Depuis minuit, le Royaume-Uni a quitté l'Union européenne

Après 48 années de vie commune, le divorce est effectif entre Londres et Bruxelles. Le Royaume Uni n'a plus accès au marché unique européen et les frontières sont rétablies.
Décrit par ses partisans comme le début d'une nouvelle ère pour une Grande-Bretagne à l'indépendance retrouvée et tournée vers le monde, le divorce avec l'UE a distendu les liens entre l'Angleterre, le Pays de Galles, l'Ecosse et l'Irlande du Nord - un marché économique de quelque 2.200 milliards de livres sterling.
Décrit par ses partisans comme le début d'une nouvelle ère pour une Grande-Bretagne à l'indépendance retrouvée et tournée vers le monde, le divorce avec l'UE a distendu les liens entre l'Angleterre, le Pays de Galles, l'Ecosse et l'Irlande du Nord - un marché économique de quelque 2.200 milliards de livres sterling. (Crédits : Reuters)

Le Royaume-Uni a quitté de manière effective l'Union européenne (UE) jeudi soir, tournant le dos à 48 ans d'une vie communautaire tumultueuse, pour se diriger vers un avenir post-Brexit incertain dans ce qui constitue son plus important virage géopolitique depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Le Brexit s'est produit de manière effective jeudi à 23h00 GMT, onze mois après que le Royaume-Uni a formellement quitté l'UE le 31 janvier dernier, date à laquelle s'était ouverte une période de transition pendant laquelle il était resté intégré au marché unique et soumis aux normes communautaires.

Véritable feuilleton

Pendant près de cinq ans, les rebondissements frénétiques liés au feuilleton du Brexit ont rythmé les affaires européennes, hanté les marchés et terni la réputation du Royaume-Uni en tant que pilier de la stabilité économique et politique de l'Occident.

Finalement, l'un des événements les plus importants de l'histoire du Vieux Continent depuis la chute de l'Union soviétique en 1991 s'est déroulé sans fanfare: le Royaume-Uni s'en est allé dans un relatif silence, dans un contexte de mesures sanitaires strictes face à l'épidémie de coronavirus.

Décrit par ses partisans comme le début d'une nouvelle ère pour une Grande-Bretagne à l'indépendance retrouvée et tournée vers le monde, le divorce avec l'UE a distendu les liens entre l'Angleterre, le Pays de Galles, l'Ecosse et l'Irlande du Nord - un marché économique de quelque 2.200 milliards de livres sterling.

"C'est un moment incroyable pour ce pays", a déclaré le Premier ministre britannique Boris Johnson lors de ses vœux du réveillon. "Nous avons en mains notre liberté et il nous appartient d'en tirer le meilleur", a ajouté celui qui fût en 2016 l'une des figures de proue des "Brexiters".

Investir dans les infrastructures, l'éducation et la technologie

Boris Johnson, âgé de 56 ans, a assuré à l'UE que le Royaume-Uni resterait la "civilisation européenne par excellence". Le dirigeant conservateur a toutefois livré peu de détails sur ce qu'il compte bâtir grâce à la nouvelle "indépendance" britannique, sur fond de lourd endettement pour faire face à la crise sanitaire.

Dans une tribune au Telegraph publiée jeudi, Boris Johnson a déclaré que l'Etat devra investir dans les infrastructures, l'éducation et la technologie. "Nous devrons parfois légiférer de manière différente ou meilleure, et cela pourrait signifier de profiter des libertés du Brexit", a-t-il écrit.

En juin 2016, quelque 17,4 millions d'électeurs britanniques s'étaient prononcés en faveur de la sortie de l'Union européenne, soit 52% des suffrages exprimés, et 16,1 millions s'y étaient opposés. Peu d'entre eux ont changé d'avis depuis. L'Angleterre et le Pays de Galles étaient majoritairement favorables au Brexit, mais pas l'Ecosse ni l'Irlande du Nord.

Le référendum a mis en exergue des divisions au Royaume-Uni allant bien au-delà de la question européenne. Il a alimenté les interrogations sur un large spectre de thèmes, qu'il s'agisse de sécession, d'immigration, de capitalisme ou de l'essence même de l'identité britannique moderne.

Quitter l'UE fut jadis le rêve d'une bande hétéroclite d'eurosceptiques en marge de la politique britannique. C'est en tant que "malade de l'Europe" que le Royaume-Uni a rejoint le bloc en 1973 et les dirigeants britanniques débattaient deux décennies plus tard d'une éventuelle entrée dans la zone euro.

Mais les tourments de la crise de la zone euro, les craintes d'une immigration massive au Royaume-Uni et le mécontentement des Britanniques à l'égard du pouvoir à Londres ont aidé les "Brexiters" à remporter le référendum avec un message patriotique d'espoir, bien que vague.

"Nous voyons pour nous un avenir mondial", a dit Boris Johnson, arrivé au pouvoir à l'été 2019, qui est parvenu contre toute attente à décrocher un accord de divorce puis un accord commercial post-Brexit avec Bruxelles, tout en obtenant entre-temps la plus importante majorité parlementaire du Parti conservateur depuis Margaret Thatcher.

Des perturbations aux frontières

Le Brexit, aux yeux de ses partisans, est une échappatoire à un projet européen dominé par l'Allemagne qu'ils jugent voué à l'échec car à la traîne face aux deux plus grandes puissances mondiales, les Etats-Unis et la Chine.

Les opposants au divorce avec l'UE y voient une sottise qui va affaiblir l'Occident, torpiller ce qui reste de l'influence du Royaume-Uni sur la scène internationale, nuire à l'économie britannique et, finalement, appauvrir la population et la rendre moins cosmopolite.

