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Avez-vous remarqué que depuis début mars, Google a supprimé de son moteur de recherche le renvoi automatique vers son service de géolocalisation Maps. Lorsque l'on recherche une adresse, une carte fixe s'affiche mais impossible de cliquer dessus. Cette modification est la première conséquence d'un nouveau règlement européen, le Digital Market Act ou DMA. Ce texte oblige les Gafam américains et le chinois TikTok à se conformer à de nouvelles régulations. L'objectif est de lutter contre le pouvoir monopolistique de ces plateformes et d'ouvrir le marché du numérique à de plus petits acteurs.
La commission européenne ne semble pas convaincue que les solutions proposées par Google, mais aussi Apple et Facebook, respectent les nouvelles obligations. Thierry Breton, le commissaire européen chargé de ces dossiers vient donc de taper du poing sur la table en diligentant une nouvelle enquête sur les pratiques concurrentielles de ces géants du numérique.
Le grand contournement du DMA ?
La commission soupçonne les plateformes de vouloir contourner le DMA en n'adoptant que des changements a minima ou en prenant des mesures qui visent à mettre les utilisateurs de leur côté en leur rendant la vie impossible.
Google aurait pu mettre à disposition des internautes d'autres applications de géolocalisation similaires à Google Maps. Mais ne l'a pas fait.
Facebook propose soit un service gratuit avec profilage publicitaire à partir de vos données, soit un service payant sans pub. Un choix trop binaire selon Bruxelles.
La principale critique vise Apple, qui rechigne à ouvrir son AppStore, seule porte d'entrée de ses iPhone. Le but inavoué est de forcer les développeurs d'applications à passer par l'AppStore et donc à payer les commissions de 30% (ou 15% pour les petits acteurs), qui lui rapportent plus de 50 milliards de dollars par an.
Et pour les réseaux sociaux, quels changements sont espérés ? Pour Instagram, LinkedIn, WhatsApp ou Tik Tok, le principal sujet est celui de l'interopérabilité, c'est-à-dire la possibilité de partager des informations ou d'envoyer des messages vers d'autres réseaux. Les plateformes ont tout intérêt à rendre cette interopérabilité inconfortable, pour inciter les utilisateurs à être le plus possible sur leur réseau.
C'est donc le début d'un bras de fer entre les Gafam et la Commission européenne
Mais les géants de la tech risquent gros à ne pas se mettre en conformité : les amendes prévues dans le Digital Market Act peuvent atteindre 10% de leur chiffre d'affaires mondial... voire le double en cas d'infractions graves ou répétées. Et le DMA prévoit un possible démantèlement, une arme de dissuasion en dernier recours que même les autorités antitrust américaines commencent à envisager.
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