour mesurer l'impact sur l'environnement de ces méga-constellations.

L'une des pistes serait de refuser des fréquences aux opérateurs qui ne respectent pas des règles communes en termes de lancement de satellites. Le but, c'est d'éviter, comme le craignaient nos ancêtres les Gaulois, que le ciel nous tombe sur la tête.


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Philippe Mabille
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