Quand l'horloge de Big Ben a retenti de onze coups à 23h00, l'émotion était peu perceptible à Londres, récemment placée en confinement face à l'apparition d'un variant plus contagieux du coronavirus et la hausse des nouvelles infections.

Malgré l'accord commercial post-Brexit scellé la semaine dernière entre Bruxelles et Londres, la sortie du Royaume-Uni du marché unique et de l'union douanière devrait entraîner des perturbations aux frontières pour les transferts de marchandises.

Après des décennies de vie commune, le divorce va provoquer un large éventail de changements, allant des passeports pour les animaux, aux normes pour le permis de conduire des Britanniques présents dans l'UE, en passant par la réglementation sur les données privées.

Vers une indépendance de l'Ecosse?

En marge du feuilleton du Brexit, l'opinion publique en Ecosse s'est avérée de plus en plus favorable à l'indépendance du pays, à cause du divorce avec l'UE et de la crise sanitaire du coronavirus, jetant une ombre sur 300 ans d'union politique entre l'Angleterre et l'Ecosse.

La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a déclaré par le passé qu'un référendum sur l'indépendance devrait avoir lieu lors des premiers mois de la future législature l'an prochain.

"L'Ecosse reviendra bientôt", a-t-elle dit sur Twitter jeudi à 23h00 GMT, s'adressant à l'UE. "Laissez la lumière allumée", a ajouté la dirigeante écossaise.

Commentaires 17
à écrit le 03/01/2021 à 9:19
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Et tout va bien, où les européistes des gens dévorés par leur pathologique peur. Vous faites peine à voir, quelle décadence.

à écrit le 02/01/2021 à 13:52
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On respire enfin....

à écrit le 02/01/2021 à 0:53
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Horreur ! Alors que les médias et la secte européiste ont affirmé depuis 5 ans aux Français que la sortie du🇬🇧 de l'🇪🇺 provoquerait Apocalypse et chaos, on découvre que le trafic transmanche se passe comme sur des roulettes en ce 1er jour post-Brexi...

le 02/01/2021 à 12:51
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Et quand dans quelques mois on va découvrir que le royaume uni va mieux après ce brexit ça va plonger l'Europe dans le cahot. Mais bon les anglais sont les seul a pas avoir été trop bête pour accepter l'euro ce qui facilite l'indépendance et le brexi...

à écrit le 01/01/2021 à 19:57
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François Asselineau : Premier Commentaire de Nigel Farage post- BREXIT « Il y a 25 ans, ils riaient tous de moi. Eh bien aujourd'hui ils ne rient plus. C'est un moment de l'histoire britannique, n'en doutez pas. Cela s'est produit uniquement pa...

le 01/01/2021 à 21:40
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Farage, l’homme de l’année avec le duo improbable de la Reine Elizabeth qui a obligé de mettre fin au petit jeu de David Cameron. Sa gouaille et sa réplique ont été terribles pour Martin Schultz et Barrosso! Qu’est-ce qu’ils en ont bouffé! Et cauc...

à écrit le 01/01/2021 à 15:27
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Bon vent ! Je regrette que l EU ait fait autant de concessions. Seul un brexit dur avait du sens...ils ne sentiront même pas la différence. Les européens dont des niais.

le 01/01/2021 à 18:38
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Vous regrettez quoi ? Que lue ai fait des concessions 😂😂😂 mais lue c'est complètement bidon, vous n'avez toujours pas compris ? Un projet bidon qui n'existe que pour endetter et réglementer, ne vous inquiétez pas, votre rêve d'un modèle à la chinoise...

le 01/01/2021 à 19:30
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Il faudrait en parler aux entreprises françaises qui exportent vers le Royaume-Uni... Le commerce fonctionne dans les deux sens. Il faudrait en parler aussi aux pécheurs français qui pêchaient dans les eaux britanniques sans trop de contraintes.

à écrit le 01/01/2021 à 15:15
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Bravo à ce peuple dont les dirigeants ont respecté le résultat des urnes .Nous avons été trahi par Nicolas Sarkozy, que les français ne l'oublient jamais.

le 01/01/2021 à 18:33
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Bravo c'est exactement ça

à écrit le 01/01/2021 à 15:01
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La anglais s'en sortiront toujours, ils l'ont assez prouvé au cours de leur Histoire. Entre les aides européennes et la maîtrise de leur destin, ils ont fait le meilleur choix. C'est que la liberté n'a pas de prix.

le 01/01/2021 à 19:35
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Les "aides européennes" ? Fake news ! Le Royaume-Uni donne beaucoup plus qu'elle ne reçoit. Qui aide qui ? C'est un contributeur net. Le R-U est la deuxième puissance économique européenne, après... l'Allemagne. La première conséquence du Brexit est ...

le 02/01/2021 à 15:12
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@Art Si ce que vous dites est vrai alors les anglais ont eu mille fois raison de se faire la malle. En d'autres termes ils partent gagnants sur toute la ligne.

à écrit le 01/01/2021 à 14:29
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48 ans, c'est un bon âge pour divorcer...et risquer de finir seul. Le RU va devoir s'inscrire sur un site de rencontre pour trouver des partenaires. Des désillusions successives seront bien souvent au niveau des attentes !

à écrit le 01/01/2021 à 14:07
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He bien ! Souhaitons bonne année et bon vent aux Britanniques qui viennent de reprendre leur souveraineté et leur destin en mains. Peut-être échapperont ils à l'instauration de la dictature, contrairement à ce qui se passe chez leur voisin français ...

à écrit le 01/01/2021 à 14:03
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Omer (Simpson) m'a tué !

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