Il en avait déjà fait une des priorités de son premier mandat, ce sera le fil rouge du second si Emmanuel Macron est réélu. "Travailler plus" est son credo. Le candidat l'a redit longuement cet après-midi en meeting devant ses militants à l'Arena Défense. "
Travailler jusqu'à 65 ans, seule solution pour préserver le modèle social
Travailler plus, "c'est d'abord travailler plus longtemps car nous vivons plus vieux". Et de justifier ainsi une des mesures phares de son programme 2022 : porter l'âge légal de départ à la retraite à 65 ans. "J'assume de le dire", a assuré Emmanuel Macron. "Ne croyez pas ceux qui vous expliquent qu'ils feront la retraite à 60 ans ou 62 ans, et que tout ira bien, ce n'est pas vrai", a-t-il encore dit Emmanuel Macron, comme une pique à ses adversaires, Jean-Luc Mélenchon pour la France Insoumise ou Marine Le Pen pour le Rassemblement national. Exit le système universel par points que le candidat Macron vantait en 2022, cette fois la proposition repose sur un classique changement de curseur paramétrique, qui permet de faire entrer rapidement de l'argent dans les caisses. Aujourd'hui, le système de retraite est déficitaire de 10 milliards d'euros par an.
Aussi, décaler de 62 à 65 ans, l'âge de départ pour les salariés du secteur privé est la seule solution, selon lui, "pour maintenir le niveau des pensions, mais aussi pour améliorer les pensions, ou encore financer nos progrès".
Conscient que cette proposition est clivante et est loin de faire l'unanimité, Emmanuel Macron précise toutefois que ce report de l'âge se fera de "manière concertée et visible". Serait-ce suffisant pour faire passer la pilule ? Rien n'est moins sûr alors que les syndicats de salariés ont déjà tous fait savoir qu'ils étaient contre.
Emmanuel Macron promet aussi de mieux prendre en compte la pénibilité des métiers. De quoi crisper le patronat, qui s'est longtemps opposé à la reconnaissance de critères en la matière.
Enfin, en échange de cet allongement de la durée de travail, Emmanuel Macron promet un minimum de retraite porté à 1100 euros.
Une prime défiscalisée portée à 6000 euros
Outre la retraite à 65 ans, mesure empruntée à la droite de Valérie Pecresse, candidate des LR, Emmanuel Macron veut aussi inciter les Français à travailler plus. Pour cela il propose une prime défiscalisée portée à 6 000 euros - sous condition d'un contrat d'intéressement -, soit trois fois le plafond de la prime exceptionnelle de pouvoir d'achat dite "prime Macron " qu'il a mise en place pendant ce premier quinquennat, au plus fort de la crise des Gilets jaunes .
Autre mesure, qu'il a très peu détaillée, la poursuite de la réforme l'Assurance chômage. Lors de sa conférence de presse, du 17 mars, il avait avancé cependant l'idée de créer un guichet unique pour les demandeurs d'emploi rebaptisé "France travail".
Viser le plein emploi
L' objectif de son quinquennat sera d'atteindre le plein-emploi. "Pour la première fois depuis les années 70, notre pays pourra atteindre dans les années qui viennent le plein-emploi", a t il assuré. Aujourd'hui, avec un taux de chômage en dessous des 8 % - 15,9% pour les jeunes, du jamais vu depuis 30 ans- , il lui semble que cette ambition soit atteignable.
Pour justifier cet ensemble de mesures libérales, classées à droite, Emmanuel Macron se réfère à un acquis chers aux électeurs de gauche, la préservation du modèle social français : "Avoir une France qui travaille davantage, qui produit, qui crée de la richesse, qui protège " est la seule solution pour conserver ce modèle social. "Il n'y a pas d''Etat social, d'Etat providence s'il n'y a d'Etat fort", a-t-il lancé comme un slogan.
Et cet état providence, Emmanuel Macron y a fait longuement référence au début de son discours-fleuve , évoquant le travail des fonctionnaires - enseignants, soignants, magistrats ..- pour lesquels il a demandé à la foule d'applaudir en guise de remerciements.
Lors de ce meeting où étaient réunies entre 20 000 et 30 000 supporters, Emmanuel Macron a ainsi, renoué avec son "en même temps". Avec d'une part, la mise avant de mesures sociales, comme rehausser le montant de la retraite minimale ou encore mettre en place "la solidarité à la source" c'est à dire organiser le versement automatiquement des minima sociaux, sans que le bénéficiaire soit obligé d'en faire la demande- et d'autre part, des propositions marquées à droite comme l'allégement de l'âge de départ, la volonté de demander aux allocataires du RSA de se former ou de travailler 15 à 20 heures par semaine etc ...
Reste à savoir si en 2022, après cinq années d'un quinquennat marqué par un long conflit autour de la réforme des retraites, la crise des gilets jaunes, la pandémie ou encore la guerre en Ukraine, les électeurs seront sensibles à ce genre d'arguments.