Remaniement : Le Maire, Darmanin, Séjourné, Dati... une partie du gouvernement dévoilée

Par latribune.fr  |   |  1183  mots
Nommé ce mardi par le président Emmanuel Macron, Gabriel Attal est désormais le plus jeune Premier ministre de la Ve République. (Crédits : STEPHANIE LECOCQ)
Les premiers noms de la nouvelle équipe gouvernementale ont été dévoilés. Des poids lourds du précédent gouvernement restent en poste comme Bruno Le Maire à Bercy ou Gérald Darmanin à l'Intérieur. Rachida Dati va à la Culture, une surprise. Catherine Vautrin prend la tête du ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités et Stéphane Séjourné, un macroniste de la première heure, devient ministre des Affaires étrangères.

Le nouveau - et désormais plus jeune Premier ministre de la Ve République - Gabriel Attal voulait aller vite et c'est chose faite. Ce jeudi en début de soirée, les premiers membres de son gouvernement ont ainsi été présentés. Objectif, une équipe resserrée afin d'impulser un nouvel élan au second quinquennat d'Emmanuel Macron, placé sous le signe du « réarmement » et de la « régénération ».

Le président et le Premier ministre ont par ailleurs décidé d'annoncer la composition de gouvernement en deux temps, avec une première vague de nomination de ministres aujourd'hui et une autre de ministre délégués ou de secrétaires d'Etat, à priori dévoilée demain. Par ailleurs, un premier conseil des ministres se tiendra ce vendredi matin à 11h00.

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Les ministères régaliens gardent leur ministre

La nouvelle équipe gouvernementale est pour le moment composée de quinze membres, dont huit hommes et sept femmes. Quatre d'entre eux font leur entrée au gouvernement et beaucoup sont issus des rangs de la droite.

Comme il le souhaitait à l'origine, Bruno Le Maire reste donc à Bercy, tandis que Gérald Darmanin garde l'Intérieur. Sébastien Lecornu reste à la tête du ministère des Armées et Eric Dupond-Moretti à celui de la Justice. Par ailleurs, Prisca Thevenot, jusqu'alors secrétaire d'Etat à la Jeunesse, devient porte-parole du gouvernement.

Jusque-là député et patron du groupe Renew (centre) au Parlement européen, Stéphane Séjourné est nommé ministre de l'Europe et des Affaires étrangères en remplacement de Catherine Colonna. Catherine Vautrin prend la tête du ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités. Christophe Béchu conserve le portefeuille de la Transition écologique.

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Tandis qu'Amélie Oudéa-Castéra est propulsée dans un ministère élargi couvrant l'Education nationale, la Jeunesse et les Sports, et les JO. La députée Marie Lebec s'occupera des Relations avec le Parlement en tant que ministre déléguée. Sylvie Retailleau reste quant à elle ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Même chose pour Marc Fesneau qui est renommé ministre de l'Agriculture et de la souveraineté alimentaire. Enfin, déjà présente dans la précédente équipe, Aurore Bergé est nommée ministre déléguée à l'Égalité hommes/femmes et à la lutte contre les discriminations.

Des poids lourds du précédent gouvernement comme Agnès Pannier-Runacher à la Transition énergétique, ou des macronistes de la première heure, comme Clément Beaune qui gérait les transports, n'ont pas été cités ce soir dans la composition du gouvernement. Idem pour Roland Lescure à l'Industrie et Patrice Vergriete au Logement.

Rachida Dati nommée au ministère de la Culture, une surprise

Beaucoup moins attendue, une autre nomination a été dévoilée un peu plus tôt dans la soirée, et confirmée après par Alexis Kohler : celle de Rachida Dati comme ministre de la Culture. L'ancienne ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy et maire LR du VIIe arrondissement de Paris a annoncé sa nouvelle fonction ce soir aux élus LR parisiens, selon l'AFP, auprès de plusieurs maires d'arrondissement.

La rivale de la maire PS Anne Hidalgo entend toutefois rester présidente du principal groupe d'opposition au Conseil de Paris, avec « l'objectif de gagner Paris » lors des élections municipales en 2026, selon plusieurs de ces sources. Dans la foulée de sa nomination, le président des Républicains Eric Ciotti a annoncé ce jeudi soir l'exclusion du parti de Rachida Dati, estimant qu'elle s'est ainsi « placée en dehors » de sa « famille politique ».

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Des tractations qui ont commencé dès mardi soir

Dès mardi soir, des tractations ont commencé, avec à la manœuvre le nouveau Premier ministre, son directeur de cabinet Emmanuel Moulin, le très influent secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler, ainsi que le président, Emmanuel Macron. Selon l'entourage présidentiel, interrogé par l'AFP, Emmanuel Macron et Gabriel Attal avaient « la volonté d'aller vite sachant que l'exercice est par définition imprévisible ».

Dans un premier temps, Gabriel Attal avait commencé à composer son cabinet, avec à sa tête, Emmanuel Moulin. Jusque-là directeur général du Trésor, celui-ci est aussi un très proche du ministre des Finances, Bruno Le Maire, et du secrétaire général de l'Élysée. Le Premier ministre l'a donc bien connu à Bercy lorsqu'il était ministre des Comptes publics.

Deux personnalités de sa garde rapprochée, Fanny Anor et Maxime Cordier, ont en outre été nommés jeudi au Journal officiel, respectivement directrice adjointe de cabinet et conseiller spécial. En attendant que le soient d'autres fidèles, dont son conseiller communication, Louis Jublin.

Tourbillon de rumeurs

Dans ce tourbillon, la machine aux rumeurs et aux conjectures s'est rapidement mise en branle. Ministres de poids depuis 2017, Gérald Darmanin et Bruno Le Maire, avaient affirmé être assurés de conserver leur poste, mettant en avant la relation directe qu'ils entretiennent avec le chef de l'Etat.

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Un cadre du camp ministériel avait aussi évoqué les départs possibles du porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, ce qui est donc acté. Le ministre des Transports, Clément Beaune était aussi sur la sellette. Ce dernier avait notamment admis son malaise face à la loi sur l'immigration, indisposant le président de la République. Plusieurs ministres de l'aile gauche de la macronie avaient exprimé à des degrés divers leur désaccord face au virage à droite opéré à l'occasion du vote de ce texte. La question de leur maintien au sein du gouvernement était au cœur des discussions.

Des dents qui grincent suite à la nomination d'Attal

La nomination de celui qui fait partie des personnalités politiques préférées des Français, a fait grincer quelques dents au sein du gouvernement sortant, notamment chez ceux qui ambitionnent de succéder à Emmanuel Macron et observent avec inquiétude la fulgurante ascension de Gabriel Attal.

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Quoiqu'il en soit, le nouveau chef de l'exécutif est chargé de redonner « audace » et « mouvement » à un quinquennat à la peine, avec les mêmes difficultés et défis que sa prédécesseure Elisabeth Borne : l'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale, avec une macronie fracturée par la loi immigration, la réduction de la charge de la dette française, la bataille du plein emploi, les prochaines élections européennes en juin, la réforme du collège et du concours des enseignants, les négociations salariales dans la fonction publique, la pénurie des professionnelles de santé à l'hôpital, ou encore la nouvelle loi sur la fin de vie.

(Avec AFP)