Députés Rassemblement national : les règles de l’an II

Ce jeudi 12 octobre, les troupes de Marine Le Pen à l’Assemblée nationale seront à l'honneur, avec la première niche parlementaire RN de la session.
Marine Le Pen à l’Assemblée nationale, le 4 novembre 2022.
Marine Le Pen à l’Assemblée nationale, le 4 novembre 2022. (Crédits : latribune.fr)

Voilà un sondage qui tombe à pic pour le Rassemblement national (RN). Selon une enquête de l'institut Harris Interactive réalisée du 19 au 22 septembre, les 88 députés RN ont la cote. Sur l'ensemble des Français interrogés, 39 % se disent satisfaits de leur travail. De ce qu'ils en savent, du moins. Tous les autres groupes sont à la traîne, qu'il s'agisse de ceux de la majorité présidentielle - Renaissance est à 29 % - ou des Insoumis, qui pointent en dernier avec 22 %.

« Tout pousse vers nous », exulte en privé Marine Le Pen.

Ce jeudi 12 octobre, ses troupes de l'Assemblée nationale auront la pleine lumière : le RN conduit la première niche parlementaire de la session. L'ordre du jour sera le leur, concocté durant l'été par la patronne, le président du parti, Jordan Bardella, et le méthodique secrétaire général du groupe au Palais-Bourbon, Renaud Labaye. Sept textes au menu, dont un qui a déjà fait le barouf escompté : une proposition de loi visant à « soutenir les femmes qui souffrent d'endométriose » en leur faisant bénéficier du statut d'ALD (affection de longue durée). Objectif consensuel s'il en est.

« On se spécialise »

Sauf qu'à moins d'une énorme surprise ce texte ne sera pas adopté. Les autres non plus, bien que certains - comme celui qui vise à sucrer les allocations des parents d'enfants délinquants - aient reçu l'imprimatur des Républicains (LR). Affaire de cohérence, estime leur chef, Éric Ciotti, dont les positions en matière répressive recoupent souvent celles du RN. Du côté de la Macronie et de la gauche, en revanche, ça bloque.

« On ne cherche pas la gloire mais à faire avancer des idées, nous assurait encore récemment Renaud Labaye. Si on n'a pas de texte adopté, on montrera aux Français à quel point les autres sont sectaires. »

En 2022, la niche RN s'était déjà soldée par un bilan nul. Preuve à la fois des carences techniques et de l'isolement politique du parti à la flamme. Idem pour le nombre microscopique de leurs amendements qui finissent par être adoptés. Pour cet « an II » d'une législature si particulière, les députés frontistes ne s'attendent pas à des miracles mais savent que l'excuse de la mise au ban ne saura parer tous les coups. « La première année, on a pris nos marques ; la deuxième, on se spécialise », dit l'élément de langage en vogue au RN.

Derrière, il y a l'idée de faire émerger d'autres profils que ceux qui trustent les plateaux de télévision. À savoir Jean-Philippe Tanguy, Thomas Ménagé, Laure Lavalette, Sébastien Chenu... Proche de Marine Le Pen, ce dernier concède :

« Il y a des sujets sur lesquels il faut qu'on soit mieux identifiés, comme le logement, la santé, l'éducation ou l'écologie. »

Un autre député RN influent, plus tranché, juge que le groupe doit être « irréprochable » sur le fond.

« Vu notre procès en incompétence, on n'a pas droit à l'erreur, il faut qu'on fasse gaffe, poursuit cet élu. On a fait monter des gens, comme Alexandra Masson ou Kévin Mauvieux... Mais, oui, il faut se spécialiser. C'est une demande de Jordan et Marine. Elle veut ses secrétaires d'État ! »

Fibre sociale lepéniste

Des noms circulent déjà depuis un petit moment. Roger Chudeau à l'éducation, Aurélien Lopez-Liguori au numérique, Frédéric Falcon au logement... Avoir une étiquette est une chose, prouver sa compétence en est une autre. Et hormis la niche, ces parlementaires n'ont pas trente-six occasions de le faire. Il y a bien les débats autour des projets de loi, mais c'est l'exécutif qui en maîtrise le calendrier. « Je fais beaucoup d'auditions », complète pour sa part l'ex-LR Kévin Mauvieux, qui veut s'affirmer sur les sujets de dette souveraine. Il nous résume sa ligne directrice :

« Coller à ce que veulent les citoyens. »

Si c'était si simple... Lors de l'examen du texte gouvernemental sur le plein-emploi, qui prévoit de lier le versement du RSA à 15 heures d'activité hebdomadaires, le RN a été saisi de contradictions internes. D'un côté la fibre sociale lepéniste, qui a séduit une partie de l'électorat de gauche, de l'autre le substrat droitier de l'électorat frontiste, franchement hostile à l'assistanat. Résultat : un vote contre.

« C'est un équilibre difficile à trouver », reconnaît un poids lourd du groupe au Palais-Bourbon, avant d'ironiser : « C'est du "en même temps" ! »

Coup de bol, dans quelques mois, le projet de loi de Gérald Darmanin sur l'immigration permettra au RN de se replier sur ses fondamentaux. Sur les sujets moins clivants, à défaut de se démarquer, il tente de monter en gamme. Quitte à verser dans un certain conformisme.

Commentaires 2
à écrit le 08/10/2023 à 16:25
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Je pense qu'ils sont incompétents et 4 ans ne suffira pas pour changer cela....

à écrit le 08/10/2023 à 10:32
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Où la quête éternelle de l'argent public, tout ce que nos politiciens savent faire pour faire grossir leurs réseaux car n'étant plus que les larbins des marchés financiers puisque d'une faiblesse sans commune mesure.

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